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    1. ARMENIE##


ARMENIE. HISTOIRE RELIGIEUSE

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naires, Kamieniec et Cherson. Op. cit., t. via, p. 64-68. Ces morcellements successifs ont considérablement réduit l’archevêché de Lemberg ; il ne compte plus aujourd’hui que 4000 fidèles en Galicie, et 1500 en Bukovine. Son clergé comprend, en dehors de l’archevêque et des prélats de sa maison, une vingtaine de prêtres séculiers, distribués entre la cathédrale de Lemberg et les paroisses de Stanislaavov, Brzezany, Tyrmienica, Kutty, Lysiec, Horodynka, Sniatyn, Czerniowce, Suczawa. Missiones catholicæ édit. cit., p. 597.

Il y a, en Transsylvanie, près de 10000 Arméniens venus dans le pays en 1671 et ramenés à l’unité romaine vers la fin du xviie siècle ; privés d’organisation civile et religieuse propre, ils sont soumis aux évêques latins. Leurs efforts, en 1741, pour obtenir un évêque de leur rite se sont heurtés à un refus absolu delà Propagande. Ils ont seulement des paroisses particulières à Élisabethstadt, Gyergyô Szent-Miklos, Szépviz. Même situation en Hongrie, où les Arméniens ont cherché un refuge après la prise de Belgrade par les Turcs, 1521 ; leur centre principal est à Neusatz (lat., Neoplanla ; hongr., Ujvidek).

Sur ces Arméniens de Transsylvanie et de Hongrie, voir N. Nilles, Symbolse ad illustrandam historiam ecclesix orientalis in terris corons ; sancti Stephani, in-8°, Inspruck, 188â, t. ii, p. 915-933 ; G. Gowrick, Les Arméniens à Élisabethstadt en Transsylvanie, 1680-1779, in-8° Vienne, 1893 (arm.) ; du même, La capitale des Arméniens en Transsylvanie ou Arménopolis, in-8°, Vienne, 1896 (arm.). — Sur les Arméniens de Galicie et de Pologne, voir Nelier dans le Kirchenlexikon, t. vii, cl. 1731-1734 ; G. Kalemkiar, Études sur le droit des Arméniens en Pologne, in-8°, Vienne, 1890 (arm.). — Sur ceux de la Bukovine, Dem. Dan, Les Arméniens orientaux en Bukovine, trad. G. Kalemkiar, in-8° Vienne, 1891 (arm.).

XX. Ordres religieux. —

Si l’on excepte la congrégation des frères uniteurs, dont il a été question plus haut, l’histoire ancienne de l’Église d’Arménie ne présente aucun ordre religieux, aucune manifestation de la vie monastique, telle que cette vie a été comprise en Occident ; elle compte beaucoup de monastères, mais peu de moines. Cf. Gli ordini religiosi arment, dans le Bessarione, t. vi, p. 272-294. Aux yeux des Arméniens, tout individu est moine qui garde le célibat en se vouant à la cléricature. Tels sont, chez les Arméniens grégoriens, les varlapets. Astreints au célibat, ils sont chargés du ministère de la prédication, et c’est parmi eux que se recrute l’épiscopat. Ils constituent donc ce que l’on pourrait appeler, comme en Russie, le clergé noir, mais on ne saurait en faire des moines, à moins de regarder comme tels tous les membres du clergé sécui Occident.

Même chez les Arméniens catholiques, l’esprit d’association n’a produit que dans ces derniers temps des instituts religieux analogues à ceux de l’Occident ; encore ces

instituts n’ont-ils j ; is pris de grands développe nts.

Le plus prospère d’entre eux, j’entends celui des mékitaristes de Venise, compte à peine une soixantaine de libres, unis par l’obéissance à un même supérieur rai, soumis à une ré^le commune quand ils se trouvent en communauté, mais gardant beaucoup d’indépendance dans leur activité personnelle et dans l’em ploi de leurs n S’il a nue règle, c’est plus

pour le couvent que pour les individus. Cette restriction .voici les associations religieuses encore existantes chez les Arméniens catholiques.

I Les mékitaristes, fondés en 1701 par l’abbé Mékitar de Sivas à Motion, en Morée, institutions par ticulières modifiées plus tard par ordre du saint-siège, cpii obligi i la nouvelle congrégation à choisir entre les trois i tantes de saint Augustin, de saint Basile

et de saint Benoit. C’est cette dernière que Mékitar ii. Chassé de Morée par l’invasion turque, le fonur chercha un refuge à Venise, où, le 8 septembre 1717, il se fixa dans l’Ile Saint-Lazare, mise à sa dispo sition par la sérénissime république. Le rôle joué par les disciples de Mékitar a été trop considérable pour ne pas être l’objet d’un article spécial dans ce dictionnaire. C’est au nom de Mékitar que l’on trouvera leur histoire ultérieure. Depuis la scission provoquée en 1772-1773 par la conduite du successeur de Mékitar, le P. Etienne Melkonian, la congrégation se compose de deux branches indépendantes l’une de l’autre, mais portant le même nom et travaillant dans le même but :

a) Les mékitaristes de Venise, ayant leur centre principal à l’île Saint-Lazare : c’est là que résident l’abbé général, ses six assistants et une vingtaine de personnes, profès, novices ou postulants. Ils possèdent d’autres établissements à Padoue, Élisabethstadt (Transsylvanie), Constantinople, Kadi-Keuy, Baghtchédjik, sur le golfe d’Ismidt, Mouch, Trébizonde, Karasoubazar, Simphéropol (Crimée). Leur nombre total est d’environ soixante prêtres ; ils ont aussi quelques frères convers.

b) Les mékitaristes de Vienne, établis à Trieste en 1773 et transférés dans la capitale autrichienne en 18(0, possèdent dans cette dernière ville un couvent qui rivalise avec celui de Saint-Lazare. Là résident, avec l’abbé général, ses quatre assistants, un secrétaire général, une douzaine de prêtres et un nombre indéterminé de novices et de frères convers. Les autres centres de la congrégation sont : Trieste, Neusatz, Constantinople, Smyrne, Aïdin. Quelques missionnaires isolés exercent le ministère à Szamosujvar et Élisabethstadt (Transsylvanie), à Tyzmienica (Galicie), et enfin à Trébizonde et à Erzeroum (Turquie d’Asie). Pie IX a approuvé leurs constitutions particulières le 23 janvier 1852. Jur. pont, de Prop. fide, t. vi a, p. 122-126.

La littérature du sujet, très abondante, sera indiquée à l’art. Mékitar. Voir, en attendant, G. Kalemkiar, dans le Kirchenlexikon, Fribourg, 1893, t. viii, col. 1122-1137.

2° La congrégation arménienne des antonins remonte au début du xviiie siècle. Un Arménien catholique d’Alep, Abraham Attar-Mouradian, après s’être enrichi parle commerce, se retira au Liban en 170."), et y fonda de concert avec son frère Jacques, qui était prêtre, le couvent de Krem (1721), puis, un peu plus tard, celui de Béït-Khasbo, à deux heures de Beyrouth. Les deux frères furent bientôt rejoints par d’autres amants de la solilude ; ils embrassèrent une règle et, à l’exemple de leurs voisins, les moines maronites, ils prirent le nom d’antonins. C’est parmi eux qu’Abraham Ardzivian se retira en quittant l’archevêché d’Alep : c’est i ; ràce à eux, non moins qu’aux évéques catholiques de Syrie, que ce même Abraham Ardzivian fut élevé, en 1710, au patriarcat de Cilicie sous le nom d’Abraham Pierre I er. Voir plus haut. Enfin, c’est de leur sein que sortirent la plupart tles patriarches catholiques de Cilicie, à commencer par Jacques Pierre II, qui n’est autre que Jacques Mouradian, l’un des fondateurs de Krem. En 1761, ils s’établirent à Borne et y transportèrent leur noviciat et leur scolasticat en 1831, tandis qu’ils ouvraient en Asie Mineure un certain nombre de missions. Ce fut la plus belle page de leur histoire. Quand éclatèrent les troubles de 1867, l’abbé général des antonins, Soukias Casandjian, se mit à la tête tles anlihassounisics. Chassé de Constantinople par Mii r Hassoun, il en appela à Home. Sur ces entrefaites eu ! lieu le concile du Vatican ; Casandjian et les siens se prononcèrent contre l’infaillibilité et entrèrent en révolte ouverte envers l’autorité pontificale. Excommuniés, ils s’enfuirent de Rome peu dant la nuit, ±-M-r à la protection de l’ambassade de France, el se transportèrent à Constantinople. La plupart persévérèrent dans leur schisme, entre autri P. Malachia Ormanian, devenu depuis directeur du séminaire d’Armache et actuellement patriarcl rien de Constantinople. Après tant d’orages, la congrégation n’existe presque plus. Cinq à six antonins revenu-