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ARMENIE. CONCILES


sectes indigènes. Il est bon de rappeler à cette place que Jean Otznétzi est le premier compilateur du corpus juris de l'Église arménienne ; tous les canons des Pères et des conciles antérieurs au viiie siècle furent réunis par lui en un seul volume, qu’il déposa aux archives patriarcales, après avoir mis en tête une préface, publier par J.-B. Aucber, Johannis Ozniensis opéra, p. 250253. Giovanni de Serpos parle d’un deuxième concile tenu sous Jean Otznétzi dans la ville de Tvin, en 726, contre les julianites, op. cit., p. 431 ; comme cet auteur ne cite aucun témoignage à l’appui de son dire, il est bien probable que ce concile ne fait qu’un avec celui de 719. Voir pourtant Ter-Mkrttschian, Die Paulikianer, p. 73, qui admet l’existence du concile de 726.

Prés d’un demi-siècle après, se tint vers 770, le synode de Partav, où furent promulgués vingt-quatre canons, dont le dernier a pour objet de fixer ceux des livres de l’Ancien Testament que les Arméniens regardent comme authentiques ; lesautres règlentdiversdétailsdediscipline ecclésiastique. J. Issaverdens en donne le sommaire, Hislory uf tlie armenianChurch, p. 124-127. C’est à lui que j’emprunte la date de 767 ; G. de Serpos, op. cit., p. 432, marque 768. L’une ne vaut peut-être pas mieux que l’autre. On s’accorde à dire que ce synode eut lieu sous Sion Pavonelzi ; or, d’après de récentes recherches, ce .catholicos aurait occupé le siège de l’Illuminateur de 770 à 778. Et comme certains chroniqueurs relatent l’assemblée de Partav sous la première année du pontificat de Sion, on serait sans doute bien près de la vérité en plaçant cette assemblée en 770. Voir dans A. Mai, op. cit., p. 307 sq., la traduction des canons de ce synode.

IV. DU CONCILE DE ClIIRAKAVAN A CELUI DE HROMKLA

(862-1179). — Le concile de Partav est le dernier du vme siècle. Au siècle suivant, nous n’en rencontrons qu’un seul, mais celui-là est d’une importance capitale, je veux parler du synode de Chirakavan, tenu, en 862, sous la présidence du catholicos Zacharie I er Tsakétzi (855-877), le contemporain et le correspondant de Photius. Là, pour la première fois depuis Karin, toute la nation réunie accepta le concile de Chalcédoine, cria anathème aux conciliabules de Tvin et de Manazkert, et condensa sa croyance en quinze canons d’une grande portée théologique. Voir le texte de ces canons dans Galano, op. cit., Rome, 1658, t. ii, p. 124-137 ; dans G. de Serpos, t. il, p. 435-438 ; dans A. Balgy, op. cit., p. 217-219, et le résumé dans J. Issaverdens, op. cit., p. 133-135. Sans être de tout point irréprochables, ces décisions ramenèrent du moins pour un temps la paix entre Grecs et Arméniens et rendirent les perturbateurs syriens moins audacieux. Je dis « pour un temps » , car, un siècle après, le catholicos Vahan (968-969) était déposé par un sjnode d’Ani pour avoir voulu « renouveler l’hérésie de Chalcédoine » . Ter-Mkrttschian, Die Paulikianer, p. 58-59. — Il est vrai qu’un autre synode d’Ani, celui de 1030, présidé par le patriarche des Aghovans, Joseph, déposa le catholicos Dioscore, coupable d’avoir « outragé la mémoire de saint Léon » , le pape de Chalcédoine. Matthieu d'Édesse, trad. Dulaurier, in-8°, Paris, 1858, l™ part., c. xi„ p. (', :  ;  ; cf. Et. Azarian, 2?cctesim armetUB traditio de romani pontifias primatu, inme, 1870, p. il.

Au début du xiie siècle, on oublie momentanément la question du monophysisme pour s’occuper avant tout I' maintenir intacte l’unité hiérarchique, menacée par des divisions intestines. Vers 1114, pies de 2 500 personnes du clergé el iln peuple [unies eu synode condamnant l’anticatholicos David d’Aghtamar et ses adhéI er Mikélian, op. cit., p. 86.

Viennent ensuite les multiples démarches faites sous

Manuel Comnène en vue d’amener uni' réconciliation

les deux I i cque et arménienne. J’en ai

dit plus liant les médioci ! -, qu’il nie sufli-e

ici d’indiquer l' conférenci ou a embléei tenues à

cette occasion : elles forment une des plus intéressantes pages de l’histoire des conciles. La première eut lieu en 1170. Le compte rendu officiel, rédigé par Théorianos, a été publié d’abord par J. Leunclavius, puis, d’une façon beaucoup plus correcte, par A. Mai, Scriptorum vet. nova collectio, t. vi ; P. (t., t. cxxxiii, col. 119-210. La seconde conférence est plus intéressante encore ; on en trouve le procès-verbal, précédé de la correspondance échangée dans l’intervalle, dans Migne, P. <i., t. cxxxiii, col. 211-296. Cf. A. Balgv, op. cit., p. 33-47, 220-285.

Dans la pensée de leurs auleurs, ces conférences n’avaient d’autre but que de préparer les conclusions à soumettre à l’approbation d’un concile général. Ce concile, plusieurs fois ajourné, se tint enfin en 1179àHromkla. L'évêque de Lampron, Nersès, l’ouvrit par un discours très conciliant et tout en faveur de la doclrine des deux natures. Orazione sinodale, édit. P. Aucher, in-8°, Venise, 1812 (arm.-ilal.). Chaque partie présenta ensuite une série de questions ou de griefs que la partie adverse devait expliquer. Nous avons encore ce questionnaire ; il compense dans une certaine mesure la perte des actes mêmes de l’assemblée. Galano, op. cit., 1. 1. p. 331 -315 ; Balgy, op. cit., p. 52, 286-293. Cf. Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. vii, p. 496-498 ; G. de Serpos, t. il, p. 41-2-454 ; Ter-Mikélian, op. cit., p. 104-106.

V. DU CONCILE DE HROMKLA A CELUI DE FLORENCE (1 170 1439). — Avec la fondation de la royauté roupénienne (1196), s’ouvre pour l'Église d’Arménie une ère nouvelle ; les institutions religieuses prennent un grand développement, les conciles se multiplient. Il n’est pas de question d’une certaine gravité dont l’examen ne soit déféré aune assemblée synodale. En 1196, le jour des Rameaux, un concile se tient à Tarse, en présence de plusieurs délégués grecs, et c’est encore Nersès de Lampron qui prononce le discours d’ouverture invitant tous les chrétiens à vivre dans l’unité. Dulaurier, Hist. arm. des croisades, t. i, p. 422-424 ; Ter-Mikélian, p. 109-111. Le but de l’assemblée était de donner au pouvoir du nouveau roi une sorte de consécration religieuse, lui 1204, autre concile convoqué cette fois à Sis, capitale du royaume ; à en juger parles huit canons qui nous en restent, il n’y fut question que de réglementations liturgiques. Voir le sommaire, dans J. Issaverdens, op. cl., p. 176, 177. Mais le grave différend survenu entre 1p patriarche Jean et le légat du saint-siège, Pierre, au sujet de l’extension du patriarcat d’Antioche, n’a pas dû rester étranger aux délibérations de l’assemblée.

De tous les conciles du XIIIe siècle, le plus remarquable est celui de 1243, convoqué à Sis par le catholicos Constantin et le roi Héthoum. Vingt-cinq canons y furent dressés. En voici les principaux : les ordinations doivent être gratuites ; nul, s’il n’a trente ans et un bon témoignage, ne peut être élevé à l'épiscopat ; personne avant l'âge de vingt-cinq ans, et s’il n’en est digne, ne doit être promu au sacerdoce ; les prêtres ne doivent point célébrer la messe sans être à jeun ; il est (lu devoir des cvèques de visiter deux fois par an leur diocèse, et les laïques sont obligés de pourvoir aux besoins de leurs pasteurs j enfin, le sacrement de l’extréme-onction, négligé parfois, doit toujours être conféré aux malades. Constantin publia ces canons dans toute l’Arménie par une encyclique parvenue jusqu'à nous., . Balgy, <>p. cit., p. 294-300. Cf..1. Issaverdens, "/>. cit., p. 180-182.

En 1251, nouveau concile, le Y île Sis. réuni par ordre du pape Innocent IV. à l’effet d’obtenir de Ions les Arméniens la profession explicite de la procession du Saint-Esprit. Le catholicos Constantin écrivit au pape, à l’issue du concile, que les Arméniens admettaient ce dogme, rejeté par les Grecs et les Svnens. Voir le récit il.' Vartan, témoin oculaire, dans A. Balgy, op. cit., p. 07-iis. cf. G.Avedichian, Dissertazione supra ht pro~ one dello Spirito Sanlo <</ Pâtree dal Figliuolo