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ARIANISME, REACTION ANTI-NICEENNE


commis soit dans les églises, soit contre les orthodoxes, surtout contre les moines et les vierges consacrées à Dieu. Saint Athanase a donné le récit de ces tristes événements dans VEpislola cncyclica qu’il rédigea, caché aux environs d’Alexandrie, P. G., t. xxv, col. 221 sq. ; puis il partit pour Rome, où il parvint après la Pàque de 339.

Vers le même temps arrivèrent auprès de la chaire de saint Pierre d’autres évêques et des prêtres, déposés par les ariens en divers pays de l’Orient, Thrace, Célésyrie, l’hénicie, Palestine, Egypte. Parmi eux se trouvait Marcel d’Ancyre. Le pape Jules avait de nouveau convoqué les eusébiens. Ceux-ci, après des lenteurs calculées, linirent par remettre aux envoyés du pape, les prêtres Elpidius et Philoxéne, une lettre où sous une forme littéraire courait un ton dédaigneux et menaçant ; ils reprochaient surtout à l'évêque de Rome d’avoir accueilli Athanase déposé par sentence synodale, et s’excusaient <le ne pouvoir répondre à sa convocation, parce que l'époque indiquée était très rapprochée et que, d’ailleurs, la guerre de Perse les en empêchait. Cette lettre fut probablement rédigée dans un synode d’Antioche au début de 340. Peu après éclata la lutte fratricide entre Constantin II et Constant ; le premier, ayant envahi l’Italie, livra bataille auprès d’Aquilée, mais il fut tué, et ses provinces passèrent à Constant, devenu ainsi en avril seul empereur d’Occident. En octobre ou novembre, le pape Jules tint enfin un synode d’une cinquantaine d'évêques dans une des églises secondaires de Rome. Athanase etMarcel furentadmisà présenter leurdéfense ; après une enquête soigneuse et détaillée, leur innocence fut proclamée. Le pape communiqua ces décisions aux Orientaux dans une lettre très remarquable ; c’est VEpislola Juin Danio, Flaccillo, barcisso, Evsebio, etc., que nous a conservée saint Athanase, Apol. contr. arian., 21-35, P. G., t. xxv, col. 281 sq. L'évêque de Rome répond avec non moins d’habileté que de dignité et de fermeté aux plaintes et aux insinuations des évêques eusébiens ; à son tour il relève leurs procédés arbitraires et anlicanoniques dans la déposition d’Athanase et l’intrusion deGrégoire. A plusieurs reprises, il fait appel aux décrets de Nicée. Pour Marcel, il avait affirmé à Rome que les accusations formulées contre lui n'étaient pas exactes ; interrogé, du reste, sur sa foi, il s'était montré d’une orthodoxie irréprochable. La lettre se terminait par une exhortation à la paix. La réponse vint, quelques mois après, d’un nouveau synode d’Antioche, doublement important, et pour l’attitude que les eusébiens y prirent

i I égard de Rome, et pour la nouvelle phase qu’il inaugura sous le rapport dogmatique.

IV. Synode d’Antioche /.v excjENUs ; substitution

l)E~ FORMULES SCFUPTURMRES AU SYMBOLE DE NlCÉE. — Dans ['été de 341, eut lieu, d-nns la capitale de la Syrie, la dédicace de l'église d’or, commencée par Constantin, et achever par Constance. A cette occasion, 97 évêques formèrent, entre le 22 mai et le 1° septembre, le synode dit de la dédicace, b » irxouvfoi ;. En général, ils n'étaient pas hétérodoxes, mais tous étaient orientaux, la plupart n. me du patriarcat d’Antioche, et la minorité eusébienne comptait parmi ses membres des personnages aussi habiles qu’influents ; il suffit de citer Flacillus d’Anlio’che, Eusèbe de Constantinople, Acace de Césarée, Patrophile de Scythopolis, Théodore d’Héraclée, Eudoxe de Germanicie, Dianéede Césarée en Cappadoce, Georges de Laodicée. C’est là ce qui peut aider à comprendre la physionomie si complexe de cette assemblée. Eiefele, Uist. '1rs conciles, trad. Leclercq, t. i, § 56. Ainsi, dans ce> vingt-cinq canons de discipline générale, auxquels les témoignages de respect n’ont pas manqué, deux trahissent nettement l’influence des évêques eusébiens, cl leur hostilité persévérante à l'égard de saint Athanase. le quatrième, il est dit que, si un évéque déposé par un syuode ose continuer ses fonctions comme avant

sa déposition, il ne doit plus espérer d'être réintégré. Dans le douzième, on lit que, si un évêque déposé par un synode vient importuner l’empereur, au lieu de porter sa cause devant un synode plus considérable, il ne doit pas obtenir de pardon, il n’a plus le droit d’exposer sa défense, et doit perdre tout espoir d'être réintégré par la suite. Ces deux canons devinrent aussitôt une arme dont les eusébiens se servirent pour faire confirmer par le synode d’Antioche la déposition d’Athanase, et pour s’opposer au projet qu’avait le pape Jules de faire examiner de nouveau dans un concile la cause du saint évêque. L’inlluence eusébienne se manifesta encore par la rédaction et l’acceptation de nouvelles professions de foi ; c'était, par le fait même, porter un coup réel au credo de Nicée. Mais en même temps la présence d'évoqués orthodoxes réagit sur les eusébiens, et les force à se tenir à une distance de plus en plus notable de l’arianisme strict. Les quatre formules d’Antioche se trouvent dans saint. Athanase, De synodis, 22-25, P. G., t. xxvi, col. 720 sq. ; elles sont reproduites, avec des notes utiles, par Hahn, Bibliot/iek der Symbole, 3e édit., § 153-156.

La première formule trahit dans ses auteurs une préoccupation apologétique ; ils se défendent d'être, eux évêques, les partisans d’Arius ; ils ne sont pas allés à lui, mais ils lui ont permis, après avoir examiné sa foi, de se joindre à eux. Rs énoncent ensuite leur croyance « en un seul Dieu suprême, eîç ëva 0£Ôv tôv t<ôv 6X<j>v, le créateur et conservaleur de toutes choses, les intelligibles et les sensibles ; et un seul Fils de Dieu, seul engendré, qui a existé avant tous les siècles, et est avec le Père qui l’a engendré, nai cuvôvra t<5 yzyv^i)Y.6- : i aùfôv IlaTpt, par qui toutes choses ont été faites, les visibles et les invisibles ; lequel, aux derniers temps, est descendu par la volonté du Père, et a pris chair de la Vierge… » . A la fin, Marcel d’Ancyre est visé, quand on dit du Fils, « qu’il reviendra juger les vivants et les morts, et qu’il demeure roi et Dieu pour l'éternité. » Le symbole provient évidemment d'évêques qui, au synode de Tyr, avaient eu une part active à la réhabilitation d’Arius et de ses partisans ; on peut, sans témérité', y voir la main d’Eusèbe de Constantinople et de son groupe. Le contenu est littéralement orthodoxe, mais l’omission de 1'Ô|j.oo’j(tio ; et la généralité des termes employés témoignent nettement d’une tendance antinicéenne.

On ne s’arrêta pas à cette première formule ; une seconde fut émise peu après, beaucoup plus détaillée et plus importante aussi pour la suite de l’histoire : « Conformément à la tradition évangélique et apostolique, nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, l’auteur, créateur et conservateur de toutes choses, duquel tout provient ; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, son Fils, le seul Dieu engendré, tôv ixovoyevîi 0eôv, par qui tout a été fait, engendré du Père avant les siècles, Dieu de Dieu, tout du tout, unique de l’unique, parfait de parfait, roi de roi, Seigneur de Seigneur, Verbe vivant, sagesse vivante, vraie lumière, voie, vérité, résurrection, pasteur, porte, immuable et sans vicissitude, im ; ia' adéquate, àirapàXXaxxov Etxdva, de la divinité, de la substance, ovfftoc, de la volonté, de la puissance et de la gloire du Père, le premier-né de toute la création, qui au commencement était en Dieu, Verbe Dieu, suivant ce qui est dit dans l'Évangile : Et le Verbe était Dieu ; par qui tout a été fait, et en qui tout subsiste ; lequel, aux derniers temps, est descendu d’en haut, est né' de la Vierge selon les Ecritures, et s’est fait homme, i’vOptoTrov -, 'çvoij.îvo'/… » Puis, à propos du texte Baptitantes eos in nomine Pains ri Filii ri Spirittu Sancti : « Ces noms ne sont pas placés là par hasard ni sans raison, mais ils signifient clairement l’hypostase propre, tt, v oï/.eiav ùndataire/, le rang et la gloire île chacun de ceux qui sont nommés ; ils font voir qu’ils sont trois par l’hypostase, et un par l’union, tr, u.èv Onoatiæi tpia, t/j