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ARCANE — ARCHANGE DE LYON


Le sacramentaire léonien, qui ne nous est parvenu que mutilé, contient la formule de la consécration des évêques, des diacres et des prêtres : le canon de la messe manque dans l’unique manuscrit que nous avons dudit sacramentaire, « il devait se trouver au commencement, dans la partie perdue. » Duchesne, Origines du culte, 2e édit., Paris, 1898, p. 132. Or le manuscrit est du VIIe siècle et les pièces du sacramentaire léonien s’espacent entre le vie et le Ve siècle.

L'évolution qui s’accomplit en Occident est aussi celle de l’Orient grec. On trouve dans Théodoret des déclarations aussi fermes que celles du pape Innocent I". Mais la pratique est loin de répondre à ces déclarations. Vers 445, l’historien Sozomène, écrivant l’histoire du concile de Nicée, raconte qu’il avait pensé reproduire le texte du symbole de Nicée. Mais « des amis pieux et au courant de ces choses » lui représentent qu’il ne convient pas que des textes, « que seuls les initiés et les clercs (u/jcracç xai (J.uaraytoyoïç jj.ôvoiç) ont le droit de réciter et d’entendre, » soient publiés dans un livre qui peut tomber aux mains de personnes non initiées (h.>.ir(ztù'i) : Sozomène cachera donc ce qu’il faut taire de l’arcane (tûv àîroppr.Ttov a XP'Ô ff’witâv). H. E., I, 20, P. G., t. lxvii, col. 920. Sozomène a un scrupule que Socrate n’a pas eu, puisque celui-ci a inséré dans sa propre H. E., I, 8, ibid., col. 68, le texte du symbole de Nicée. Et pareillement ce texte est donné par Eusèbe, par saint Athanase, par Gélase, par Théodoret, par saint Basile, par saint Cyrille d’Alexandrie, etc. Sozomène lui-même, i, col. 921, le résume : « Il faut savoir, dit-il, que les évêques ont défini que le Fils est consubstantiel au Père, « etc. — Cinquante ans plus tard, c’est-à-dire sur la fin du Ve siècle, le pseudo-Denys l’Aréopagite, écrivant sa Mijslica theologia, a soin de dire dès le début : « Prends garde que de non-initiés n’entendent » (u, Y)5e ; tûv àu.-jï|T(Dv). Et d’ajouter : « Par non-initiés, je veux dire ceux qui s’attachent aux seules choses naturelles et ne conçoivent rien qui puisse être au-dessus. » Myst. theol., 2, /'. G., t. iii, col. 1025. La notion de l’arcane catéchétique semble devenue étrangère au pseudo-Denys.

Chez les grecs, la langue ecclésiastique, sous l’influence d'écrivains aussi littéraires que ceux du IVe et du Ve siècle, multiplia les enTprunts à la langue classique en ses expressions religieuses. M. Bonwetscha noté que les écrivains ecclésiastiques eurent le tact de réserver le mot opyta aux mystères des païens ou au culte des hérétiques, et de ne l’appliquer jamais aux choses de l'Église. Encore l’avons-nous rencontré chez Clément d’Alexandrie. Mais il en fut autrement du mot Te).£Tr„ que l’on appliqua à la messe. On christianisa pareillement les dérivés : véXetov, ?û.i<ri.'XTtt, teaeîv, TeTeXe<T[Uvoç, TeXeuŒt' ;, te).<vj|xïvo( ;, Te).eto-j(j.evoç, xeÀsiWi ;. Depuis saint Paul le mot ]j.-j(TTr, pcov était reçu : on reçut à la suite u.-joroeyioyta, (rjTTaywj'ô ;, [rjorayioye ; -/, |rjo"7<xy<j>yeïa-9ac, u.jï)71 ;, (j.ueïc’Jat, |i.ï(j.jr, (j.evo ;. Quant au mot in6m-r< ;, M. Bonwetsch note qu’il se rencontre très souvent ; mais que tantôt il est pris dans son sens banal, tantôt dans son sens spécial de mystère. Zeitscltri/t fur hist. Theol., loc. cit., p. 271-278. Ce serait une illusion que de chercher dans ce lexique la trace d’emprunts autres que des emprunts verbaux. Le pseudo-Aréopagite est peut-être l’auteur leplus abondant en emprunts de ce genre. Il en crée même de nouveaux : ï|uio-ro ;, ')inr^--x, O'.acwrr, ;, lïpop.'j ?Tr) ;, ispoTtXeorrj ;, reXetapxfa, teXrrovpYiotLa hiérarchie est pleine pour lui de [w<rcayci>yo(, de « >eaiovpyo(, de îepeï ;  : les prêtres sont des lepovpyof, et les sous-diacres des 8spa7TEuTa£. Il n’y a là que des jeus de mots.

La réelle survie des formes de l’arcane se trouve dans la liturgie de la messe. Dans la messe grecque, la prière sur les catéchumènes s’est maintenue à la place où les ititutiom apoBtoliquéi la plaçaient déjà, et elle continue d'être suivie du renvoi des catéchumènes prononcé parle diacre : "OaocxaTy)XOV|MVOi npoï/MiL. l’uis

au moment où l’anaphore ou canon de la messe va commencer, le diacre crie : Tàç 8-jpaç, ràç ôupaç : les portes, les portes ! C. A. Swainson, The greek liturgies, Cambridge, 1884, p. 119, 127. Mais le sanctuaire est séparé de la nef par un degré, p^a, et, au lieu des cancelli primitifs, ou bien l’on tend un voile derrière lequel le prêtre célèbre, ou bien le mur de l’iconostase remplit plus efficacement encore le même office, qui est de cacher les saints mystères à l’assistance. Ibid., p. 141. Dans la liturgie gallicane, au témoignage de saint Germain de Paris, dès la seconde moitié du vie siècle, le renvoi des catéchumènes avant l’oblation était une rubrique conservée, mais qui ne représentait plus qu’un usage périmé. Saint Germain en parle à l’imparfait : Catechumenum ergo diaconus ideo clamât, juxta anticum Ecclesise ritum, ut tam Judsei quam hæretici vel pagani instructi, qui grandes ad baptismum veniebant et ante baptismum probabati' tur starent in ecclesia, et audirent consilium V. et N. Testament !, … post precem exirent. Duchesne, Origines du culte, p. 193. — Dans la liturgie romaine, les sacramentaires et les ordincs les plus anciens (vin 8 siècle) ne mentionnent même plus le renvoi des catéchumènes. Saint Grégoire, dans un trait qu’il rapporte de saint Benoit, en parle, comme saint Germain, à l’imparfait. Duchesne, op. cit., p. 163.

Laissons à d’autres de décider s’il faut voir un reste de l’arcane dans les mots mysterium fidei que la liturgie romaine a introduits dans l’anamnèse du canon delà messe. Comme, aussi, si c’est un reste de cet arcane que la rubrique qui interdit de prononcer le canon à haute voix, et tout autant la règle qui interdit de le traduire en langue vulgaire. Voyez le curieux livre de P. de Vallemont, Du secret des mystères ou l’apologie des rubriques des missels, Paris, 1710-1715.

Nous avons cité, à propos de la question de l’arcane, la bibliographie du sujet. Rappelons : Schelstrate, Tentzel, Bingliam, Hothe, Bonwetsch, et plus particulièrement V. Huyskens, Zur Frage ùber sog. Arkandisziplin, Munster, 1891.

P. Batiffol.

    1. ARCHANGE##


1. ARCHANGE. Voir Ange.

2. ARCHANGE DE BURGO-NOVO ou DE BOURG-NEUF, religieux italien, de l’ordre des frères mineurs, vivait dans la seconde moitié du xvi c siècle. Très versé dans la connaissance de l’hébreu, il s’adonna à l'étude du ïalmud et des doctrines cabalistiques. On a de lui : 1° Trattalo ossia dichiarazione délia virtu e dignita del nome di Gesu, Ferrare, 1557 ; 2° Une apologie Pro defensione cabalse, in-12, Bologne, 1561, où il défend contre P. Garzia les conclusions cabalistiques de Pic de la Mirandole ; 3° Cabalistarum selectiora, Venise, 1569 ; 4° Des Notes sur li conclusions cabalistiques de Pic de la Mirandole, in-8°, Bàle, 1600.

Hurter, Nowenclator lilcrarius, Inspruck, 1892, t. i, p. 186 ; 1899, t. iv, col. 842 ; Glaire, Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, Paris, 18C8.

V. Obi.et.

    1. ARCHANGE DE LYON##


3. ARCHANGE DE LYON, capucin, se nommait dans le monde Michel Desgranges (ou Degranges). Né à Lyon le 2 mars 1736, il entra en religion le 4 mars 1751, et arriva à la charge de lecteur en théologie qu’il remplissait à la fin du XVIIIe siècle. Ayant parlé dans un sermon contre les États généraux de 1789, le P. Archange fut contraint de s’enfuir ; il passa d’abord en Savoie, puis à Sion dans le Valais, où il demeura trois ans, jusqu'à ce que, les troupes de la République française ayanl envahi la Suisse, il dût quitter ce pays. Sans crainte il revint à Lyon (vers 17 (.)ii) et d’abord en secret, ensuite publiquement, ayant repris son nom de Michel Desgranges, il exerça le ministère sacerdotal et lut pendant plusieurs années curé de la paroisse des Chartreux, Sachant que l’un de ses anciens confrères de la province de Savoie.