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mieux que les opinions des philosophes : qui ignore la conception virginale de Jésus, sa crucifixion, sa résurrection, le jugement à venir qui punira les pécheurs et récompensera les justes ? Le mystère (yucroripiov) de la résurrection est connu et même tourné’en ridicule par les infidèles. Après cela, dire que notre doctrine est secrète, c’est dire une absurdité (eVi to-jtoiç oùv Xéyeiv /.p-jçiov eivat tô Soyfj.auâvj èutV/ aT07tov). Mais que [dans le christianisme] tout ne soit pas exotérique (nvoc [xerà ta èÇoTEpi/câ), qu’il y ait des choses qu’on ne répand point hâtivement dans le public (perç eî ; toùç noXXoô : ç’iâvovta), cela est commun aux chrétiens et aux philosophes, qui ont pratiqué l’exotérisme et l’ésotérisme… A-ton incriminé jamais de ce chef les mystères des grecs et des barbares ? » Contra Cels., i, 7, P. G., t. xi, col. 668. Origène ne voit dans ce parallèle qu’un argument ad liominem. Ailleurs, en effet, il le reprendra, contre Celse encore, et pour montrer que le rapprochement esquissé par Celse entre le christianisme et les mystères païens prête à des accommodations verbales, mais ne va pas plus loin. Celse parlait des cultes païens qui promeltaient la purification des fautes (xa9âp<7ca àjj.ap- : /)uâr (ov), et il rappelait que ces cultes invitaient à l’initiation « quiconque était pur de tout crime, quiconque avait la conscience sans remords » , tandis que les chrétiens promettent le royaume de Dieu aux pécheurs. Origène répond que le christianisme appelle les pécheurs, en effet, mais pour leur faire changer de vie, et il les appelle à l’initiation seulement quand ils ont été amendas. Origène se sert du mot de Celse : Nous les appelons à nos « mystères » (teXeiâç) » cac, selon le mot de saint Paul, nous énonçons la sagesse aux « parfaits » (teXei’oi ;). Origène développe en reprenant la pensée et les expressions de Celse : Voici, dit-il, ce que nous déclarons à qui s’est instruit près de nous de la science de l’immortalité : « Celui qui est pur, non seulement de tout crime, mais de fautes minimes, qu’il ait confiance, qu’il soit initié aux mystères de la religion selon Jésus, réservés aux saints et aux purs ( ; x’je(’<t9w xà nuar^pta t ?i< ; xaxà’It) « toOv ÔcOTEoeia ;). Le myste de Celse dit seulement : Celui qui n’a conscience d’aucune mauvaise action, qu’il vienne ! le mystagogue selon Jésus (’; xatà tôv’Iï^jo-jv u.-jcraywytiW) dit au contraire : Celui à qui depuis un tempsdéjà long son âme ne reproche rien, qu’ilapprenne la doctrine de Jésus. » Donc, conclut Origène, Celse « en rapprochant la méthode des mystes des Grecs de celle des didascales selon Jésus, n’a pas connu la différence » qui les distingue si à fond. Contra Cels., iii, 59-61, P. G., t. xi, col. 1000. Mais ces accommodations verbales, dont Origène, après Clément d’Alexandrie, nous donne ici un spécimen, bien dans le goût de l’allégorisme alexandrin, sont destinées à se perpétuer dans la langue ecclésiastique. Et ce qui prouve qu’elles sont grecques d’origine, c’est que saint Cyprien n’a pas une seule expression pareille.

Origène vient de nous permettre de constater que l’institution du caléchuménat a introduit dans la prédication chrétienne une économie nouvelle, qui réserve dans cette prédication le programme propre des catéchèses à un enseignement ferme. Pareillement, dans la liturgie, les actes auxquels ne participent que les fidèles constituent un culte fermé. Le 28’canon d’Hippolyte dit : « Que les clercs veillent à ce que personne ne participe aux saints mystères, sinon les fidèles seuls. » Observons toutefois que c’est là un usage établi, non proprement une loi. Car on no peut citer ; iueun concile qui l’ait portée ou renouvelle, depuis le concile d’Ekire jusqu’au concile in Trullo. Pas plus que la Didaché, ni les Canons d’Hippolyte, ni la Comtitution ecclésiastique apostolique, ni la Constitution ecclésiastique égyptienne, ni le Testament <ln Seigneur, ni la Didascalie des apôtres, ni les Constitutions apostoliques, ni les Canons apostoliques, ne mentionnent larcane

comme une loi organique. Les Canons d’Hippolyte disent simplement : « Les secrets de la vie, de la résurrection et de l’oblation doivent être entendus par les chrétiens seuls, car ils ont reçu le sceau du baptême. » Can. 29. Et on voit le caractère tout liturgique de cette prescription. On comprend dès lors que la liturgie soit autrement explicite que le droit.

En Egypte d’abord. L’Euchologe de saint Sérapion de Thmuis (environ 360)a une prière qui implique le renvoi des catéchumènes à l’issue de l’homélie et avant l’offertoire de la messe. On y lit, entre autres choses, celles-ci : « Qu’ils soient gardés |par toi, Seigneur) dans [la science de) ce qu’ils apprennent et dans la pureté de l’intelligence, et qu’ils soient estimés dignes du bain de la palingénésie et des saints mystères. » G. Wobbermin, Altcliristl. liturg. Stùcke, Leipzig, 1899, p. 16. — Voici qui est plus significatif. Les ennemis de saint Alhanase avaient fait état contre lui d’un sacrilège qu’on prétendait avoir été commis par un de ses prêtres, Macaire : chargé par Athanase d’interdire tout exercice du culte à un certain Ischyras, qui n’avait point été ordonné et prétendait cependant célébrer l’eucharistie dans son village, Macaire aurait fait violence à Ischyras à l’autel même, brisé le calice dont il se servait, et jeté à terre les espèces consacrées. Saint Athanase discute le fait et montre qu’il est controuvé, discussion dont nous tirons plusieurs importantes données. Athanase reproche aux ariens d’avoir jeté cette discussion dans le public : « Ils n’ont pas honte, dit-il, de mettre tout cela en scène devant des catéchumènes, et, ce qui est pis, devant des païens (Tpayw80-jvTEç xà p.u irrita), alors qu’il est écrit que l’on doit garder le secret du roi, alors que le Seigneur nous fait un précepte de ne pas donner le saint aux chiens, les perles aux porcs. Car il ne faut pas dévoiler les mystères aux non-initiés (oj y ? ! ™ u.uoTr ( pia à(j.ur)Tot ; xpaywSEîv), de peur que les païens n’en rient dans leur ignorance, et que les catéchumènes ne se scandalisent à les connaître ainsi. » Apolog. contra arian., 11, P. G., t. xxv, col. 265-269. Athanase se fonde, comme sur un principe incontesté, sur la règle qui interdit de révéler l’eucharistie aux catéchumènes et aux païens. Athanase, en outre, se sert, comme d’un langage désormais commun, des expressions origénistes de [w<mf)pi «  et de à|j.-Jï]Toi. Le calice est pour lui le irjorixôv ttotyJpiov. Le prêtre’upoiipysi. — La suite de la discussion nous intéresse encore. Athanase rapporte qu’une commission d’enquête est envoyée par le concile arien de Tyr. Des piètres demandent à assister à l’enquête : on le leur refuse. C’est en présence du préfet d’Egypte et de sa suite qu’a lieu l’interrogatoire des témoins. « On les interroge sur le calice et sur la table, en présence de païens et de Juifs ! Ce serait incroyable, si ce n’était pas dans le dossier. Oui, des prêtres, eux qui sont les ministres des mystères (tûv lvuorqpt’wv Xeitovipyoî), sont exclus de L’audience, mais le juge est un homme du dehors (ÈÇtoTixov) ; mais des catéchumènes sont là ; mais, pis encore, dis païens et des juifs sont là ; et on interroge là des témoins sur le sang du Christ, sur le corps du Christ ! Il fallait que cette enquête fût faite dans l’église, par dea clercs, légalement, et non par des païens qui ne connaissent pas la religion. » Ibid., 31, col. 300. 11 ressort ainsi du récit d’Athanase que la règle, sur l’observation de laquelle Athanase et ses fidèles sont infiniment délicats, est violée sans scrupule par les méléciens et les ariens, ainsi qu’il est naturel à une règle qui est un usage sans sanction.

En Syrie, nous retrouvons le même usage. La Pcregrinatio Silvise décrit les catéchèses de Jérusalem : la cérémonie de la reddition du symbole est suivie de l’allocution que voici de l’évoque : Per istns septem septimanas legem omnem edocti estis scripturaruni, nrnion eliamdefideaudistis ; audistis etiam et <ir resurreclione camis ; … tamen a<lliuc catcchuntcin audirc verbum