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ARIANISMÊ, RÉACTION ANTI-NICEENNE


P. G., t. xxv, col. 354 ; S. Hilaire, Fragm., H, 19, 20, P. L., t. x, col. 646 sq.

Plusieurs synodes se rapportent à la même époque. Euphratès de Cologne aurait été déposé en 346 pour ses tendances ariennes ; mais l’authenticité des actes sur lesquels repose cette assertion est discutée. Hefele, Hist. des conciles, trad. Delarc, t. il, p. 5, 6. Vers la fin de la même année ou au commencement de 317, un synode de Milan renouvela l’anatlième porté contre Photin de Sirmium et le déposa ; notification fut faite de cet acte aux évêques de l’Orient. Ursace et Valens obtinrent alors leur réhabilitation. Enfin, dans un synode tenu à Sirmium, plus tôt qu’on ne le dit communément, peutêtre en 347, comme le pense Zahn, Marcellus vonvncyra, p. 80, un grouped’Orientaux, ariens et eusébiens, souscrivirent à la décision du concile de Milan, mais ils prétendirent en même temps envelopper Marcel d’Ancyre dans la condamnation portée contre son disciple ; ils déclarèrent qu’il avait été absous à tort et d’une façon irrégulière par le concile de Sardique, et annoncèrent qu’Athanase lui-même avait cessé d'être en communion avec Marcel. En outre, en tête de leur lettre synodale, ils placèrent un symbole qui, par sa généralité et son ambiguïté, reprenaitbeaucoup du terrain précédemment concédé, si l’on en juge par ce début : « Nous confessons un seul àyévvï)Tov, Dieu le Père, et son unique Fils, Dieu de Dieu, lumière de lumière, premier-né de toute créature ; ajoutant en troisième lieu l’Esprit-Saint paraclet. » S. Hilaire, Fragm., il, 22-24, P. L., t. x, col. 651, 652.

VI. Persécution ouverte ; i.'arunisme en Occident. — Bientôt survint un événement politique qui devait avoir les plus graves conséquences. En janvier 350, l’armée des Gaules proclamait auguste le général franc Magnence ; l’empereur Constant en était réduit à se donner la mort. Les eusébiens recommencèrent à s’agiter ; comme toujours, ils songèrent d’abord à se défaire d’Albanase, dont la propagande nicéenne les effrayait et qui, vers ce temps-là, publiait son Apologia contra arianos. Leurs tentatives restèrent alors sans effet. Constance craignait que l'évêque d’Alexandrie, sollicité par l’usurpateur, ne se mit de son côté ; après la mort de Constant, il lui écrivit donc pour l’assurer de sa haute bienveillance. Apolog. ad Conslanthim, 23, P. G., t. xxv, col. 624. Saint Paul de Constantinople fut moins heureux ; attiré traîtreusement dans une sorte de guet-apens, il fut enlevé par l’ordre du préfet Philippe et conduit dans les déserts de la Tauride. Arrivé à Cucuse, lieu de son exil, il resta six jours sans nourriture et fut enfin étranglé, vers la fin de l’année. Macédonius, de nouveau imposé par la force aux fidèles de Constantinople, commença une sanglante persécution contre les orthodoxes et contre les novatiens qui s’accordaient avec ceux-ci sur le dogme de la Trinité. Socrate, H, 26, 27, P. G., t. i.xvii, col. 268. Sous son nouvel évêque, Antioche devenait un rendez-vous d’ariens décidés ; Léonce ordonna même diacre et chargea d’enseigner un de ses anciens disciples, Aélius, qui allait bientôt devenir un chef de parti, mais les vues avancées de ce personnage forcèrent bientôt l'évêque à le déposer. Aétius partit pour Alexandrie, où il se fit un disciple dans Eunomius, il ions deux posèrent les bases de la secte anoméenne. Valens et Ursace qui, suivant la remarque de Socrate, se mettaient toujours du côté qui leur paraissais le plus fort, renoncèrent à la foi de Nicée en déclarant qu ils uaient adhéré que par crainte de l’empereur Constant. Histor. arian., 28, 29, P. G., L xxv, col. 725.

Ainsi se reforma une î lalition anti-nicéenne,

dont les autre chefs étaient Gi Laodicée, Acace

de C odore d’Héraclée et Narcisse de Néro

niade ; parti de combat, aussi politique que religieux, et qui visait surtout a mettre l’empereur Constance dans iuti rôts. Celui-ci n’entra pleinement dans leun

qu’après sa grande victoire sur Magnence à Mursa en Mésie, le 28 septembre 351. Si l’on en croit Sulpice Sévère, Histor. sacra, ii, 38, P. L., t. xx, col. 150, la circonstance aurait été habilement exploitée par l'évêque de cette ville, Valens ; il aurait annoncé la victoire à Constance comme s’il en tenait la nouvelle d’un ange, et se serait ainsi concilié la faveur impériale. Sur le désir du monarque, un synode se tint à Sirmium, probablement dans l’hiver de 351 à 352. On y remarquait, parmi les membres inlluents du parti eusébien, Narcisse de Néroniade, Théodore d’Héraclée, Basile d’Ancyre, Eudoxe de Germanicie, Macédonius de Mopsueste, Marc d’Aréthuse, et, pour l’Occident, Ursace et Valens. C’est le premier des grands synodes de Sirmium. Photin fut de nouveau déposé, puis expulsé de sa ville épiscopale et envoyé en exil ; il eut pour successeur Germinius de Cyzique, un ami actif d’Ursace et de Valens. Marcel d’Ancyre fut également déposé, s’il ne l’avait pas été déjà plus tôt ; son siège fut donné à Basile, futur chef de parti. Le synode émit ensuite la profession de foi connue sous le nom de première formule de Sirmium. S.Athanase, De synodis, 27, P. G., t. xxvi, col. 735 sq. ; Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, t. i, § 72. C’est identiquement le quatrième symbole d’Antioche ; mais à la suite viennent vingt-sept anathèmes, dont le premier est celui de Nicée. La plupart se rattachent aux explications de l'è'x6e<n ; [xaxpônTiyoç, surtout en ce qui concerne le rejet du dithéisme ou du trithéisme, la réprobation de la doctrine de Marcel ou de Photin, et l’affirmation de la génération volontaire. La personnalité distincte du Fils et sa préexistence par rapport à sa génération temporelle dans le sein de Marie sont appuyées, dans les canons 14 à 17, sur les théophaniesde l’Ancien Testament. La mutabilité et la passivité de l'élément divin dans la personne du Christ sont rejetées dans les canons 12 et 13. Mais la tendance subordinatienne apparaît dansle3 « anathème, et surtout dans le 18' où il est dit : « Nous ne plaçons pas le Fils sur la même ligne que le Père, mais nous le subordonnons au Père. » Saint Hilaire a cependant donné de ce canon une interprétation bénigne. De synodis, 51, P. L., t. x, col. 518. En somme, ce concile de Sirmium garde une direction moyenne, mais il ne marque pas un progrès sur ceux d’Antioche.

Le 12 avril 352, l’Eglise perdit son chef, le pape Jules, ce grand défenseur de la foi de Nicée et de saint Athanase ; le 17 mai, Libère lui succéda, et les eusébiens se remirent aussitôt en campagne. D’après une lettre, Studens paci, rapportée par saint Hilaire, Fragm., iv, P. L., t. x, col. 678 sq., le nouveau pape aurait mandé à Rome l'évêque d’Alexandrie, et, celui-ci ayant décliné l’invitation, il aurait quitté sa communion et accepté celle des évêques orientaux ; mais l’authenticité de ce document est justement niée parBaroniuset les éditeurs bénédictins de saint Hilaire, P. L., loc. cit., note ; voir aussi Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, t. i, p. 865. Il n’en est pas moins certain que saint Athanase fut de nouveau accusé à Rome, comme à la cour impériale ; il nous apprend lui-même quelles nouvelles charges on produisit. Apologia ad imp. Constantium, P. G., t. xxv, col. 595 sq. Pour se justifier auprès de l’empereur, il lui envoya à Milan, en mai 353, une députation composée de cinq évoques et de trois prêtres égyptiens ; mais ces envoyés ne purent réussir à détromper Constance, qui se trouvait de plus en plus engagé sur la voie de l’arianisme politique. L’impératrice Eusébie, qu’il venait d'épouser, employait toute son influence en faveur de ce parti. Bientôt la mort de l’usurpateur Magnence, survenue à Lyon au mois d’août, le laissait seul maître de l’empire et libre enfin de suivre sa politique religieuse et de satisfaire ses ressentiments personnels, longtemps contenus.

Les amis d’Albanase avaient agi à liome ; quatre-vingts évéquea avaient envoyé un mémoire justificatif en sa