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1793
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ARIANISME (PÉRIODE ORIGINAIRE DE L')


par Harnack, dans son Précis de l’histoire des dogmes, traduction d’Eug. Choisy, Paris, 1893, p. 179, quand il dil d’Arius : « Celui-ci avait beau jeu de prouver que la docIrine d’Alexandre n’tHait gardée ni contre le dualisme (deux àYÉv)fa), ni contre l'émanation gnostique (^poëûX-r, , àuôppoia), ni contre le sabellianisme ('j’toTïâT(i)p), ni enfin contre la conception d’une corporalité de Dieu. » Et quand le même auteur prête à L’hérésiarque cette assertion, « que la forme de la doctrine d’Alexandre est aussi changeante que la couleur du caméléon, » il met gratuitement dans la bouche d’Arius ce que celui-ci n’a pas dit, mais ce qui, au contraire, a été dit de lui et des ariens par saint Alexandre d’abord, dans sa lettre à son homonyme de Byzance, n. 6, P. G., t. XVIII, col. 57(î, puis par saint Athanase, De decretis nie. syn., , P. G., t. xxv, col. 416.

Les protestants libéraux ont encore relevé vivement certaines expressions, comme celles de blasphémateurs et d’antéchrists, dont l'évêque d’Alexandrie s’est servi à l'égard des ariens. Pour comprendre ce langage, il faut tenir compte de la conviction personnelle où était le saint de défendre la foi catholique, taCra r ? É ; 'Exx>Yi<Tt’aç rà àicoaTo).ixà 6ôyp.aTa, et de l’importance dogmatique qu’il attachait justement aux vérités que les nouveaux hérétiques niaient et s’efforçaient de ruiner. Il s’agissait bien d’une question capitale dans l'économie du christianisme : le Verbe incarné, Jésus-Christ, est-il vraiment Dieu, ou n’est-il qu’une demi-divinité, vraie créature au fond ? Suivant qu’on répondait dans un sens ou dans l’autre, les dogmes les plus fondamentaux du christianisme, la trinité, l’incarnation, la rédemption, l’eucharistie même, changeaient d’aspect et de portée. Ce sera la gloire de saint Athanase de développer à fond cette considération féconde, en montrant que toute l'économie du christianisme repose sur la foi en Jésus-Christ, Dieu et homme, sur cette double idée que le Père s’est pleinement révélé à nous par son Fils, et que le Verbe de Dieu s’est fait homme pour notre rédemption. Déjà le jeune diacre et secrétaire du vieil évêque d’Alexandrie préludait à son prochain apostolat de docteur par ses deux discours Contra gentes et De incarnatione Verbi, P.G., l. xxv, col. $1-$297, composés avant le concile de Nicée, vers 318 ou 323, suivant les opinions. Le premier n’est qu’un combat contre le paganisme, mais le second est une démonstration du christianisme qui contient en germe la doctrine athanasienne sur l'œuvre de la rédemption. Le l.ogos du Père, qui par essence est un avec lui, pouvait nous apprendre à connaître le Père invisible, nous rapprocher de Dieu, nous faire enfants de Dieu ; il se fit donc homme. Supprimez sa divinité : que reste-t-il du Christ comme révélateur du Père, comme médiateur cl rédempteur ?

L’arianisme pouvait avoir, comme il eut de fait, un succès temporaire, dû surtout à l'état intellectuel et religieux de plusieurs classes de 1? société, quand il apparut. M9* Ginoulhiac, Histoire du dogme catholique…, 1. IX, c. xiv ; Th. de Régnon, op. cit., 3e série a, p 196-199. En leur présentant un christianisme helléil plaisait à une foule de demi-chrétiens, d’esprits superficiels ou de politiques, que la conversion de l’empereur Constantin amenait à l'Église chrétienne. Dans le — * î 1 1 même du christianisme, où tant d’erreurs avaient puis deux siècles, il pouvail rallier de nombreux partisans par ce vaste syncrétisme où juifs ébio nitrs. gnostiqu 'ientauz, sabelliens rationalistes, phi lonistes alexandrins, origénistes subordinatiens, retrouvaient tous quelque chose de leurs doctrines. Mais ce rétisme même devenait aussi dans la main des urs orthodoxes une arme puissante contre la doctrine arienne ; ils y pouvaient dénoncer, avec saint Athanase, moins une hérésie nouvelle qu’un assemblage de ton rreurs ; ils pouvaient reproche]

aux (enants d’Arius de ne pas différer des païens, aux UICT. M : THÉOL. CATM01-.

quels l’idée d’un grand Dieu, supérieur aux autres, n'était pas étrangère ; ils pouvaient parler de judaïsme, de dualisme et même de polythéisme ressuscites ; ils pouvaient soumettre au contrôle de la raison ce Logos arien, être indéfinissable qui ne devient Dieu qu’en devenant homme, et qui cependant n’est ni Dieu, ni homme. Toutefois, avant que les docteurs achevassent leur œuvre, l’Eglise enseignante allait faire la sienne, car elle ne pouvait rester indifférente devant la question posée : Jésus-Christ, que les saints et les martyrs ont adoré, est-il vraiment Dieu, ou n’est-il qu’une créature ?

V. Le concile œcuménique de Nicée. — Il n’entre pas dans le cadre restreint de l'étude présente de raconter au long les actes de cette illustre assemblée, ni de discuter les questions de détails ; il suffira d’en détacher ce qui a plus directement trait à l’histoire de l’arianisme. Les évéques se réunirent à Nicée, le 20 mai 32."), au nombre de trois cent dix-huit, chiffre traditionnel que donne saint Athanase, dans sa lettre Ad Afros, 2, P. G., t. xxvi, col. 1031. L’Occident était représenté par Osius de Cordoue, accompagné des deux prêtres romains Viton et Vincent, par Cécilien de Carthage, Nicaise de Die en Dauphiné (voir Revue bénédictine, 1899, t. xvi, p. 72-75), Eustorge de Milan et trois ou quatre évéques de divers pays. Parmi les Orientaux, on remarquait les évéques des sièges apostoliques, Alexandre d’Alexandrie, Eustathe d’Antioche et Macaire de Jérusalem ; puis, parmi les prélats plus activement mêlés à l’histoire du concile, les deux Eusèbe et Marcel d’Ancyre. Alexandre de Constantinople s’y trouvait aussi, soit comme prêtre fondé de pouvoirs par son vieil évêque Métrophanle, soit comme déjà promu lui-même à l'épiscopat. Avec le patriarche d’Alexandrie, était venu le diacre Athanase. Enfin, sur l’ordre de l’empereur, Arius s'était rendu à Nicée. Rufin, i, 1, P. L., t. xxi, col. 467. Ce n'était pas une assemblée d’ignorants, comme l’a prétendu Sabinus, évêque macédonien d’Iléraclée en Thrace, dont Socrate signale la partialité, I, 8, P. G., t. lxvii, col. 65. D’ailleurs, ce dont on voulait juger, ce dont on jugea, d’après l’histoire du concile, ce n'était pas la philosophie du dogme ; c'était le dogme lui-même sur un point fondamental du christianisme, et cela d’après les saintes Écritures et la foi traditionnelle de l'Église. Gélase de Cyzique, Historia coucilii niæni, 1. I, P. G., t. lxxxv, col. 1193.

Jusqu'à l’arrivée de Constantin, il y eut des réunions privées où les discussions commencèrent ; c’est là probablement que, d’après les anciens récits, se distinguèrent saint Athanase et saint Alexandre de Constantinople. Les sessions solennelles s’ouvrirent, le H ou 16 juin, après l’arrivée de l’empereur ; dans son discours de bienvenue, il exprima vivement son désir de voir la paix et l’union dans l’Eglise. On ne saurait dire au juste quelle marche suivirent les débats, ni quelle fut l’orientation exacte des partis. Des auteurs modernes, s’inspirant de nos mœurs parlementaires, ont bien distingué dans le concile une droite formée par le parti d’Osius et d’Alexandre, une gauche composée d’Arius et de ses partisans extrêmes, comme Théonas et Second, un centre gauche occupé' par Eusèbe de Nicomédie, enfin un rentre droit dirigé par Eusèbe de C.ésarée ; mais il est difficile de reconnaître dans les documents primitifs des groupements aussi précis. Sozomène remarque seulement, d’une façon générale, que les uns voulaient s’en tenir à la foi traditionnelle, tandis que les autres prétendaient ne pas admettre sans examen les opinions des anciens. Les camps se tranchèrent : d’un côté, la majorité hostile à l’hérésiarque el à ses doctrines ; en face, une minorité de dix-sepl ou de vingt-deux évéques. Ce dernier compte esi celui de Philostorge, (f ni range parmi les partisans d’Arius non seulement Eusèbe de Nicomédie et s, , n groupe de lucianistes, mais menu' irée et l'.iulin de Tr. Supplem. Plttlo-