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    1. ARMÉNIE##


ARMÉNIE. HISTOIRE RELIGIEUSE

1906

tour dans leur pays, le calholicos Constantin V était mort depuis six mois et son successeur Grégoire IX se trouvait en Egypte. Non seulement il n’y avait plus d’unité nationale par suite de la conquête, mais l’unité de gouvernement n’existait plus dans l’Église ; on comptait autant d’églises arméniennes que de patriarches, autant de patriarches que de districts. En présence de cette anarchie, force nous est de renoncer désormais à l’unité du récit ; c’est par fractions indépendantes qu’il nous faut retracer le tableau de l’Arménie chrétienn 3 durant ces derniers siècles.

XII. Rupture de l’unité hiérarchique. —

Fixé dès l’origine à Vagharchapat, dit la tradition, à Achtichat, d’après l’impartiale histoire, H. Gelzer, Die Anfânge, etc., p. 131, le siège du calholicos arménien avait, suivant les vicissitudes politiques, passé tour à tour à Tvin (478-931), à Aghtamar (931-967), à Arkina (968-992). à Ani (992-1054), à Tavplour (1054-1065), à Dzamntave (1065-1166), à Hromkla (1 160-1293), à Sis (1293-1441). Je ne parle bien entendu que du catholicos légitime ou regardé comme tel. Quant aux sièges rivaux, ils surgirent nombreux après la chute des Paliratouni ; on en comptait quatre en 1077. Si ceux-là ont disparu, d’autres se sont élevés qui restent encore debout. Tel, celui d’Aghtamar, érigé en 1113 ; tel encore celui de Jérusalem, formé deux siècles plus tard, en 1311. Enfin, en 1441, une nouvelle scission, beaucoup plus profonde que les précédentes, divisa la nation en deux grandes obédiences : celle de Sis, en Cilicie, et celle d’Etchmiad/.in, dans la Grande-Arménie. Si la presque totalité des Arméniens se sont rattachés à la chaire d’Etchmiadzin, c’est qu’elle passe pour avoir été fondée par saint Grégoire l’Illumina teur ; on y conserve, dit-on, la main droite du grand apôtre de l’Arménie, et cette insigne relique, plusieurs fois perdue (entendez volée) et reconquise durant le moyen âge, est regardée comme le palladium de la nation. Naturellement, on montre à Sis une autre dexlre de lllluminaleur ; ses conservateurs portent même un nom spécial, celui A’Achabali ou Achban. V. Langlois, Voyage dans la Cilicie et dans les nwnlagnrs de Taurus, ’in-8 « , Paris, 1861, p. 394, 400-401. Ajoutez à ces quatre catholicats indépendants les deux patriarcats uni et non-uni de Constantinople, ainsi que l’archevêché autonome de Léopol, en Autriche, et vous arrivez, pour une population de trois millions d’hommes, à sept hiérarchies différentes, actuellement existantes. Je dois dire un mot de chacune d’elles.

XIII. Catholicat d’Etchmiadzin. —

A la mort de Joseph llqui n’avait siégé que quelques mois ( 1439-1 440), les évêques réunis à Sis lui donnèrent pour successeur oire Mousapékian. Quatre prélats de l’Arménie du nord protestèrent d’abord contre cette élection, à laquelle, paratt-il, tout le corps épiscopal n’avait point pris part ; puis, se ravisant, ils invitèrent le nouvel élu à transporter son siège à Etchmiadzin. Sur le refus de pire, ils procédèrent à une autre élection et se choisirent pour patriarche Guiragos Virabetsi. Ainsi naquit, fruit de la désunion, le catholicat d’Etchmiadzin (1441). Balgy, op. cit., p. 159, 160. lui is de si fâcheux auspices, la nouvelle hiérarchie compta cependant plus d’un chef dévoué au parti de l’union romaine. Stépanos V (1541-1564) vint a Rome in 1548, el son successeur Michaël de Sébasle (1564-1570) envoya des ambassadeurs à Pie IV, tandis qu’il n’était encore que simple coadjuteur de Stépanos. . op. cit., p. 163-171. Deux patriarches rivaux, Da ni IV (1587-1629) el Melchisédech (1593-1624), écrivirent loin a tour à Paul V, I’1 premier en 1605, le second en 1610. Balg^ p 173 m Movsés (1629-1632) en agit de même vis-à-vis d’Urbain VIII, en 1631, ’i Pilibos (1633-1655) vis-à-vis d’Innocent XI, en 1640. Quarante I lulard en 1680, _lml, IV (1655-1680) fll avant de mourir une profession de loi catholique, exemple que plusieurs de ses successeurs imitèrent. Balgy, op. cit., p. 176-179 ; [Asgian, ] Rome et l’Arménie, Paris, s. d., p. 74-86 ; D. Vernier, Histoire du patriarcat arménien catholique, in-8°, Paris, 1891, p. 272-282.

Du côté de la Perse, le siège d’Etchmiadzin eut à subir mille persécutions depuis la conquête du pays par le schah Abhas I er. Pour mieux détacher les Arméniens de leur capitale religieuse, le vainqueur fil transporter à Ispahan, en 1614, les reliques les plus vénérées d’Etchmiadzin, entre autres la dextre de l’Illuminateur. Ce n’est qu’en 1638 que le catholicos Pilibos put en obtenir la restitution du schah Séfi. Les autres souverains de la Perse, malgré quelques réveils du despotisme oriental, usèrent de procédés plus humains. Avec la conquête russe de 1828, l’Arménie persane n’a fait que changer de maître. Usant de procédés moins arbitraires, les Russes ont poursuivi et poursuivent encore le même but qu’autrefois les Perses : asservir pour russifier. Par un ukase de 1836, Nicolas I er réorganisa le catholicat ; il mit aux côtés du catholicos un conseil synodal, le chargeant d’administrer sous le contrôle d’un commissaire impérial toutes les affaires spirituelles de l’Eglise arménienne en Transcaucasie. Quant à la nomination du catholicos lui-même, elle n’appartenait plus comme par le passé au corps électoral arménien ; le rôle des électeurs devait se borner à la présentation de deux candidats, entre lesquels le tsar se réservait le choix. Naturellement, les Arméniens de Turquie et des Indes protestèrent. Toujours prudent, le gouvernement russe attendit ; sans abolir le règlement de 1836, il feignit d’en ignorer l’existence, et, pendant cinquante ans, il ne manqua pas de toujours agréer le premier candidat de la nation. Mais, en 1882, lorsque les électeurs présentèrent à sa ratification la nomination de l’évêque de Smyrne, Mouradian, le tsar lui préféra Macar, évêque de Bessarabie. Un schisme fut sur le point d’éclater, les Arméniens de Turquie refusant de reconnaître Macar, et Alexandre III ne voulant point de Mouradian. Comme on devait s’y attendre, le tsar l’emporta ; au bout de deux ans d’hésitations, Macar fut reconnu comme catholicos même par les Arméniens vivant hors des frontières russes ; cette reconnaissance, dit le protocole, n’était point solennelle, mais exceptionnelle. Depuis cette époque, la machine montée en 1836 fonctionne très régulièrement, pour le plus grand avantage, non des Arméniens, mais du tsar. Sur les relations antérieures de la Russie avec les Arméniens, voir Recueil d’actes et documents relatifs à l’histoire de la nation arménienne (en russe), 3 in- 4°, Moscou, 1833. Le règlement de 1836, connu sous le nom de Balanrnia, ne comprend pas moins de 141 articles, signés par le tsar, le Il mars 1836 ; il a été imprimé sous ce titre : Balagénia. Constitution officielle pour l’administration des affaires de l’Église grégorienne en Russie, in-8°, Etchmiadzin, 1836 (en arménien).

Le calholicos d’Etchmiadzin est considéré en théorie comme l’unique chef des Arméniens non unis, autrement « liis grégoriens ; il s’intitule « patriarche suprême ei catholicos de tous les Arméniens » . Il est le seul en principe à bénir le saint chrême et à consacrer les évêques, A ses côtés et sous sa présidence fonctionnent i 1° le synode patriarcal composé de sept membres, donl deux archevêques et deux vartapets ; 2° le conseil d’administration du couvent patriarcal comprenant trois membres, un évêque et deux vartapets ; 3° le conseil de l’imprimerie formé par deux vartapets et un diacre. La maison patriarcale comprend en outre une vingtaine de moines sans fonction déterminée. Le grand séminaire, établi par Khévork IV (1866-1882), a célébré en 18991e vingt-cinquième tnni tire de sa fondation.

I ii liini.nl/in étendait autrefois sa juridiction sur un I n bre de diocèses. on peut voir pour le x n la notice fou par < isi an, procureur général du