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    1. ARMÉNIE##


ARMÉNIE. HISTOIRE RELIGIEUSE

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la Turquie, t. ii, p. 448-451. Mais le patriarche n’était que le chef civil, l’intermédiaire entre le gouvernement turc et les catholiques arméniens pour les all’airesd’ordri ; temporel. Dans l’ordre religieux, ces mêmes catholiques furent placés sous l’autorité d’un archevêque-primat de leur nation, Antoine Nouridjian, en vertu de la bulle de Pic VIII, Quod jamdiu, du 6 juillet 1830. Jur. pont, de Prop. fide, part. I, t. iv, p. 729-738. Cette dernière institution ne concernait que le groupe de catholiques soumis auparavant au vicaire apostolique latin ; elle ne modifiait en rien la situation du patriarche résidant au Liban.

Voilà donc, à la tête de la seule communauté de Constantinople, deux chefs en présence : un chef civil, le prêtre-patriarche ; un chef religieux, l’archevêque-primat ; le premier, élu par la nation et reconnu par la Porte ; le second, nommé par le saint-siège. Avec l’esprit de division naturel aux Arméniens, l’antagonisme était à prévoir entre les deux autorités : il éclata, en effet, pour de futiles questions de rite, semant le trouble et la désorganisation dans une institution si péniblement créée. Jur. ponl. de Prop. fide, Rome, 1893, t. v, p. 31-31, 86, 134, 154-156. Au premier primat, Antoine Nouridjian, succ Ma Paul Marouche, nommé parun bref, le 9avrill838. Op. cit., t. v, p. 193. Cette nomination donna lieu à de très vifs débats ; non seulement les Arméniens voulaient élire leur patriarche, mais ils prétendaient imposer à Rome, pour la nomination du primat, le choix entre trois candidats présentés par eux. Afin d’éviter à l’avenir le retour de pareils troubles, Rome donna à M9 r Marouche un coadjuteur avec droit de future succession (1842). Ce prélat, Antoine Hassoun, fut en outre choisi comme chef civil en 1845 ; aussi, à la mort du primat Marouche (1816) se trouva-t-il investi de la double autorité civile et religieuse. Au lieu d’unir les esprits, cette circonstance ne fit que les aigrir, et, pour le bien de la paix, Hassoun résigna son titre de chef civil (1818). Tout servait de prétexte à querelle : la nomination directe du nouveau primat par le saint-siège, la condamnation prononcée par lui contre une société libérale dite co-nationale, sorte d’américanisme arménien, la création de six nouveaux sièges épiscopaux négociée entre le pape et le primat sans avis préalable du conseil de la nation. Jur. fiant, de Prop. fide, Rome, 1894, t. vi a, p. 93, 95. Pie IX intervint une première fois en 1853 pour la question des élections épiscopales, op. cit., t. VI b, p. 178-179 ; une seconde fois par sa bulle du 2 février 1854, invitant tout le monde à la paix, non sans blâmer bs fauteurs de désordre. Op. cil., t. vi a, p. 211-222. D’autre paît, le sultan reconnut à l’archevêque-prituat les privilèges et immunités dont jouissaient les autres chefs spirituels des communautés non musulmanes (1857) ; c’était porter un coup sensible à l’autorité du représentant civil de la nation. Le prêtre-patriarche Gagonian, mort en 1860, n’eut pas de successeur ; il avait été en fonctions depuis 1852. Voir son bérat d’investiture d.ms.1. de Testa, op. cit., p. 143-147.

Restait une dernière unification à introduire : la réunion en une seule des deux obédiences religieuses de Constantinople (siège primatial) et de Cilicie (siège patriarcal ) ; elle s’accomplit à la mort du patriarche de , Pierre VIII. Le 14 septembre 1866, les évéques réunis a Zmar lui donnèrent pour successeur.b r Has. qui, sous le nom d’Antoine Pierre IX, restait ainsi l’unique chef religieux des Arméniens catholiques Par la bulle Reversurus, devenue depuis si fameuse, Pie IX appre, élection, supprima le siège primatial de

Constantinople, réunit en une seule lesdi ux circonscripiques de C< nstantinople et <|<. Cilicie, , i. tout i u i h mi au nouveau patriarche le titre de g patriarche de Cilicie des Arméniens » , transféra sa résidence ; i Constantinople. Le patriarche, comme autrefois 1 1 1’1 1 f 1 1 < f > i ï 1 1 1. 1 1. < l, .iit exercer la juridiction ordinaire sur le diocèse du Constantinople. Le dossier de

cette affaire se trouve dans Jur.’pont, de Prop. fide, t. vi a, p. 453-465, et dans Acla consistorii secreti (Il juillet 1867) in quo SS. D. N. Puis papa IX Armenii Ciliciæ patriarclise Ant. Pétri Hassoun pressentis in curia electionem confirmavit eidemque sacrum pallium concessit, in-4o, Rome, 1867 (lat.-arm.).

Cet acte semblait devoir combler les vœux de toute la nation. Par le fait, Mo r Hassoun reçut d’abord le meilleur accueil parmi les siens ; sa nouvelle dignité fut reconnue par le sultan, et, malgré de vagues rumeurs d’opposition, il entreprit la visite de son patriarcat. A son retour, il convoqua ses suffragants à un synode, dont le pape avait en quelque sorte tracé le programme. Jur. pont, de Prop. fide, t. vi b, p. 31, 32. Inaugurée le 5 juillet 1869, l’assemblée dégénéra au bout de quelques séances en réunion confuse, puis en révolte ouverte contre son président, accusé d’avoir trahi au profit du pape les droits séculaires de l’Église arménienne ; il fallut la suspendre. Un mois après ce premier scandale, Hassoun, obligé de partir pour Rome à cause du’concile œcuménique, laissa comme administrateur patriarcal l’archevêque de Chypre, Gasparian ; choix malheureux, car ce prélat passa bientôt parmi les opposants. Ceux-ci levèrent le masque quand ils virent venir de Rome un autre vicaire patriarcal, Arakial, évêque d’Angora ; ils s’emparèrent de l’église patriarcale, brûlèrent la bulle Reversurus et déclarèrent vacant le siège patriarcal. Excommuniés par le pape, mais soutenus par la presse et la diplomatie hostile à la papauté, ils procédèrent à la nomination d’un antipatriarche dans la personne de Jacques Bahdiarian, archevêque de Diarbékir (25 février 1871). Heureusement cette élection ne fut point agréée par le gouvernement ottoman. Ici se place la double mission de Ma r Pluym et de M.8’Franchi, envoyés extraordinaires du pape. Diplomate habile, Mo r Franchi finit par s’entendre avec le grand-vizir, Aali pacha, sur le règlement de l’affaire. Une convention intervint entre le Vatican et la Sublime-Porte ; il ne restait plus qu’à la signer quand survint la mort d’Aali pacha. Voir les documents dans Urquhart, Le patriarche Hassoun, in-8°, Londres et Genève, 1872, p. 7380. Le successeur d’Aali, Mahmoud pacha, favorisa les révoltés ; le 13 mai 1871, il prononça la déchéance et le bannissement de Ma 1 " Hassoun et invita la communauté à procéder à une nouvelle élection patriarcale. Au lieu d’une élection, il yen eut deux : celle de Filkian, évêque de Brousse, choisi par les catholiques restés fidèles comme chef civil, Hassoun restant de droit chef religieux, et celle de Jean Kupélian, candidat des schismaliques ou, comme ils s’appelaient, des Orientaux. Comme la bulle Reversurus avait été le prétexte de la révolte, on ne tinl naturellement pas compte des modifications apportées par elle ; aux yeux des dissidents, Kupélian, quoique reconnu par la Porte comme « patriarche de Cilicie » , n’était que le chef civil de la communauté ; ils regardaient comme leur chef religieux Bahdiarian, installé au Liban, dans l’ancienne résidence des patriarches, depuis son élection au mois de février 1871.

Alors commença la lutte entre hassounistes et antihassounistes, lutte violente pour s’emparer des immeubles de la communauté et pour se maintenir en leur possession, tracasseries administratives afin d’obliger les hassounistes à s’adressera leurs adversaires maîtres du pouvoir pour les actes civils, guerre non moins violente par la plume. Le nombre des brochures plus ou moins pamphlétaires publiées alors est vraiment effrayant. Je. cite les plus importantes, en marquant d’un ; i térisque « .Iles des antihassounistes : I’. Pressuti, Gli affari religiosi d’Orientée la santa sede ossia la bolla Rsversurds del 1*2 luglio 1861, in-8o, Rome, ls : o ; X…,

Armeni cattolià orientali. Revista storicomica, in-8, Constantinople, 1870 ; I’. Urquhart, / triache Hassoun. /-’schisme arménien dans set ports avec le concile w.< uménique et les décrets synodaux