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A.RISTOTÉLISME DE LA SCOLASTIQUE

4° Aprèi la falsification d’Aristote la perverrion de la méthode de » sciences rationnelle » , i n effet, si le* lastiques onl invoqué en toute question l’autorité d’Aristote et n’onl philosophé que conformément aux paroles « lu Stagyrite, c’est la méthode de la f"i substituée i celle de I dé d’autorité remplai anl

celui « lu raisonnement ; c’est la ruine de la philosophie rationnelle, Aussi i l’esprit nies philosophes de H fut tellement préoccupé de ces théories (d’Aristote) qu’il leur fut impossible d’arriver à la connaissance « les vrais principes, el en se servant de ces principes erronés (do péripatétisme), en les développant et en déduisant les conséquences, ils s’éloignèrent toujours de plus en plus du droit sentier de la vérité el de la sagesse » . Descartes, Principia philosophiez, Amsterdam, 1644. Ajoutons à cela que l’aristotélisme a engendré « une paresse et une inertie incroyables, une paresse qui, répandue partout, a fait regarder comme une chose plus facile et plus douce, de voir par les yeux des autres, de croire sur la fui des autres, et de ne rien scruter par sa propre pen-L. Vives, De causis corruptarum artium, 1. V, p. ICI.

5° Le dogme lui-même aurait été perverti à la faveur de l’aristotélisme, Sans parler de la théorie des protestants et des jansénistes qui, en affirmant la nullité de la raison humaine foncièrement viciée par le péché originel, étaient conduits à condamner comme un empoisonnement l’introduction, dans la théologie, des considérations philosophiques et rationnelles, cf. SalvatoreTalamo, L’aristotélisme de la scolaslique, 2e édit., trad. franc., Paris, 1876, I re part., c. i, § 1, p. 23 sq., citons Brucker, qui, dans son Histoire critique de la philosophie, dit de saint Thomas qu’« un amour immodéré pour la philosophie péripatéticienne hallucina tellement l’esprit de cet homme, que, pris d’un respect superstitieux pour le philosophe, il ajouta par ses ouvrages de nouvelles blessures à celles fine la théologie avait déjà souffertes d’une fausse philosophie, de telle sorte que la doctrine sacrée devint non seulement tout à fait philosophique, mais encore profane et même païenne » . Op. cit., period. II, part. II, 1. II, c. III, sect. h. Citons encore Gûnther qui accuse les scolastiques d’avoir, par leur aristolélisrne servile, amené la théologie au semi-panthéisme, et un « autre qui a osé affirmer que l’aristotélisme des docteurs scolastiques, tels que saint Thomas, saint Bonaventure et les autres, a ouvert la voie à ce rationalisme ignorant et dangereux qui cause aujourd’hui tant de perturbations dans l’ordre scientifique aussi bien que dans l’ordre religieux » . Dans Salvatore Talamo, ihi<L, s 5, p. iti, 17.

C" L’aristotélisme, si l’on en croit ses détracteurs, est enlîn coupable de rébellion envers l’autorité ecclésiastique. « Il fallait que le crédit d’Aristote fût bien solidement établi, puisqu’il résista à une foule de bulles et de décrets ecclésiastiques qui le fulminèrent tour à tour. L’étude de ses écrits souvent suspendue ne se réveilla

qu’avec plus d’ardeur, et triompha enfin îles anathè s

au point que saint Thomas lui-même y puisa presque toute sa philosophie. » De Gérando, op. cit., p. 252.

Nous allons examiner ce qu’il faut penser de chacune île ces accusations.

II. Diverses époques.

Avant de répondre aux accusations précédentes et pour mettre la question an point, il est ihdispensable, tout d’almnl. de distinguer les temps et les écoles. Par rapport aux temps, l’aristotélisme peut être envisagé A l’époque des Pères, dans le haul moyen âge, c’est-à-dire du vi*an uie siècle, et en lin au xine siècle qui marque l’apogée de la scolastiqne. i Au temps des Pères de l’Église. Les Pèr<

naissaient Aristide comme ils connaissaient Platon. Le néo-platonisme leur parlait de ces deux philosophies ; mais renseignement des Pères ne constitue pas une philosophie une. un tout organique et complètement systématisé : on v rencontre des vues stoïciennes ou aca démiques, des théories juives ou orii i aristotéliciennes ou platoniciennes. On ne saurait i

Itre une prédominance du péripatétismi autrephilosophies. Saint Augustin estimait’Platon, mais celui-ci plus que celui-là de qui ildintis ingenii et eloquii, l’Iatom guident pu, De civitate h.-i. VIII, xii. /’. L., t. xii Cf. Launoy, De varia i. m acwi’.

us, , Op I ne, ~’i-i. t. iv, p. 175 sq. — di s Péri -. à côté de. néo-platoniciens lesqui. s’adonnaient pas exclusivement a l’étude de Platon, mais encore dans Ylsagnge de Porphyre prenaient contact avec les Catégories d’Aristote, on trouve l’autorité de celui-ci invoquée par les artémonites, Eusébe, // v. 28, I’. < ;., t. xx. col. 515 ; Théodoret, Grsecar. a/]ecuralio, v. /’. G., t. i.xxxiii. col. 939 ; par les ariens. Les ennemis de la Trinité s’en prennent à ce dogme au moyen d’arguties, de sophismes emprui à la philosophie du Lycée. Saint Cyrille d’Alexandrie s élevé avec véhémence contre ces hérétiques « qui ont toujours le nom d’Aristote a la bouche et tirent beaucoup plus de gloire de sa doctrine que de la corr sance des saintt-s Ecritures » . Qui nihil aimd quant Aristotelem ructant, et illius potins discijilina quant de Scripturarum cognitione sese jactitant. Tht rus, assertio xi. /’. G., t. i.xxv, col. 147. Cf. Fessier. Institutiones patrologist, édit. B. Jungmann, s >’!. ii, -pruck, 1890, t. I, p. 370. Les nestoriens eux-mêmes s’adonnèrent a l’étude de la philosophie péripatéticienne ; ils traduisirent en syriaque la plupart des textes d’Aristote, au Ve siècle. K. Henan, De philosophia peripatetica apud Syros, Paris, 1832, p. 3. Au vie siècle, la même tâche fut reprise par les monophysites, particulièrement dans les deux écoles de Resaina et de Kinnesrin ou Chalcis. Le plus célèbre d’entre eux est Jean Philopon, le commentateur renommé d’Aristote. Cf. Korget. Dans quelle mesure les philosopltes arabes continuateurs des philosophes grecs ont-ils contribué au progrés de la philosophie scolastique t Rapport lu au troisième congrès scientifique international des catholiques, Compte rendu, ni’section, Bruxelles, 1895, p. 233 ; Carra deVauv, Aviccnne, Paris, 1900. p. 37 ; R. Duval. La littérature syriaque, Paris. 1899, p. 253-363.

Du yp au xir siècle.

Dans le haut m

la philosophie aristotélicienne gagne en influence, « n profondeur si l’on veut, mais elle perd en (tendue, c’est-à-dire qu’un grand nombre des ouvrages d’Aristote sont oubliés. Ceux qui restent cependant exercent une véritable direction sur les esprits. Au début de cette période, Boèce traduit la plupart et les plus importants des écrits d’Aristote ; mais ces traductions se perdent bientôt en grande partie et. jusqu’au commencement du xii’siècle, on ne possédait de Boèce que ses traductions des Catégories et de l’Interprétation. Si on y ajoute la traduction du commentaire de {’Introduction de Porphyre, le bilan des ressources aristotéliciennes sera complet. Au milieu du IIIe siècle, d’antres traductions de

ipparurent, on en fit de nouvelles, et quand

sonna le Mil’siècle, le monde savant latin

outre les Catégoriese V Interprétation, qui composaient

la i logique ancienne » , les Analytiques premi,

I piques et les Sophismes qui constituaient la i logique nouvelle » . C’était tout VOrganon d’Aristote. Cf. C. Prantl, Geschichte der Logik in Abendla Leipzig, 1855, 1870, t. n. p. I - -in. Ouvrage*

inédits d’Abélard, Paris, 1836, p. i m sq. ; Fragments de philosophie du moyen âge, Paris, 1855, p. 56 sq. ; Jourdain, Recherches critiques sur l’âge et l’origine îles traductions la ; l ". 1 1 -. 1 29-30 ; A. Clerval, / Chartres au ii.

Paris, 1895, p. 222, 244 sq. ; Denifle-Chatelain, Chi

liirium uiiiirrsital. - 1889, t. I,

278-279 ; Thurot, De l’organisation de