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    1. ARMÉNIE##


ARMÉNIE. HISTOIRE RELIGIEUSE

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contrôle toujours vigilant de la communauté de Saint-Jacques et du conseil central de Constanlinople, devant lesquels le patriarche peut être appelé à répondre de sa - i ion. A sa mort, la communauté de Jérusalem nomme un vicaire intérimaire, mais l’élection du titulaire définitif appartient au conseil central de Stamboul ; la communauté hiérosolymitainc n’intervient que pour dresser la liste des candidate, tous choisis dans son sein. Cette liste doit comprendre au moins sept noms ; les deux conseils de Constantinople les réduisent à trois, entre lesquels l’assemblée générale choisit, au scrutin secret et à la majorité des voix, le futur patriarche. Règlements généraux du patriarcat arménien de Constantinople, c. I, § 3, a. 17-23 (en arménien).

Le patriarche de Jérusalem n’est donc, au fond, qu’un archevêque. Il a, pour l’aider, un archevêque faisant fonction de vicaire patriarcal et un conseil d’administration composé de quatre évoques et de deux vartapets. Sa circonscription embrasse, avec le diocèse de Jérusalem, ceux de Damas, Jaffa, Beyrouth, Chypre et Latakia ; ces cinq derniers ont à leur tête chacun un vartapet. Quant aux églises, on en compte quinze, dont neuf dans le seul diocèse de Jérusalem. Ce même diocèse possède huit couvents. Il y a, en outre, un couvent à Jaffa et un autre en Chypre.

XVII. Patriarcat non uni de Constantinople. —

Dès l’époque byzantine, Constantinople possédait dans ses murs un évêque arménien. On le voit figurer en 1307 au concile de Sis. Le rôle de ce prélat, d’abord très effacé, devint considérable après la conquête ottomane. En 1461, Mahomet II appela de Brousse l’évéque Joachim et lui donna sur ses coreligionnaires une juridiction identique à celle que le patriarche grec avait reçue quelques années auparavant. Le prélat grec, déjà chef religieux en vertu d’un droit traditionnel, était devenu chef civil de la nation grecque par la grâce du conquérant. De la même façon, le prélat arménien se trouva investi de l’autorité civile sur toute la nation arménienne de l’empire turc ; mais cet accroissement de puissance ne modifia en rien sa subordination hiérarchique vis-à-vis <Iu catholicos religieux déjà établi. S’il put consacrer et distribuer le saint chrême, s’il eut le droit de porter à la ceinture le gonker garni de perles et de pierres précieuses, ce fut en vertu d’un induit obtenu du catholi-’, >uant au pouvoir de consacrer les évêques, il ne lui a jamais été accordé. Le rang qu’il occupe dans la hiérarchie ecclésiastique peut être assimilé à celui de nos primats ; de tous les archevêques de l’empire turc, c’est lui le premier : voilà pour le droit strict.

En fait, à cause même de sa juridiction civile qu’il ne ji.’irle_ son conseil, la puissance de ce patriarche a été et est encore considérable ; il n’en usa souvent que pour nuire aux intérêts des missions catholiques du Levant. Ce fui le patriarche Ëphrem, au commencement du xviir siècle, qui, le premier, entra en guerre Ouverte avec les catholiques. A sa demande, un linnan en 1700 qui bannissail de Constantinople les misi lires et interdisait de leur donner asile à l’intérieur de l’empire ; quant aux Arméniens, défense leur était ilt’fréquenter d’autres églises que celles des schismatiques. Avédik, successeur d’Ëphrem, s’en prit surtout aux jésuites, dont les collèges déjà nombreux furent fermés i 170-j.. a cette déclaration de guerre, le ministre de Louis XIV, comte de Ferriol (1689-1709), répondit par un coup de force : Avédik, enlevé de son palais, fut embarqué sur un bâtiment français, transporté d’abord à Chios, puis : i Marseille et à Pans, où il mourut cinq ans après (21 juillet 1711). Le dossier de cette affaii

aux archives de Saint-Louis, à Péra, lettre E, n. 16, 17, el à Paris, aux archives du ministère des Afi été dépouillé par F. Brosset, Histoire diplomatique du patriarche armérien de Constuni édik, dans le Bulletin scientifique de l’Académie impériale des sciences, in-i", Saint-Pétersbourg, t. iv (1838), col. 87-96 ; Le prétendu Masque de fer arménien, ou autobiographie d’Avédik, patriarche de Constantinople, avec pièces justificatives officielles, dans le Bulletin de l’Académie, in-i°, ibid., t. XIX (1874), col. 186-197 ; t. xx (1875), col. 1-100 ; Mélanges asiatiques, in-8 » , ibid., t. viii (1876), .p. 1-18, 177-322. Ces violences de Ferriol provoquèrent des représailles ; le nouveau patriarche, Jean de Smyrne, lit envoyer au bagne beaucoup de notables Arméniens catholiques et pendre les autres. Le 5 novembre 1707 eut lieu l’exécution d’un saint prêtre, don Cosme, autrement dit ser Goumidas. Voir la relation de Ferriol à Grégoire XI, écrite le jour même de la mort, dans A. Ubicini, Lettres sur la Turquie, in-12, Paris, 1851, t. ii, p. 443-445 ; cf. Serpos, Compendio storico, in-8°, Venise, 1786, t. ii, p. 218-229. Dès lors, la persécution ne s’arrêtera plus pendant cent vingt ans, jusqu’à l’entier affranchissement des catholiques en 1830. Voir au paragraphe suivant.

J’ai parlé plus haut de conseil patriarcal. Jusqu’au milieu du xixe siècle, cette assemblée, en dépit du titre de conseil national (azka’in joghov) qu’elle s’était donné, se recrutait exclusivement dans les rangs de l’aristocratie, au grand mécontentement du peuple. Longtemps, celui-ci réclama sa part dans les affaires. Il obtint un demi-succès en 1844 : sur les 30 membres du conseil, on en prit 14 dans son sein, mais la nomination de ces derniers était réservée au patriarche. La mesure ne parut pas égale, et les réclamations continuèrent. Au bout de trois ans, on institua deux conseils au patriarcat, l’un pour les affaires religieuses, l’autre pour l’administration civile. Le patriarche les présidait tous les deux, mais le second, formé de vingt membres, était élu directement par les corporations industrielles. Ce changement, qui mettait fin à l’ancien régime oligarchique, fut approuvé par un firman du 9 mars 1817. Le peuple allait-il cette fois se déclarer satisfait ? Pas encore. Fort des promesses de la Sublime-Porte qui avait décrété, en 1836, la réforme générale des communautés non musulmanes, le peuple réclama une constitution ; il en obtint une en cent cinquante articles, approuvés par le sultan le 17 mars 1803.

D’après la teneur de cet instrument, l’autorité appartient tout entière à une assemblée générale de iOOmembres, dont 220 sont élus par voie de suffrage ; les 180 autres en font partie de droit. Cette assemblée délègue ses pouvoirs à deux conseils nationaux : le conseil religieux composé de 14 membres du clergé, le conseil civil, formé de 20 membres, tous laïques. Le titre qu’ils portent indique suffisamment leurs attributions. Quand des affaires mixtes se présentent, les deux conseils siègent ensemble. C’est le cas, par exemple, pour la nomination du patriarche : aux deux conseils revient l’honneur de dresser la liste des trois candidats, parmi lesquels l’assemblée générale fait son choix. Après les conseils, voici les comités : comité d’administration pour la gestion des biens nationaux, fondations, propriétés, couvents, etc. ; comité de justice, comité d’instruction publique, comité des finances, comités de quartier, Dans les provinces, même luxe de comités. A la tête de chacune d’elles se trouve un ecclésiastique, Varadchnort, pris dans les rangs du clergé régulier ; c’est ordinairement un docteur en théologie, vartapet, axant les pouvoirs des évêques sans en porter le titre. Voir la Constitution, trad. franc. d’E. Prud’homme, dans la Re uede I Orient, de l’Algérie et des colonies, Paris, juillet et août 1852 ; trad. gr. de I). Tzolakides, sous le titre de Vvnv.m x « vovtfqiol t<5v àv lwir/iTavT’.vo - j7To)E( 7 : » Tp iapye ùov, in-8’, Constantinople, 1894. M. lî. Dadian en a donné un court résumé dans son article, La société arménienne contemporaine, llevue des Deux Mondes, 15 juin 1867.

Du patriarcal de Constantinople relèvent les diocèses uivanU : Andrinople, liodosto, Ismidt, Brousse, Bali-