Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/179

Cette page n’a pas encore été corrigée
1853
1854
ARIANISME CHEZ LES PEUPLES GERMANIQUES


On dit même qu'à son lit de mort le vieux roi reconnut la fausseté de l’arianisme, sans avoir le courage de renoncer publiquement à cette erreur ; mais il confia son fils Récaréde à saint Léandre, pour qu’il l’instruisît comme il avait instruit Herménégilde. Le nouveau roi rendit aussitôt pleine liberté aux orthodoxes ; puis, en 587, il fil tenir à Tolède une conférence entre évêques catholiques et évêques ariens. La réunion terminée, il se déclara pour la foi de Nicée. Sa conduite, douce et prudente, amena de nombreuses conversions parmi les Goths et les Suèves. Deux ans après, il crut le moment venu « l’en finir avec l’hérésie. Le 8 mai 589, un mémorable concile se réunit à Tolède ; après avoir rédigé une longue confession de foi, comprenant vingt-trois anathèmes contre les erreurs ariennes, les membres de l’assemblée adhérèrent solennellement aux définitions des quatre conciles œcuméniques. Ilefele, Hist. des conciles, trad. franc, .t. iii, §287. Ainsi finit l’arianisme visigothiquejdès lors, on voit s’opérer une fusion rapide entre les deux races qui auparavant se heurtaient et se combattaient. Les nombreux conciles nationaux tenus à Tolède témoignent de la vie religieuse intense qui se développa, au siècle suivant, dans le royaume catholique des Visigoths d’Espagne. III. L’arianisme burgonde. — Émigrés en France vers le commencement du ve siècle, les Burgondes, peuplade germanique apparentée aux Goths et aux Vandales, professaient la religion catholique en 417 ou 418, quand Paul Orose écrivit son Histoire, VII, 32, P. L., t. xxxi, col. 1144. Le territoire qu’ils conquirent dans la vallée du Rhône et de la Saône forma bientôt un royaume dont les principaux centres furent Lyon et Vienne. Rapprochés ainsi des Visigoths d’Aquitaine, les Burgondes subirent peu à peu l’influence religieuse de leurs puissants voisins. Commencé sous le règne de Gundioch ou Gunderic qui ne semble pourtant pas avoir abandonné luimême le catholicisme, ce mouvement se continua après sa mort (vers 174) sous ses quatre fils, Godemar, Chilpéric, Gondebaud et Godégisèle. Une lutte s’engagea bientôt entre Chilpéric, resté orthodoxe, et Gondebaud, qui avait embrassé l’arianisme. Vaincu, le premier fut mis à mort avec tous les siens, à l’exception de ses deux filles, Chrona et Clotilde. S. Grégoire de Tours, Historia Francorum, ii, 28, P. L., t. i.xxi, col. 223. Le succèsde Gondebaud acheva le triomphe de l’arianisme parmi les Burgondes ; des églises furent enlevées aux catholiques. Comme dans le royaume visigothique d’Aquitaine, il arriva que les sympathies de ces derniers se tournèrent vers Clovis, surtout après que son mariage avec Clotilde lui eut formé un parti dans le royaume onde. Devant cet état de choses, Gondebaud prit à l'égard des orthodoxes une attitude beaucoup plus conciliante. Il subissait aussi l’influence, bienfaisante el ut Avii. évéque de Vienne de 490 à 518. La critique historique ne permet fias de faire fond sur l’une conférence qui aurait eu lieu à Lyon, en 499, entre évoques catholiques el évêques ariens. /'. 7,., t. lix, col. 387 si). Julien Havet, Questions mérovinii. g 5 ; Œuvres, Paris, 1896, t. i, p. 4C-6I ; U. Chevalier, Œuvres complètes de suint Àvit, Lyon, 1890, p. 157, note s..Mais les discussions religieuses de

|UC de Vienne avec, le roi Gondebaud n en restent pas moins établie !  ! par -es lettres, par exemple, la 19* el la 26 rs l’an 199 (édit. Sirmond, h’pist., xxi et

xxviii. P. /.., t. lix. col. 238, 244).

t la divinité du Christ et du Saint-Esprit qui fait le principal objet di cotte coi respondance ou de ces enus oraux, où l'évêque catholique démasque tous les fuyants de I hérésie. Quelque ébranlé qu’il parût à <ins moments, Gondebaud ne se décida jamais à faire du peuple et du clergé arien de I ours, <>p. rit., n. :. ;. P, /… t. i w i. col. 230. Vaincu par Clovis et devenu son tribuen I..ii.".i 0, i londebaud continua à se i

plus en plus favorable à l'Église catholique ; il accorda toute sa confiance à saint Avit, et laissa son fils aîné Sigismond embrasser la foi orthodoxe ; événements qui marquèrent chez les Burgondes un commencement de retour vers l'Église romaine. Quand Gondebaud mourut en 516, la conversion ne fit que s’accentuer, favorisée par la politique pleine de prudence et de modération que les conseils de saint Avit inspirèrent au nouveau roi. Les évêques purent travailler à la régénération morale du royaume par diverses assemblées conciliaires, dont la principale se tint à Épaone. Hefele, Hist. des Conciles, trad. Leclercq.t. iii, §227, 228, 231, 232. L’arianisme reçut le coup de grâce à la suite des bouleversements politiques qui survinrent bientôt. Sigismond fut d’abord défait par les Francs en 523, et bientôt après mis à mort. Acla sanctorum, t. i maii, Anvers, 1680, p. 83 sq. Son frère Godemar II lui succéda ; mais la lutte ayant recommencé en 532, il fut défait ; deux ans plus tard, son royaume passait aux mains des rois francs. Ce fut la fin de l’arianisme burgonde. Quelques années après, l’hérésie disparut aussi de la Provence, quand, en 537, les Francs traitèrent avec les rois ostrogoths d’Italie, Théodat et Visigès, et se firent céder par eux les cités qu’ils possédaient encore dans le midi de la Gaule.

IV. L’ahianisme vandale. — Après avoir, de concert avec les Alains et les Suèves, envahi et ravagé' la Gaule, les Vandales étaient passés en Espagne en 409. Refoulés ensuite par les Visigoths, ils s'étaient établis en Andalousie et avaient secoué le joug romain sous leur roi Gunderic qui mourut en 426 ou 427, et eut pour successeur Genséric. Dans un moment de révolte contre la cour impériale de Byzance, le comte Boniface, gouverneur d’Afrique, marié avec une parente du roi des Vandales, appelle ceux-ci à son secours ; en 429, ils envahissent la Mauritanie et sont bientôt maîtres des deux tiers de l’Afrique romaine. Ce fut un désastre pour l'Église catholique ; car Genséric, redoutant l’alliance des Romains d’Afrique avec ceux d’Italie ou d’Orient, s’attaqua avec la plus extrême violence à la noblesse et au clergé qui, ne pouvant se faire au gouvernement d’un barbare et d’un hérétique, rêvaient le rétablissement de la domination romaine. La persécution religieuse proprement dite commença en 437, et fut signalée par le martyre de quatre Espagnols, attachés au service de Genséric, qui ne voulurent pas renier la foi orthodoxe. S. Prosper, Chronicon, P. L., t. li, col. 597. Après la prise deCarthage en 439, l’archevêque Quodvultdeus fut expulsé avec une grande partie de ses clercs ; embarqués sur des navires avariés, ils furent abandonnés au caprice des îlots et abordèrent à Naples. La persécution alla s’aggravani jusqu’en 475, sauf une interruption momentanée de 451 à 457. A la suite d’un traite' conclu avec Valentinien 1Il et sur les instances de ce ! empereur, Genséric laissa ordonner un évéque catholique à CarLhage. Ce fut alors qu’il fit son expédition d’Italie, tristement célèbre par la prise et le sac de Rome en 155. Bientôt le fanatisme arien et les préoccupations politiques du roi vandale rallumèrent la persécution dans

Carthage et dans toute l’Afrique proconsulaire. Ce ne fut ur la fin de sa vie, en '17ô. qu’il consentit à se relâcher de sa rigueur envers les orthodoxes en permet" lanl de rouvrir l'église de Carthage qu’il avait fait fermer.

Pendant cette sombre période de son histoire, l'Église d’Afrique ne s’abandonna pas. La présence de beaucoup de prêtres, restés au milieu des fidèles en dépil des édita royaux, servait à entretenir la foi orthodoxe ; des séminaires furent établis à l'étranger ; el de loin, les évêques exilés frappaient I arianii me et fournissaient des moyens d’attaque et de défense à ceux que les barbares voulaient pervertir. Tels, pai exemple, Victor de Cartenne qui tii présentei i Gi nsi de même un livre contre les ariens, et Céréalis de Castellura dont nous possé-