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    1. ARMENIE##


ARMENIE. HISTOIRE RELIGIEUSE

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de Chalcédoine furent à nouveau rejetés, la séparation d’avec les Grecs proclamée, les deux fêtes de la nativité du Sauveur et de son baptême fixées au même jour, et la formule : qui crucifixus es pro nobis, insérée dans le trisagion. Le deuxième synode de ïvin, 14 décembre 552, réforma en outre le calendrier et lixa au Il juillet 552 le début de 1ère arménienne vulgaire. Voir, sur cette dernière question, E. Dulaurier, Recherches sur la chronologie arménienne techniqueet historique, in-4o, Paris, 1859, p. 50-56. Ces deux conciles, il est bon de le rappeler, se trouvent souvent confondus en un seul dans les documents, tant les données des historiens nationaux présentent de divergences pour cette époque troublée.

Un incident survenu en 571 ramena momentanément l’union de l’Arménie avec l’Église de Constantinople. Les Perses ayant élevé à Tvin, en pleine capitale du pays, un temple au feu, le peuple se souleva sous la conduite du catholicos Jean et du marspan Sourèn. Vaincu, le catholicos se retira à Constantinople avec une partie de son clergé, et y mourut, non sans avoir fait acte d’adhésion à l’orthodoxie. Toutefois, cette conversion isolée et lointaine n’eut aucune intluence sur l’Arménie restée persane. Quand l’empereur Maurice eut repris aux Perses la plus grande partie du pays, il invita le catholicos Moïse I er, successeur de Jean, à convoquer à Constantinople, en un concile général, les évêques et les grands d’Arménie. Au lieu de se rendre à l’invitation impériale, Moïse reprocha avec aigreur aux Grecs leurs usages eucharistiques. « Eh quoi ! écrivit-il, je franchirais l’Achat pour aller manger du pain cuit au four ou boire de l’eau chaude ! » F. Combeiis, Historia hseresis monothelitarum, dans le 2e volume de 1.4 uclartumnovum, in-fol.. Paris, 1618, p. 282 ; Arsak Ter-Mikélian, op. cit., p. 58. Du fond de sa capitale, Tvin, restée aux mains des Perses, le catholicos arménien pouvait éluder à son aise les ordres de Maurice ; il n’en allait pas de même des évêques passés sous la domination romaine. Ceux-là, Maurice les réunit en synode, leur fit reconnaître le concile de Chalcédoine et plaça à leur tête un catholicos particulier, l’évêque Jean, en lui assignant pour résidence le village d’Avan, non loin de Tvin, mais de ce côté-ci de l’Achat. L’Église arménienne se trouva ainsi divisée en deux tronçons (vers 593). Combefis et Arsak Ter-Mikélian, ibiil.

VIL Les Églises de Géorgie et d’Albanie. —

A ce premier schisme intérieur s’en ajouta bientôt un autre dont 1rs conséquences furent autrement graves. Au nord de l’Arménie, sur les pentes du Caucase, se trouvaient deux peuples chrétiens, voisins et rivaux des Arméniens : c’étaient les Géorgiens ou Ibériens, el les Albanais ou Aghovans. Lien que convertis par des missionnaires arméniens, ces peuples, par espril d’antagonisme, avaient plus d’une fois cherché’à secouer le joug religieux du catholicos de Tvin. Les Géorgiens devant être l’objet il ins ce dictionnaire d’un article spécial, je n’ai à parler ici que de leurs différends avec les Arméniens au temps de Moïse ; quant aux seconds, dont il ne sera plus question, il importe de retracer en quelques lignes ce que l’on sait de leurs origines religieuses.

A l’époque où nous sommes arrivés, les Ibériens Dt pour catholicos Mouron (Kyrion). Géorgien d’origine, ce prélat, après avoir lait ses études en pays a Nicopolis, était entré dans le haut clergé de Tvin, grâce a la protection de Moïse. "’M encore à ce dernier qu il avait dû d’être élevé à la première dignité religieuse patrie. Mais il n’avait pas tardé’, par conviction par ambition, à rejeter les doctrines monophysites, el par suite I autorité du catholicos arménien. An pre sants rappels de Moïse et de son successeur Abraham, Kiouron répondil par une reconnaissance formelle quatre premiers conciles, el la séparation lut conn dépil des efforts du prune Sempal Pakratouni pour empocher la rupture, en dépil même du roi de Perse Chosrov II, qui, par raison d’État, fit à nouveau condamner les Chalcédoniens par le synode de tilb. Arsak Ter-Mikélian, op. cit., p. 58-60.

Le catholicos Abraham eut plus de succès avec les Albanais. Ces derniers se vantent d’avoir eu pour premier pasteur Elisée, disciple de Thaddée, qui, après le martyre de son maître, serait allé demander à saint Jacques de Jérusalem la consécration épiscopale. Revenu au pays des Aghovans, il y aurait accompli les mêmes merveilles que la légende arménienne prête à Grégoire l’Illuminateur. Voir Mosé ou Moïse d’Outi, Histoire des Aghovans, édit. Émin, in-8o, Moscou, 1860 ; édit. Chanazarian, 2 in-8o, Paris, 1860 ; trad. Palkanian, Saint-Pétersbourg, 1861. Cf. Agop Manandian, Beitrage zur albanischen Geschichte, in-8o, Leipzig, 1897, p. 23 sq. En réalité, il faut descendre jusqu’au IVe siècle pour rencontrer quelques données certaines sur la conversion des Aghovans. D’après une curieuse lettre de l’évêque arménien Giout au roi albanais Vatché, neveu de Peroz (457-484), le roi Ournaïr vint en Arménie, au temps de Tiridate et de Grégoire l’Illuminateur, pour y recevoir le baptême. Moïse d’Outi, 1. I, c. xi, p. 14-22 de l’édit. Émin ; Manandian, op. cit., p. 24. On sait, d’autre part, que Grégoris, fils aîné de Verthanès, fils et second successeur de l’Illuminateur, fut établi par son père, à l’âge de quinze ans, catholicos des Ibériens et des Aghovans. Faustus de Byzance, 1. III, c. v, dans Langlois, t. i, p. 213. Moïse d’Ouli parle très longuement de l’apostolat de Grégoris, et ses renseignements s’accordent au fond avec ceux de Faustus. C’est donc à la première moitié du IVe siècle que remonte l’introduction du christianisme chez les Aghovans.

Les nouveaux convertis suivirent longtemps les destinées religieuses de leurs pères dans la foi ; ils adoptèrent l’alphabet inesrobien, et la Bible ne tarda pas à être traduite dans leur langue. Korioun, Biograpliie de Mesrob, dans Langlois, t. ii, p. 10, 12. Comme les Arméniens, les Aghovans perdirent en 429 leur indépendance politique ; comme eux, ils soutinrent contre les adeptes du mazdéisme une longue et douloureuse lutte. Manandian, op. cit., p. 26-28. Vaincus en 451, ils reprirent l’avantage à la chute de Péroz (484) et se donnèrent pour roi Vatchakan le Pieux, dont le zèle réussit à arrêter dans le peuple les progrès du mazdéisme. Un concile fut réuni par ses soins en 488, et les actes de cette assemblée jettent un jour tout nouveau sur l’état religieux et social de l’Albanie vers la tin du Ve siècle. Moïse d’Outi, 1. I, c. xxvi ; Manandian, p. 44-48. Trois ans plus tard, en 491, les Albanais prirent part au concile de Vagharchapat. Moïse, 1. 11, c. xlvii, et embrassèrent dès lors le monophysisme.

Au début du vie siècle, les relations entre les deux Eglises continuent d’être amicales : le catholicos arménien, Jean I er, recommande au catholicos d’Albanie. Ter-Abas, de se garder des nestoriens. « ces loups déguisés en brebis. 9 Id., 1. II, c. vu. Il lui envoie en même temps la profession de foi formulée au concile de Tvin sous le catholicos Nersés. Mais, vers la fin de ce même siècle, l’Albanie profite de l’établissement sur les terres de l’Empire d’un second catholicos pour s’affranchir elle-même ; au lieu d’aller cherchera Tvin la consécration épiscopale, son chef religieux la reçoit dans le pays même des mains des évêques indigènes, (’.est à Parta et non plus, comme à l’origine, à Tchol, que ce dernier avail lidence. Moïse d’Outi, I. U.c. iaih ; Manandian, op. cit., p. 29. 30, l.a séparation fui d’ailleurs de coui t< (lune. Sous Abraham, d’après Moïse d’I luti, loc. cit., soua son successeur Komi tas, d’après Anania, journal Ararai mars 1897, p. 137, le catholicos d’Albanie reconnut i nouveau la suprématie des héritiers de l’Illuminateur. Un événement, aus~i peu connu des historiens que iphes, ini 1 1 i onversion des Huns au christianisme par léu "[iic albanais Israël ; elle eut heu au temps du