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ARIANISME, RÉACTION ANTI-NICÉENNE


après Socrate et Sozomène, nombre d’auteurs, mais dans l’été ou, au plus tard, dans l’automne de 343. Epist. heort., Citron., P. G., t. xxvi, col. 1354 ; Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, t. I, p. 737 ; Gwatkin, Sludies, p. 124. Il s’y trouva environ cent soixante-dix évêques, dont soixante-seize eusébiens et quatre-vingt-quatorze orthodoxes. S. Athanase, Hist. arian., 15, P. G., t. xxv, col. 710 ; Socrate, ii, 20, P. G., t. lxvii, col. 235. Parmi les eusébiens, on remarquait Etienne d’Antioche, Acace de Césarée, Basile d’Ancyre, Théodore d’Héraclée, Marc d’Aréthuse, Eudoxe de Germanicie, Macédonius de Mopsueste, Maris de Chalcédoine, Ursace et Valens. Parmi les orthodoxes on comptait des représentants de divers pays : Espagne, Gaule, Bretagne, Afrique, Italie, Illyrie et Dacie, Macédoine et Thrace, Egypte ; après Osius de Cordoue, les principaux évêques étaient Gratus de Carthage, Protase de Milan, Vérissime de Lyon, Maximin de Trêves, Fortunatien d’Aquilée et Vincent de Capoue. Saint Athanase, Marcel d’Ancyre et Asclépas de Gaza, déposés par les eusébiens, se trouvaient présents. Le pape Jules était représenté par deux prêtres, Arcbidamus et Philoxène ; Osius présida. Mais dès le début, on se heurta à un parti pris desOrientaux, effrayés sans doute de se voir en minorité ou disposés d’avance à ne rien céder des décisions prises dans leurs synodes. Ils posèrent comme condition préliminaire qu’on devait tenir pour déposés et définitivement jugés Athanase, Marcel et les autres évêques qui étaient dans le même cas ; agir autrement, ce serait manquer de respect aux conciles orientaux qui les avaient condamnés. Tout ce qu’on put leur dire fut inutile ; et quand ils virent la majorité des Pères disposés à passer outre, donnant pour prétexte qu’ils venaient d’apprendre une victoire de Constance sur les Perses et qu’ils devaient aller le féliciter, ils quittèrent précipitamment Sardique pendant la nuit et se retirèrent à Philippopolis, ville de Thrace qui obéissait à l’empereur Constance. Deux seulement restèrent, Astérius de Petra en Arabie et Arius de Palestine ; par eux furent connues les trames des eusébiens.

Les orthodoxes n’en continuèrent pas moins leur œuvre. Ils revisèrent d’abord entièrement les procès de saint Athanase, de Marcel d’Ancyre et d’Asclépas de Gaza. L’enquête fut favorable aux accusés ; voici, en particulier, le passage de la lettre synodale relatif à l’évêque d’Ancyre : « On nous a lu également le livre de notre collègue Marcel, et la fourberie des eusébiens a été reconnue ; car ce que Marcel avait dit sous forme di question, ils l’ont accusé calomnieusement de l’avoir enseigné ex professa. Après avoir lu le contexte, on a reconnu que sa foi était droite. Il n’attribue pas, comme les eusébiens l’affirment, pour commencement au Verbe de Dieu sa conception dans le sein de Marie, et il ne dit pas que son règne doive finir. Car il avait écrit que son règne n’a ni commencement ni (in. » L’enquête faite eut un autre résultat ; elle montra toutes les illégalités et les violences dont les eusébiens s’étaient rendus coupables. Le concile déposa et anathémalisa les chels du parti, Théodore d’Héraclée, Narcisse de Néroniade, Etienne d’Antioche, Georges de Laodicée, Acace de Cé-Ménophante d’Éphèse, Ursace et Valens ; il frappa pareillement d’anathème les évêques intrus, comme uire de Cappadoce. Puis, il publia des canons sur la discipline ecclésiastique, mais s’abstint prudemment di donner une autre formule de foi que celle de Nicée. On a cité parfois, il est vrai, comme symbole de Sardique un document rapporté par Théodoret, II, 6, P. G., t. lxxxii, col. 1012 sq. ; mais c’est à tort, il faut probablement voir là une explication du symbole de Nicée projetée par Osius de Cordoue et Protogène de Sardique. On y remarque plusieurs points notables ; une allusion aux erreurs christologiques des ariens, quand il est dit qu’en Jésus-Christ l’homme a souffert, et non pas le

Verbe ; l’affirmation explicite de l’éternité du Fils et de son règne ; la reconnaissance d’une certaine supériorité dans le Père « non pas en vertu d’une substance autre ou d’une diversité quelconque, mais eu égard au nom de Père qui est plus grand que celui de Fils » ;. surtout, l’emploi du mot ÙTtôcrTaac ; dans le sens d’oùac’a, ce qui fait qu’on maintient dans les trois personnes de la Trinité une seule hypostase, [xi’av ÛTtdarairiv. Sous ce dernier rapport, la feuille de Sardique témoignait chez quelques Occidentaux d’une attitude intransigeante en fait de terminologie que nous retrouverons plus tard au concile d’Alexandrie de 362 ; c’est le signal de la querelle des trois hypostases. Voir Th. de Régnon, op. cit., 1™ série, p. 167-1(39.

Les actes du concile de Sardique furent communiqués au monde catholique par trois lettres, adressées l’une à l’église d’Alexandrie et aux autres églises dont les pasteurs avaient été déclarés innocents, une autre aux évêques de la chrétienté, une troisième au pape Jules. S. Athanase, Apol. contr. arian., 37-49, P. G., t. xxv, col. 371 sq. ; S. Hilaire, Fragm., Il, 1-14, P. L., t. x, col. 632 sq. (texte assez défiguré). Deux légats, les évêques Vincent de Capoue et Euphratès de Cologne, furent envoyés à Constance ; ils devaient solliciter de cet empereur la permission pour les évêques déposés, saint Athanase en particulier, de rentrer dans leurs diocèses ; Constant leur avait donné une lettre de recommandation, écrite sur un ton ferme et même menaçant. Socrate, II, 22, P. G., t. lxvii, col. 246 ; Théodoret, il, 6, P. G., t. lxxxv, col. 1018.

De leur côté, lesOrientaux ne restèrent pas inactifs à Philippopolis. Ils rédigèrent une encyclique, datée de Sardique et adressée à Grégoire d’Alexandrie, Amphion de Nicomédie, Donat (évêque schismatique) de Carthage et autres évêques, prêtres et diacres de l’Eglise catholique. S. Hilaire, Fragm., iii, P. L., t.x, col. 658 sq.Ilsy reprennent les accusations habituelles contre les évêques déposés par les eusébiens, avec cette particularité qu’ils rejettent souvent sur leurs victimes la responsabilité d’actes commis ou provoqués par leurs propres partisans, à Alexandrie par exemple et à Constantinople. Ils accusent leurs adversaires de vouloir introduire un nouveau droit, en faisant juger les Orientaux par les Occidentaux et en prétendant infirmer leurs décisions synodales. Ils justifient leur refus de prendre part au concile de Sardique sur ce qu’il ne leur était pas permis de communiquer avec des évêques déposés et anathématisés ; en conséquence, ils refusent la communion ecclésiastique et déclarent l’anathème aux évêques déjà déposés, Athanase, Marcel, Asclépas, Paul, et à leur* fauteurs, Osius, Protogène, Gaudence de Naïssus en Dacie, Maximin de Trêves et le pape Jules. Enfin, ils donnent leur profession de foi, nullement anoméenne, comme le dit Socrate, mais identique en substance à la quatrième formule d’Antioche, soit pour la partie positive, soit pour l’anathème porté contre l’arianisme pur. Ils ajoutèrent seulement : « La sainte Église catholique réprouve pareillement et exècre ceux qui disent qu’il y a trois Dieux, ou que le Christ n’est pas Dieu, ou qu’il n’a pas été avant tous 1rs siècles Christ et Fils de Dieu, ou qu’il est lui-même Père, Fils et Saint-Esprit, ou que le Fils est àyéwTjTo ;, ou que Dieu le Père ne l’a pas engendré par son conseil et sa volonté, o-j [toj’t.r, vei rr’jfÀ Ûl/.v-tei. » Ce dernier trait vise saini Athanase, qui rejetait l’expression consilio et voluntate gentil, non qu’il prétendit faire du Père engendrant son Fils un agent aveugle et sans volonté’, niais en ce sens que la i ition du Fils, èx -r, - avalai toO U.o.tpii, relevait do la constitution intime et nécessaire de la nature et de la vie divine ; il se défendait de soumettre Dieu à une aveugle nécessité en distinguant ce qui est opposé’à la

volonté’et ! < qui est au-dessus de la volonté. O ratio m contr. arian., 62, P. G., t. XXVI, col. 453.