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ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE


tiennes de la Gaule, 1856. Martigny a donné un excellent Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877. L’Histoire des persécutions de Paul Allard a mis à profit toutes les recherches et les découvertes de M. DeRossi. Ainsi a fait également M. Théophile Rollcr dans son ouvrage sur les Catacombes de Rome, 1881 ; malheureusement ses jugements et interprétations des monuments sont plus d’une fois faussés par un esprit de controverse qui lui fait prendre parti systématiquement contre toutes les conclusions favorables à la tradition catholique. — Le disciple qui, en France, fait le plus d’honneur à l’illustre maître est sans contredit Ma r Duchesne, le savant auteur de l'édition critique du Liber pontificalis, Paris, 1886-1892, et le collaborateur de Jean-Baptiste De Rossi pour la publication du Martyrologium hieronymianum, Bruxelles, 1894.

En Angleterre, les travaux de M. De Rossi ont inspiré, chez les catholiques, Northcote et Brownlow, Roma sotterranea, Londres, 1869 ; chez les protestants, Mariott. Le Diclionary of c/iristian antiquities de Smith, Londres, 1876-1880, est composé dans un esprit assez indépendant.

En Allemagne, on s’est mis assez tard à l'étude de l’archéologie chrétienne. Parmi les nombreux savants qui s’y livrent aujourd’hui, il faut nommer Hiibsche, Denkmàler der christliclien Arkitecture, 1866 ; Piper et Dobbert ; Kraus, qui a donné un excellent résumé de la « Borne souterraine » de M. DeRossi, et une très utile encyclopédie d’archéologie chrétienne, Real-Encyclojuidie der christlichen Alterthùmer, Fribourg, 18801886 ; Schultze, qui a publié une étude intéressante sur les catacombes de Naples ; enfin deux Allemands qui se sont fixés à Rome, M9 r Wilpert, auteur de plusieurs monographies fort remarquables sur les peintures des catacombes romaines, et M9 r de Waal, fondateur et directeur de la revue archéologique Rômische Quartalschrift.

On a pu juger des développements pris par l’archéologie chrétienne, du nombre de savants qui lui consacrent leurs travaux, et des résultats qu’on peut en attendre, dans les deux Congrès internationaux tenus à Spalato (1891)età Rome (1900).

IV. Caractère des principaux monuments chrétiens

DES NEUF PREMIERS SIÈCLES ET RENSEIGNEMENTS QU’ILS PEUVENT FOURNIR A LA THÉOLOGIE. — I. PRINCIPAUX

MONUMENTS : les catacombes. —Les principaux monuments étudiés par l’archéologie chrétienne sont sans aucun doute les anciens tombeaux chrétiens de Rome et d’autres pays.

La forme de ces tombeaux est tout à fait différente de a Ile des tombeaux païens. Les chrétiens en effet n’ont jamais adopté l’usage de la crémation, ils ont toujours eu la coutume, autant du moins que cela était possible, de grouper leurs défunts dans un cimetière commun, expression de la charité fraternelle qui animait la communauté chrétienne. Il était naturel qu’ils imitassent le mode de sépulture usité en Palestine, puisque c'était celui qu’on avait employé pour le Sauveur et que d’ailleurs les premiers fidèles de la nouvelle religion étaient venus d’Orient. C’est ce qui explique le caractère général des catacombes.i Rome, à Naples, à Syracuse, etc. Lorsque la nature du sol ne permettait pas l’excavation soutêrcimetières chrétiens étaient construits en plein air, cwees, et entourés d’un mur d’enceinte, comme, par exemple, à Carthage. Kvidemment les monuments des cimetières souterrains ont été les moins endommaMieux conservés et plus importants que tous les autres, ceux de Rome suffisent à eus seuls pour donner une idée d’ensemble de l’histoire, de la foi, des usages dl 9 premiers temps du christianisme.

Dans cette reconstitution, il fuit se garder de demander aux catacombes plus qu’elles ne peuvent donner. "Vouloir y retrouver intégralement toute la vie et toutes

les croyances des anciens chrétiens serait une prétention bien excessive. Les catacombes sont avant tout des monuments funéraires, et occasionnellement des églises et des lieux de réunions ; par conséquent ce que nous devons trouver d’abord dans les inscriptions et les œuvres d’art, ce sont les expressions et les symboles qui ont une relation plus ou moins étroite avec le dogme de la vie future. Autant il serait absurde de prétendre établir la règle de foi des chrétiens d’aujourd’hui sur le seul témoignage de leurs monuments sépulcraux, autant il y aurait méconnaissance des lois de la critique historique à restreindre au témoignage des tombeaux les preuves de la foi et de la discipline primitives.

Il n’en reste pas moins vrai que ces monuments, tels que la providence nous les a gardés, surtout dans les catacombes romaines, nous manifestent l’identité de notre foi actuelle avec celle des premiers chrétiens. Identité d’autant moins contestable qu’elle nous est attestée par des inscriptions et des peintures qui ne sont pas postérieures au commencement du Ve siècle, ainsi que l’a péremptoirement démontré M. de Rossi.

II. inscriptions.

Extrêmement simples, les inscriptions chrétiennes de l'époque la plus reculée n’expriment que les noms du défunt, tout au plus quelque acclamation comme in Deo, — pax tecum, — pax tibi, — in pace, etc., à côté de laquelle on a parfois peint ou gravé un symbole, l’ancre qui rappelle la croix, la colombe qui représente l'àme, etc.

Au IIIe siècle, l'épigraphie chrétienne, en se développant, commence à employer des formules relatives aux dogmes chrétiens. Elles parlent de la foi en un seul Dieu, en la divinité de Jésus-Christ, de la foi au Saint-Esprit, à la Très Sainte Trinité. Surtout elles font très fréquemment allusion au dogme de la communion des saints et à sa double conséquence : la prière des vivants pour le repos des âmes, et l’intercession des âmes bienheureuses en faveur des vivants. A la première idée se rattache l’expression de refrigerium (rafraîchissement) conservée jusqu'à maintenant dans la liturgie de la messe ; à la seconde, la formule pete pro nobis, adressée aux défunts, surtout aux martyrs, que l’on priait aussi d’accueillir les âmes des fidèles et de les introduire en paradis.

Beaucoup plus rares sont, pendant les trois premiers siècles, les inscriptions dogmatiques relatives aux sacrements ; il y en a néanmoins qui mentionnent le baptême et la confirmation ; l’eucharistie est rappelée dans les deux célèbres inscriptions d’Abercius et de Pectorius, qui ne viennent point des catacombes romaines. Voir ces deux mots.

Une autre catégorie d’inscriptions nous montre, dès l’origine, presque tous les degrés de la hiérarchie ecclésiastique : nous avons des inscriptions de papes, d'évéques, de prêtres, <le diacres, d’autres ministres inférieurs, acolytes, lecteurs, exorcistes, portiers, fossoyeurs ; puis celles de vierges consacrées, virgines sacræ, virgines Dei ; de fidèles, de néophytes, de catéchumènes. II y en a une collection très importante au musée chrétien de Latran, à Rome ; elle a été disposée avec unerarehabileteparM.de Rossi. Voir 0. Marucchi, Cuida del museo cristiano lateranense, Rome, 1896.

Enfin les inscriptions damasiennes nous ont conservé' de précieux souvenirs de l’histoire des martyrs et un témoignage authentique, on peut dire officiel, du culte que, dès le IV siècle, l’Eglise rendait à ses saints. — D’autres inscriptions historiques nous fournissent pour les six premiers siècles d’utiles renseignements sur la dédicace des basiliques, des baptistères, etc., sur l’histoire générale OU locale, sur certaines circonstances où s’exercèrent l’autorité de l’Eglise et la suprématie du siège apostolique. Voir Kpkjraphie chrétienne.

Ut. velmuhes. — Les peintures chrétiennes des cala-