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1833 ARIANISME, DÉCADENCE ET CHUTE DANS L’EMPIRE ROMAIN 183-i

sonnage le plus important. Deux diacres représentaient Lucifer de Cagiiari. Malgré le petit nombre de ses membres, ce « concile des confesseurs » , comme L’appelle Rufin, n’en est pas moins l’un des plus importants de la controverse arienne par l’autorité qu’il acquit et l’influence qu’il exerça sur la marcbe des événements. On n’a pas craint de dire qu’il « décida le retour du monde à l’orthodoxie » . Eug. Revillout, Le concile de j icée d’après les textes coptes et les diverses collections canoniques, Pari- ;, 1881 et 1899 ; Le concile de Nicée et le concile d’Alexandrie d’après les textes coptes, dans la Revue des questions historiques, 1874, t. xv, p. 329 sq.

Trois questions dogmatiques surtout préoccupaient en ce moment les esprits. Il y avait, entre les occidentaux el les orientaux, et chez les orientaux mêmes, à Antioche, entre les eustathiens et les mélétiens, la querelle des trois hypostases, les premiers n’en admettant qu’une dans la trinité, et les autres en soutenant trois. En second lieu, Macédonius de Constantinople avait appliqué à la troisième personne de la Trinité l’erreur arienne, « n niant la divinité du Saint-Esprit ; déjà saint Athanase avait écrit à ce sujet plusieurs lettres, adressées à Sérapion, évêque de Thmuïs, qui lui avait fait connaître dans son exil la doctrine des macédoniens oupneumatomaques. Enfin vers 361, Apollinaire, évêque de Laodicée en Syrie, avait posé d’une manière plus explicite un problème relatif à l’humanité du Christ, que les ariens avaient les premiers soulevé, le problème du « Twjjia a^uyov. L'étude de ces deux dernières erreurs appartenant à des articles distincts, il suffit d’indiquer ici la doctrine orthodoxe, sanctionnée par les Pères du concile d’Alexandrie. Le Saint-Esprit est con substantiel au Père et au Fils ; la trinité ne peut être divisée, rien de ce qui lui appartient n’est créature. Le Verbe, en s’incarnant, est devenu vrai homme ; par conséquent il a pris non seulement un corps humain, mais aussi une âme humaine. Tomus ad Antiochenos (ou lettre svnodate des Pères d’Alexandrie), 3, 7, P. G., t. xxvi, col. 800, 80L

La question relative à l’usage du mot hypostase était plus délicate, à cause des prétentions qu’avaient des occidentaux d’imposer purement et simplement aux orientaux leur propre terminologie : u.ia iméawaii. La fameuse /, milr de Sardique reparut, patronnée sans doute par les représentants de Lucifer de Cagiiari, et peut-être même par Eusèbe de Verceil ; mais on n’eut pas de peine à montrer qu’elle manquait d’autorité. Tomus, n. 5. 10. S.iini Athanase savait par expérience personnelle que le malentendu venait d’un sens différent, attribué au même mot par les occidentaux et les orientaux ; il les pria d’abord de s’expliquer les uns et les autres sur leur foi, le malentendu fut bientôt visible. Pour les latins, suivis par les eustathiens d’Anlioche, jîroTTairiç, traduit littéralement par substantia, devenait synonyme du mol ntia, o-jola ; don la formule : une hypostase, c’està-dire une seuli' xiihstance. Pour les -nés et pour les ii inH antioche, bnéo-raixi ; s’opposait simplement aux : v ; ™ri des sabelliens qui ne leur semblaient pas indiquer suffisamment le caractère substantiel et subsistant des trois personnes divines ; pour eux, J7îo'<7Ta<71 : n'équivalait donc pas au mot latin substantia, maispluii au mot subsistentia, alors inusité, et la consubstantialité des trois personnes nu hypostases était -auvegard par l’expression i.x Ovoia, une seule essence ou substitutr Quand l'équivoque fui bien constatée, on put s’unir pour anathématiser Arius, Sabellius, Paul de Saite et autres i puis, tout en laissant ; i

chacun sa terminologie, on convint que le mieux était nir au roniiie de Nicée. Tomus, n. 5-6 ; Revillout, op. ni., i. il p. 331 sq. ; Th. de Régnon, Études, i rii p. 174 q. Il est difficile de comprendre comde no joui, certains protestants ont pu dire que, eoncession. Uhanase renonça expressément a la formule « ui

bientôt, à propos des docteurs cappadocicns, la tendance qui se cache là-dessous.

A ces questions dogmatiques s’en joignait une autre de pure discipline, mais souverainement importante pour l’avenir de la renaissance nicéenne. Recevrait-on à la communion ou à la pénitence les ariens, les semi-ariens et les orthodoxes tombés par faiblesse, et à quelles conditions ? Là surtout, deux partis se trouvaient en présence : celui des intransigeants, comme Lucifer de Cagiiari, qui voulaient que ces lapsi fussent à tout jamais exclus des rangs du clergé ; et celui des modérés qui restreignaient cette peine aux principaux fauteurs de l’hérésie. Rufin, i, 28, P. L., t. xxi, col. 498. Le parti des seconds triompha ; pour toute condition, les hérétiques et les lapsi devraient anathématiser la doctrine arienne et confesser la foi de Nicée. Tomus, n. 8. Eusèbe de Verceil et Astérius de Petra furent désignés pour veiller, l’un en Occident, l’autre en Orient, à l’exécution des décrets du concile, mais ils devaient d’abord passer par Antioche, afin d’essayer de mettre un terme au schisme entre les eustathiens et les mélétiens. Ils partirent aussitôt, mais leur mission fut contrecarrée par Lucifer de Cagiiari, qui s'était déjà prononcé pour Paulin et l’avait ordonné évêque des eustathiens. Le fougueux auteur du pamphlet De non parcendo in Deum delinquenlibus, P. L., t. xiii, col. 935 sq., ne voulut pas souscrire aux mesures de sage douceur prises par les Pères du concile d’Alexandrie ; il cessa de communiquer avec saint Athanase, Eusèbe de Verceil et leurs amis, donnant ainsi naissance au schisme des lucifériens. A Antioche deux évêques orthodoxes restèrent en présence : Mélèce ayant pour lui les évêques d’Orient, Paulin soutenu par ceux d’Egypte et d’Occident. Mais ce fut là une exception ; les résolutions du synode des confesseurs furent sanctionnées par le pape Libère, et tout l’Occident les adopta. S. Hilaire, Fragm., xii, P. L., t. x, col. 71 i, 715 : S. Jérôme, Dialog. adv. Lucifer., 20, P. L., t. xxiii, col. 175. Un grand nombre de synodes célébrés à la même époque dans les Cailles, l’Espagne, la Grèce et autres pays donnèrent une vigoureuse impulsion au grand mouvement de renaissance nicéenne, parti d’Alexandrie, lies centaines d'évéques, qui n’avaient souscrit aux formules eusébiennes que par faiblesse ou par erreur involontaire, revenaient au parti de Nicée ; Eusèbe de Verceil, Philastre de Brescia et saint Hilaire de Poitiers recueillirent ainsi dans le diocèse de Milan, en 363, une foule de retours. Rufin, i, 30, 31, P. L., t. xxi, col. 500 sq. L’arianisme disparut presque complètement de l’Occident. En Orient, il y eut aussi de nombreuses et précieuses adhésions au parti nicéen, comme celle de saint Cyrille de Jérusalem, rentré dans sa ville épiscopale à l’avènement de Julien, et celle d’Eusebe nommé, sous l’influence île saint Basile, évêque de Césaréeen Cappadoce, après la mort de Dianée en 302. l’nan plus tard, le patriarche d’Alexandrie pouvait, dans sa lettre à Jovien, s’applaudir à bon droit du fruit réalisé.

111. L’arianisme sous les empereurs Julien et Jovien. — Apres la mort de Constance, les évêques booléens avaient gardé' leurs sièges, mais le parti lui-même perdit son influence, et L’arianisme strict s’accentua. Ai tins, le chef des anoméens, fut en faveur auprès de Julien, qui lui lit don d’un bien-fonds à Mitylène. PhilOStorge, IX, i. /'. C, t. LXV, col. 569. Il y eut plusieurs assemblées d'évéques ariens, en particulier un synode d’Anlioche en 302, présidé' par Euzoius ; on y ib. Lira de nulle valeur la sentence de déposition prononcée contre Ai’iius par le synode acacii n de Constantinople. L’hérésiarque fut même sacré' évêque avec plusiei partisans, m.iis s ; m d'évêché. I rge, vii,

0, /'. '.'., t. lxv, col. 544. I uiloxe, évêque de Constanti nople, tout en étant le protecteur des anoméens, n’eut

jamais le c 'âge de se dé( larer ouvertement pour leurs

doctrines. Les retards qu’il apportait sans cesse., |