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1965
1906
ARMÉNIE. CROYANCE ET DISCIPLINE


La partie usuelle de l’office est contenue dans le Jamarkik ou Livre des heures, analogue à r<ôpo), ôyiov grec et, d’une certaine façon, à notre diurnal ; on y trouve les psaumes, les oraisons, les formules qui se récitent tous les jours, à l’exception des chants et des hymnes. On distingue le Jamarkik ordinaire et le grand Jamarkik ; celui-ci est d’un format plus grand que le premier et contient quelques chants de plus, lesquels se chantent à la messe du haut des gradins qui s'élèvent à côté » de l’autel. Comme ces gradins se nomment adian, le e, rand Jamarkik s’appelle, pour cette raison, Adianijamarkik. Les éditions de ce livre sont excessivement nombreuses ; la première a paru à D.jougha (Joulfa), en Perse, in-4°, 1642. Sur les autres, cf. P. Karékin, op. cit., p. 218-236.

Les cantiques ou hymnes, non compris dans le Jamarkik, sont réunis dans un livre spécial bien connu des Européens, au moins de nom, le Charagan ou Hymnaire. Ce volume contient toutes les pièces chantées de l’office ; mais celles de la messe ne s’y trouvent pas, à moins qu’elles ne soient communes à la messe et à l’office. Les paroles sont accompagnées île notes musicales qui présentent la plus grande analogie avec celles de la musique religieuse des grecs et des Syriens. Les cantiques eux-mêmes sont composés d’après un système de versification semblable à celui des grecs ; le terme même du canon qui sert à les désigner est grec. Il est vrai que le système des grecs provient lui-même d’une imitation des Syriens, et il est difficile, dans l'état actuel de la science, de dire si les Arméniens sont les tributaires immédiats des premiers ou des seconds. Imprimé d’abord à Amsterdam, en 1664, in-8°, sous le nom moderne de Charagnolz, ce livre comple une foule d'éditions, dont la dernière a paru à Constantinople en 1877. En dehors de l'édition ordinaire, il en existe une autre en grand format, contenant les pièces destinées à être chaulées du haut de Vadian et appelée, pour ce motif, Adianicharagan. Cf. P. Karékin, op. cit., p. 502-516. On doit à F. Nève une étude sur ce livre et la traduction de ses plus beaux morceaux. L’Arménie chrétienne et su littérature, in-8°, Louvain, 1886, p. 46-247. Les mékitaristes de Venise ont publié en un volume spécial le texte et la traduction des hymnes en l’honneur de la sainte Vierge, I. nulles et hymni ad SS. Mariai virginis honore » ) ex I rmenorum breviario excerpla, in- 4°, Venise, 1857. Une traduction russe complète du charagan a été publiée par .1.-1 !. Emin, Recueil des canons et des hymnes religieux de l'Église arménienne orientale, in-8°, Moscou, 1871). Enfin le P. Gabriel Avédikian a écrit sur ce livre un volumineux commentaire, Explication des hymnes eu usage dans les offices de l'Église arménienne, in- î", Venise, 1814, Certaines expressions d’une orthodoxie douteuse oui été justifiées par le même auteur dans son œuvre posthume, Sulle correzioni faite ai libri eccletiastici armeni nell' anno iOll, in-8°, Venise, 1868, p. 119-261.

On conçoit fort bien qu’une telle abondance de lirende malaisée la récitation privée de l’office. Les mékitaristes de Venise ont voulu obvier à cet inconnt en réunissant dans un même volume semblable à notre bréviaire toutes les pièces éparpillées dans les livres que je viens d'énuinérer. Ce volume s’appelle Jamagarkoutioun, c’est-à-dire mise en ordre des heures, entendez de l’office. On trouve, dans une première partie toute la partie commune du Jamakirk ; viennent ite, dans une seconde partie, toutes les pièces propres, hymnes, chants, épltres, évangiles, prières diverses, pour tons les ofliecs de l’année. Une première tentative de ci <ii été faite en 1842 par les mékitaristes

de ienne, mais avec les textes cori igés, au xvii< siècle, par Parsek. Dans leur édition, parue en 1889, 1rs éditeurs vénitiens onl partout rétabli le texte primitif. (X l'. Karékin, p. 237. Cette restitution, bien qu’approuvée

par le patriarche Azarian et même par la S. C. de la Propagande, a été fort mal accueillie par une partie du clergé catholique ; au lieu de profiter de la facilité que donne la nouvelle édition, on préfère murmurer contre les éditeurs et… se dispenser de l’office.

Reste un dernier livre, le Machdotz, véritable manuel du prêtre dans l’exercice de son ministère ; c’est le pendant de notre rituel. Le terme de Machdotz est le surnom donné à Mesrob, l’inventeur de l’alphabet ; s’il sert en même temps à désigner le rituel, c’est que la compilation de ce dernier appartiendrait à Mesrob. Ainsi, du moins, l’affirment beaucoup d’Arméniens ; mais cette assertion est insoutenable, car le Machdotz est un agrégat d'éléments de toute provenance et de tout âge. Certains auteurs l’attribuent au patriarche Machdotz, qui vivait au ixe siècle. Cf. G. Avédikian, Sulle correzioni, etc., p. 6. Quoi qu’il en soit, le Machdotz, dans son état actuel, contient : 1° le rituel des sacrements, baptême et confirmation, fiançailles et mariage, confession, prières auprès des malades, viatique, extrême-onction, prière des agonisants ; 2° le rituel des funérailles pour les laïques en général, pour les enfants, pour les religieux, pour les prêtres et les évéques : 3° le cérémonial des visites à faire au cimetière, les 2 1 -', 8e, 15°, 40e jours après la mort et à l’anniversaire ; 4° les divers cantiques et prières pour les morts, disposés d’après les huit modes musicaux ; 5° la bénédiction des maisons à l’Epiphanie et à Pâques et dans leurs octaves ; 6° bénédictions diverses : croix et tableaux à mettre dans l'église, calice et patène, vêlements sacrés et nappes d’autel, portes de l'église, cloches, livres liturgiques, encens, eau bénite (avec une relique de la vraie croix que l’on plonge dans l’eau), repas funèbre du 8e jour après la mort (okiaukis), agneau pascal, poules et poulets, sel, plantes, moisson, aires, prières pour la pluie et contre les tempêtes, bénédiction des puits, absolution publique des parjures, bénédiction solennelle des raisins le jour de l’Assomption après la messe, des vierges et des veuves qui se vouent à la vie religieuse dans le monde. Après cette partie commune aux grégoriens et aux catholiques, le rituel catholique, in-8°, Venise, 1831, 181O, etc. en contient une seconde renfermant certaines cérémonies empruntées aux latins, mais très aimées du peuple. Telles sont la bénédiction de l’eau, l’indulgence de la bonne mort, la bénédiction des cierges (2 février), des cendres, des rameaux, du chapelet, du scapulaire du Carmel, du lait et du miel, du fromage et des œufs, du pain i I des fruits. Enfin, au lieu de laisser en appendice cette partie supplémentaire, Mo r Hassoun en a fait entrer les éléments dans le corps même du rituel imprimé par ses soins en 1880, in-8°, Vienne ; il a aussi considérablement réduit le rituel des cérémonies propres aux Arméniens, à la joie des uns et au scandale des autres. Cf. P. Karékin, op. cit., p. 400-403.

XIII. Office divin et messe. — Les Arméniens ont une distribution des heures canoniales analogue à celle des grées ; leur office comprend neuf parties : le nocturne, l.'s matines le lever du soleil (prime), tierce, sexie, noue, vêpres, l’entrée de la nuit (complies) et le repos (prière à dire avant le coucher). Les deux dernières se disent toujours en particulier ; prime et compiles (lever du soleil et entrée de la nuit) se suppriment

tous les samedis et à tontes les fêtes dites g dominicales D, dont on a vu plus haut rémunération ; en revanche, les premières vêpres de ces fêtes dominicales sont toujours solennelles, c’est-à-dire chaulées avec assistance du diacre et encensement.

Matin et soir, l’office se récite publiquement à l'église, du moins chez les grégoriens ; les catholiques ont lais>é> tomber cet usage, qu’ils n’onl remplacé par rien, pas même par la récitation privée de l’office. Leur principe est qu’un prêtre qui n’assiste pas à la récitation publique d< l’offici n I pa ! tenu il y suppléer en récitant ce