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ARIANISME, RÉACTION ANTI-NICÉENNE


X. La. suprématie HOMéenne. — Le synode de Séleucie terminé, les homéousiens s’empressèrent d’envoyer à Constantinople une ambassade de dix évoques, ayant à leur tête Basile d’Ancyre ; saint Hilaire les accompagna. Mais les députés de Séleucie, comme ceux de Rimini, furent prévenus par leurs adversaires ; l’habile et politique Acace réussit à gagner l’empereur, qui n’acquiesça pas aux décisions prises par la majorité des évéques. Seul Eudoxe, accusé nettement de tendances anoméennes, dut les désavouer. Quand arriva la seconde ambassade du concile de Rimini, conduite par Ursace et Valens, ceux-ci et les acaciens firent cause commune sur le terrain de la formule de Niké, augmentée des anathèmes de saint Phébade ; mais alors apparut clairement aux yeux des évêques qui avaient été à Rimini la duplicité de Valens, qui ne manqua pas de retourner contre leurs auteurs le sens des additions admises. Par exemple : « Le Fils n’est pas une créature » comme les autres, ajoutait ou soulignait Valens ; il est donc, malgré tout, une créature. « Le Fils n’est pas tiré du néant ; s assurément, répondait-il, puisqu’il est de la volonté de Dieu. « Le Fils est éternel ; » oui, mais comme les anges, en ce qui concerne la durée future. S. Hilaire, Fragm., x, 3, P. L., t. x, col. 708. Les députés de Séleucie refusèrent d’abord de signer la formule de Niké, qui entraînait le rejet de l’oiioio-Jo-to ;, aussi bien que de l'ôy.ooiaioç ; mais Constance menaçant d’exil les récalcitrants, tous finirent par céder, le 31 décembre. Ainsi, grâce à sa formule homéenne, l’empereur avait fait l’unité. Unité toute de surface et de malentendus, on le verrait bientôt ; mais la fortune épliémère des homéousiens allait sombrer, et c'était la juste conséquence du compromis funeste qu’ils avaient accepté à la cour impériale de Sirriiium.

Peu après, au début de l’année 360, eut lieu à Constantinople la dédicace de la grande église de Constantin. Les acaciens en profitèrent pour tenir un synode, où avaient été spécialement convoqués les évéques de Bitbynie. Il s’ouvrit dés que cinquante évêques furent présents, mais ils s'élevèrent ensuite au nombre de soixante-douze. Chronicon paschale, P. G., t. xcii, col. 736. On y remarquait, outre Acace et ses lieutenants, le célèbre Ulphilas, évéque des Goths. Le synode s’emi de confirmer le symbole de Niké sous une forme un peu différente et sans lesadditionsde Phébade, S. Athanase, De synodis, 30, P. G., t. xxvi, col. 746, 747. Ensuite, appliquant les conséquences de l’homéisme, les acaciens s’en prirent successivement aux anoméens et aux homéousiens. Avec les premiers, ce fut plutôt pour la forme et par mesure de prudence ; Aétius seul, sacrifié pour ses témérités, fut exilé par l’empereur. Il en alla tout autrement avec les homéousiens ; ce fut une hécautes les sommités du parti, les évoques des influents, tombèrent pour une raison ou pour autre, sous les coups des acaciens, sans toutefois que le motif d’hétérodoxie fût mis en avant. Socrate, ii, 'il. /'. '.., t. I xvii, col. 350. Ainsi furent déposés Basile d’Ancyre, Eustathe de Sébaste, Eleuse de Cysiqne, Ma s de Constantinople, Silvain de Tarse, saint

Cyrille de Jérusalem, el d’autres évêques rattachés au

parti de plus ou moins pi rges de Laodicée avait

prudence de passer au camp des vainqueurs. Con Btance confirma les décisions du synode, exila les

il donna leurs sièges à d’autres. C’est

le 27 janvier, Eudoxe fut transféré d’Antioche

ntinople. Eunomius. disciple d' Aétius et second

chef des anoméens, devint évéque de Cyzique, où, du

la pas longtemps ; son radicalisme arien

outra le peuple et força Indexe m le déposer, malgré la

imunaulé de sentiments qui les unissait.

Ai > lantinople di pûtes du synode de

Séleucie, sainf Hilaire y avait composé sa seconde requête à l’empereur, Ad Comtanlium augustum liber secun dns, P. L., t. x, col. 563 sq. Il y demandait deux grâces au souverain : une conférence publique avec Saturnin d’Arles, auteur de son exil, afin de le convaincre des fausses accusations dont il l’avait chargé ; et une audience en présence du concile qui se tenait alors dans la ville impériale, afin de pouvoir défendre la foi orthodoxe. Le refus que le saint docteur essuya fut sans doute l’occa| sion du manifeste qui suivit, Contra Constantium imperalorem. Enfin, sous prétexte qu’il troublait l’Orient, l’empereur le renvoya en Gaule. Sulpice Sévère, Histor. sacra, ii, 45, P. L., t. xx, col. 154, 155. Il redevint aussitôt lame de la défense nicéenne en ce pays, mais il poursuivit en même temps son œuvre de conciliation entre l’Orient et l’Occident. A son instigation, des conciles provinciaux se tinrent de divers côtés, et nombre d'évêques qui s'étaient laissé tromper à Rimini désavouèrent cet acte d’erreur ou de faiblesse. On signale, en particulier, vers la fin de 360 ou dans le courant de 361, un concile de Paris, dont la lettre synodale, adressée aux évêques orientaux qui avaient eux-mêmes écrit les premiers, nous a été conservée par saint Hilaire, Fragm., xi, 1-4, jP. L., t. x, col. 710 sq. Les prélats gaulois y affirment nettement Voi.oo-J<no< ;, en expliquant que par ce terme ils entendent seulement exprimer que le Fils possède avec le Père qui l’a engendré une seule et même o-joia ou substance, et qu’il n’est ni une créature ni un fils adoptif ; ils permettent, du reste, qu’on parle aussi de similitude, pourvu que ce soit une similitude de vrai Dieu â vrai Dieu et qu’il y ait dans la divinité unité, et non pas seulement union. Les orientaux étaient avertis que les évêques gaulois avaient confirmé l’excommunication de Saturnin d’Arles. Histoire littéraire de la France, nouv. édit., t. I b, p. 129131.

En Orient, l’opposition n’eut pas la même fermeté'. Avant de se séparer, les membres du synode acacien de Constantinople avaient envoyé à tous les évêques le symbole de Niké, accompagné d’un édit de l’empereur portant la peine d’exil contre quiconque refuserait de le signer. Socrate, II, 41, P. G., t. LXVII, col. 317. Sous le coup des menaces et des violences, beaucoup faiblirent ; tels, Grégoire l’ancien qui se vit abandonné par tous les moines de son diocèse de Nazianze, et Dianée de Césarée en Cappadoce dont saint liasile quitta la communion. Constance eut pourtant des déceptions. Au début de 361, les homéens, sous l’influence d’Acace, donnèrent pour successeur à Eudoxe, sur le siège d’Antioche, Mélèce d’abord évéque de Bérée, sur lequel ilscroyaient pouvoir compter. Grande fut leur déception, quand dans son premier discours, le nouveau patriarche se déclara en substance pour la foi de Nicée. S. £piphane, Hær., lxxiii, 29-33, P. G., t. xui, col. 158 sq, l’n mois après, Mélèce partait pour l’exil ; il étail remplace par un arien décidé, Euzoius, le même qui, en 320, avait été condamné avec l’hérésiarque Anus. Cette double élection, tout en diminuant le parti des hétérodoxes, augmentâtes divisions de la chrétienté d’Antioche ; il y eut désormais les ariens, puis, du côié des orthodoxes, les eustathiens, administrés par un prêtre pieux, nommé Paulin, et les mélétiens. A la même époque, peut-être lors de l'élection d’Euzoius, eut lieu ce synode

d’Antioche, ou les évéques ariens déclarèrent nette nt

que le Fils n’est semblable au Père ni en substance, ni en volonté, et qu’il a été tiré du néant. S. Athanase, lie synodis, 31, P. <-, t. XXVI, col. 748 ; Sociale, ii, iô, /'. G., t. lxvii, col. 360, 361.

Ainsi les camps se tranchaient de plus en plus, el l’homéisme lui-même commençai ! à être sapé par les deux extrémités, quand son unique Boutien réel, l’empereur Constance, mourul subitement de la lièvre à Mopsucrène, au pied du mont Taurus en C.ihcie. le 3 novembre 361. Peu de temps auparavant, il été baptisé par Euzoius.