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ARIANISME (PÉRIODE ORIGINAIRE DE L')


ques de la province d’Alexandrie, Second de Ptolémaïde et Théonas de Marmarique. Alors le patriarche lit un second pas, plus imporlant que le premier ; il réunit, vraisemblablement en 320, un synode où se trouvèrent plus de cent évêques de l’Egypte et de la Libye. Les actes de cette assemblée ne nous sont pas parvenus ; on sait seulement qu’Arius y fut anathématisé avec ses partisans, le* deux évoques Second et Théonas, les cinq prêtres Achillas, Aithales, Carpones, un autre Arius et Sarmates, enfin les six diacres Euzoius, Lucius, Julien, Menas, Helladius et Gaius.

II. Propagation de l’hérésie, les deux Eusèbe. — Le débat, loin de finir, prit de plus grandes proportions. Arius chercha des appuis au dehors ; il écrivit à son ancien condisciple Eusèbe, ce « conlucianiste » qui du siège épiscopal de Béryte était passé à celui de Nicomédie, une lettre où l’astuce se mêle à l’habileté. Après avoir exposé sur un ton satirique la doctrine de ses adversaires, Arius présente la conduite de saint Alexandre comme la condamnation d’un certain nombre d'évêques, tels qu’Eusèbe de Césarée, Théodote de Laodicée, Paulin de Tyr, Athanase d’Anazarbe, Grégoire de Béryte et Aétius de Lydda. Trois évêques seulement échapperaient à la condamnation, Philogone d’Antioche. Hellanicus de Tripolis et Macaire de Jérusalem. Arius résume enfin sa doctrine et conclut : « Nous sommes persécutés pour avoir dit : Le Fils a un commencement, et Dieu est sans commencement. Nous sommes persécutés pour avoir dit encore : Le Fils est tiré du néant. » S. Épiphane, Hser., lxix, P. G., t. xlii, col. 210-211. Eusèbe répondit : « Tu penses bien ; prie pour que tous pensent comme toi : car il est évident que ce qui a été fait, tô 7teTTO'.r, ijivov, n'était point avant d’avoir été fait. Ce qui se fait, tb yevotiEvov, commence d'être. » S. Athanase, De synodis, 17, P. G., t. xxvi, col. 712. C'était un immense appoint pour l’hérésiarque que cette adhésion. Prélat ambitieux, influent à la cour, surtout auprès de Constantia, sœur de l’empereur Constantin et femme de son collègue Licinius, apparenté même à la famille impériale et n’ayant guère son pareil en fait d’habileté et de savoir-faire politique, Eusèbe de Nicomédie sera en réalité le chef militant du parti arien. Sans tarder, il écrivit de tous côtés aux évêques pour leur recommander Arius et ses partisans. On peut juger tout à la fois de son prosélytisme ardent et de ses idées nettement ariennes par sa lettre à Paulin de Tyr, qui se trouve dans Théodoret, 1, 5, P. G., t. lxxxii, col. 91 i.

Dans cette lettre, Févêque de Nicomédie se sert, pour exciter le zèle de Paulin, de l’exemple d’Eusèbe de Césarée. Le célèbre historien de l'Église s'était, en effet, déclaré en faveur d’Anus, et s’il fallait juger de sa foi par deux lettres qui se trouvent citées dans les actes du second concile œcuménique de Nicée, on aurait peine a séparer sa cause de celle de Farianisme proprement dit. Dans l’une, adressée à saint Alexandre, il cherche ; t démontrer que l'évêque d’Alexandrie a dépeint la doctrine uienne sous de trop sombres couleurs : dans l’autre, adressée à Euphration, évêque de Balanéc, il nie la co-éternité du Fils, el affirme en outre qu’il est inférieur au Père et qu’il est Dieu, mais non pas le rai Dieu. P. /.., t. c : xix, col. 429-430. Mais ces iffisent pas à donner une idée te de la doctrine d’Eusèbe de Césarée qui, en cordant i d’Arius sur plusieurs points, s’en

dl --in' d’autres, comme la suite de cette contrôla voir, 11e pas moins rai que sa protection, s’ajouta ni a celle de l’autre Eusèbe, doublai) la force du parti arien.

inl Alexandre rompril qu’il fallait lutter sur le mémi

terrain et contre-balancer l’influence des deux Eusèbe

auprès des autres évêques. Il convoqua une nouvelle

mblée du clergé alexandrin et maréotique, el lit

souscrire à tonles membres présents unelettre en cyclique, destinée à renseigner sur le véritable état des choses tous ses collègues dans l'épiscopat. P. G..t.xviii, col. 571 sq. Il y explique la naissance de l’hérésie et sa diffusion, donne le nom des hérétiques et prémunit les évêques contre les intrigues des ariens et de leurs protecteurs, Eusèbe de Nicomédie en particulier. Le pape saint Sylvestre reçut communication de ces actes. Arius et ses partisans, se sentant soutenus, n’en continuèrent pas moins à faire du prosélytisme dans Alexandrie, entraînant dans leur hérésie un grand nombre de vierges consacrées à Dieu et déconcertant les simples fidèles par leurs discours captieux. Si le document conservé 1 dans les œuvres de saint Alexandre sous le titre de Depositio Arii est authentique, deux prêtres, Charès et Pistus, et quatre nouveaux diacres se seraient joints vers cette époque au parti des révoltés. P. G-, t. XVIII, col. 581. Dès lors aussi le diacre Athanase, secrétaire et conseiller intime de l'évêque Alexandre, mérita d’encourir la haine des Tlriens, comme il nous l’apprend lui-même. Apolog. contr. arian., 6, P. G., t. xxv, col.257.

Arius dut pourtant quitter Alexandrie ; vers 321, il se rendit en Palestine et en Bithynie auprès des évêques qui le protégeaient. Son séjour à Nicomédie fut marqué par deux actes importants ; sur le conseil de l'évêque Eusèbe, il écrivit à saint Alexandre une lettre polie où il lui soumettait, en son nom et au nom de ses partisans, une sorte de symbole dont il sera question plus loin ; puis il composa son principal ouvrage, intitulé©âXeia ou le Banquet. Le peu qui nous en reste ne permet pas de se faire une idée bien nette de cet écrit ; Arius paraît y avoir exposé sa doctrine, partie en prose et partie en vers. Le genre aurait été imité d’un poète égyptien nommé Sotade, mal famé pour son esprit elléminé et son caractère dissolu. Voir Fialon, Saint Athanase, Etude littéraire, Paris, 1877, p. (33 sq. ; Loofs, art. Arianismus, dans Realencyklopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, 3° ('dit., sous la direction du D Albert llauck, Leipzig, 1896 sq., t. ii, p. 12-13. En choisissant ce genre de composition, Arius voulait populariser sa doctrine ; c’est dans la même intention qu’il fit des chants pour les marins, les menuisiers, les voyageurs et autres classes d’hommes. On lui fait trop d’honneur, quand on l’appelle le père de la musique religieuse dans l'Église chrétienne ; saint Athanase parle tout autrement de la Thalie et des chants ariens.

En même temps, les partisans de l’hérésiarque répandaient sa doctrine dans l’Asie Mineure et la Syrie. Un rhéteur de Cappadoce, nommé Astérius, se distinguail entre tous par son activité ; parcourant les églises, ce « sophiste à plusieurs têtes » y lisait publiquement un écrit, cruvTxyu.àTiov, où il avait systématisé la nouvelle hérésie. S. Athanase, De synodis, 18, P. G., t. xxvi, col. 713. De leur coté, les évêques gagnés à la même cause agissaient efficacement, Sozomène parle d’un synode tenu en Bithynie, qui adressa une encyclique à tous les évêques, pour leur demander de recevoir les ariens à

leur communion et de s’interposer en leur faveur auprès d’Alexandre. Dans un autre synode, que réunirent en Palestine Eusèbe de Césarée, Paulin de Tyr et Patrophile de Scythopolis, on recommanda bien au chef de la nouvelle secte et à ses partisans de faire tous leurs efforts pour obtenir de leur évêque leur réhabilitation, mais en même temps on les autorisa a reprendre leurs fonctions cléricales a Alexandrie et a lenir îles réunions Lois leurs é-lises. C'était légaliser un schisme religieux dans celle ville. Mais comment expliquer une pareille conduite ? Dans une étude récente, lies sug tive mais souvent hardie et par trop subjective, on.* soupçonné l’influence d’Eusèbe de Nicomédie se servant de Con tantia el 'le Licinius, pour imposer à saint Alex. nuire la réhabilitation ou du moins la tolérance d’Arius et de ses partisans. Otto Seeck, Vntersuchungen tur Gcschichle des Nicânischen Kontil » , dans la Zeit-