Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée
1957
1958
ARMÉNIE. CROYANCE ET DISCIPLINE


sacrement était encore en usage. On continue pourtant à en imprimer le rituel, Lien que, en certaines éditions, on l’ait déjà supprimé. La cause de cette disparition n’est pas facile à connaître, mais on peut indiquer diverses circonstances atténuantes. Le rituel, importé, semble-t-il, des pays grecs, exige sept prêtres, condition difficile à remplir, surtout dans les campagnes ; la rareté excessive de l’huile d’olive dans l’Arménie du nord a sans doute eu aussi sa part d’influence ; enfin, certains auteurs arméniens ont malencontreusement assimilé les deux sacrements de pénitence et d’extrêmeonction, en ce sens que la réception de celle-ci équivalait à leurs yeux à la confession. Pour sauvegarder l’usage de la confession menacée de disparaître, on aura sacrifié l’extrème-onction. Quoi qu’il en soit de ces motifs, il n’est que trop vrai que les non-catholiques n’usent plus de l’extrême-onction. La bénédiction du beurre suivie de l’onction sur les personnes présentes qui a lieu le jeudi-saint, et cette autre onction qui se fait sur les cadavres des prêtres défunts peuvent bien être regardées comme des vestiges du sacrement disparu ; mais ce sont de simples sacramentaux, non des sacrements. On se sert chez les catholiques des prières du rituel romain.

Cf. Galano, t. cit., p. 631-649 ; Serpos, t. cit., p. 303-356 ; Denzinger, t. i, p. 184-190, passim, et pour le rituel autrefois en vigueur, t. it, p. 519-525 ; Issaverdens, p. 60-63.

G Ordre. — De toutes les Églises d’Orient, c’est celle d’Arménie qui se rapproche le plus de l'Église latine pour le nombre et les degrés des saints ordres ; si grande est la similitude qu’il est permis de tenir pour vraie cette assertion de Grégoire de Césarée écrivant au catholicos Moïse que les Arméniens ont emprunté leurs ordres aux latins. Cf. Galano, t. i, p. 109. Au premier degré d’initiation se trouve la tonsure, ou, comme dit le rituel, la dignité de « chantre et de lecteur » , simple cérémonie préparatoire à la réception des ordres proprement dits. Viennent ensuite les ordres mineurs de portier, de lecteur, d’exorciste, d’acolyte, et les trois ordres majeurs : sous-diaconat, diaconat, prêtrise. Le diaconat comprend les simples diacres et les archidiacres, et la préirise les simples prêtres et les vartapets. Ceux-ci se distinguent à leur tour en mineurs (quatre degrés) et en majeurs (dix degrés) ; leur classe est propre aux Arméniens. Il n’y a au-dessus d’eux que la double dignité d'évêque et de catholicos. Les impositions des mains, les onctions, la tradition des instruments accompagnée d’une formule sont, hormis quelques détails de peu d’importance, analogues à celles du pontifical latin. Les ordres sonteonférés par les seuls évoques, maisla consécration des évéques est réservée de droit au catholicos, et, chez les catholiques, au patriarche. Les cérémonies d’ordination ont lieu le dimanche, et, de préférence, les l « , 4, 7 et 10 du mois. Les ordinands s’acquittent de leurs fonctions respectives pendant plusieurs jours (fi' suite après leur ordination, mais ils peuvent monter d’un degré à un autre sans observer d’interstices réguliers. Le mariage est permis aux clercs inférieurs, même après leur ordination ; à partir du sous-diaconat, il est absolument interdit, m us les sous-diacres, 1rs diacres et les simples prêtres peuvent continuer de vivre avec la femme qu’ils ont épousée avant de recevoir le sous-diaconat. Le célibat absolu n’existe chez le^ non-catholiques que pour les vartapets et les évoques ; chez les catholiques, il est devenu presque général, sans être néanmoins obligatoire : dans l’intérieur de l’Anatolie, les prêtres catholiques mariés sont en assez grand nombre.

Sur les ordrea en général, voir Galano, op. cit., t. I, p. 109-119 ; t. iii, p. 650-708 ; if., p. 370-486 ; Denzinger, op. cit.,

t. i. p. 127 >[., et, pour If rituel, t. u. p. 274 ' i < rden. (. cit., p. 64-112. ( tuteura donné du rituel des i

tions jusqu'à la prêtrise inclusivement une traduction un

dans The armenian ritual. Part III. The ordinal, in-16,

Venise, 1875.

Mariage.

Aux yeux des Arméniens, le mariage

consiste essentiellement dans le contrat intervenant entre les deux conjoints ; la bénédiction du prêtre en est la consécration officielle, et non l’indispensable condition. Les empêchements s'étendent, pour la consanguinité, jusqu’au septième degré, et pour l’affinité, jusqu 'au quatrième ; on compte les degrés comme dans notre droit canonique. Le mariage est regardé comme indissoluble ; toutefois, l’adultère de la femme donne droit au mari lésé de convoler à d’autres noces. Il n’est pas rare de voir le divorce se produire pour des motifs moins graves. Les fiançailles ont lieu dans la maison de la fiancée, mais le mariage se célèbre à l'église, en présence du curé ou d’un prêtre délégué par lui ou par l'évêque ; le rite en est assez semblable à celui des grecs. C’est toujours à la messe que s’accomplit la cérémonie, ou, comme on dit, le « couronnement » , de préférence le lundi. Les jours déjeune et d’abstinence et les fêtes dites « dominicales » sont des époques prohibées. Voir plus bas la détermination de ces fêtes, qui embrassent une grande partie de l’année. Les secondes noces, sans être interdites, exigent une dispense de l'évêque : elles se célèbrent sans solennité, le plus souvent à la maison. Quant aux troisièmes noces et au delà, on les tient pour invalides.

Galano, t. iii, p. 709-771 ; Serpos, t. iii, p. 163-174, 198-232 ; Denzinger, t. i. p. 150-183, passim, et, pour le rituel, t. il, p. 4ôu482 ; Issaverdens, op. cit., p. 113-121.

VIII. Calendrier liturgique.

Il me reste à exposer en peu de mots les divers points de la liturgie arménienne qui, après les sacrements, intéressent plus ou moins directement la controverse théologique, tels que fêtes, jeûnes, culte des saints et de leurs reliques, messe et office divin, livres liturgiques, etc. Je ne signalerai, bien entendu, que le principal ; les détails m’entraîneraient hors des limites de ce Dictionnaire. Voici d’abord sur le calendrier quelques notions indispensables à l’intelligence de l’héortologie et des jeûnes.

Je n’ai pas à m’occuper ici du calendrier civil ou national des Arméniens ; mais comme la plupart de leurs fêtes sont mobiles, il est indispensable de donner une notion sommaire de leur calendrier liturgique. Là, comme partout ailleurs, la fête régulatrice de toutes les autres est celle de Pâques. On sait que cette fête tombe nécessairement dans les limites du 22 mars au 25 avril inclusivement. Quel que soit son jour de coïncidence, elle entraîne invariablement dans son évolution, chez les Arméniens, une série de vingt-quatre semaines ainsi distribuées : dix la précèdent, dont trois sont comme une préparation au grand carême (aratchavorot : paregentan) et sept forment le carâme lui-même ; quatorze la suivent, réparties en deux séries de sepl ; la première série embrasse les semaines qui séparent Pâques de la Pentecôte, et la seconde celles qui séparent la Pentecôte de la Transfiguration (vartavar). Soit, au total, un cortège annuel de cent-soixante-huit jours attribués par le calendrier arménien à la fête de Pâques. Entre le dernier et le premier terme du cycle pascal S'étend une longue période, variable elle aussi et di yiséeen sériions, dont l'étendue est déterminée par les incidences respectives des fêtes suivantes : I" l’Assomption, que l’on célèbre le dimanche le plu-, rapproché du

lô août, c’est-à-dire le dimanche tombant entre le 12 et le

ls d mois ; 2 1 l’Exaltation de la Croix, dont on fait

la solennité le dimanche 14 septembre, ou le dimanche le plus voisin de cette date, du II au 17 ; 3° le carnaval ilit de la cinquantaine [Hisnagatz paregentan), qui a lieu le dimanche le plus rapproché du IX novembre entre le 15 et ! < 21 de ce mois ; « Noël ou l’Epiphanie, fête unique invariablement fixée au 6 janvier du