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ARCANE
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P. Weisi et Mf Probst. Le I' Hurter pose <n thèse que la discipline di * 6U plane univenalit

qu’elle est attestée par Augustin, Athana se, Cyrille deJéruBalen i Chrysostome, Ambroise, Gaudentius, les

papes Jules l" el Innocent I". etc. si elle est universelle donc qn « Ile est de tradition apostolique, b> P. Hurter la vi il observée avec une rigueur extrême, et il ii donne pour pn uve que l< - persécuteurs n’uni connu la doctrine chrétienne que subobscure. Enfin l’arcane avait pour objel tous les sacrements, particulièrement l’eucharistie, mais aussi les plus hautes vérités révélées. Le I 1. Hurter concède que cette discipline a duré en Orii ni jus [u à la fin du v siècle, en Occident jusqu’au milieu du vi » . Il renvoie à Schelstrate seul. Hurter, Theolog. dogmat. compendium, t. iii, n. 377. Autant fut le I'. Pesch, Prselectiones dogmat., t. vi, n. 91, où l’on peut voir que l’arcane s’est élevé depuis Schelstrate, et par sa faute, à la dignité d’un principe d'école.

Du côté des protestants, l’opinion est dominée par le désir de réduire la place historique octroyée trop largement par fs catholiques à la discipline de l’arcane. Le rapprochement, instilué par Casauhon entre l’arcane isiastique et les mystères païens, est exploité par les antiritualistes, avec ce médiocre sens liturgique qu’ont la plupart des protestants. Dans un autre sens, aussi peu heureux, Frommann cherche la racine de l’arcane dans l’influence des cultes païens, dans l’imitation de la pratique des Juifs envers les prosélytes, et dans le secret observé par la gnose alezandrine. De disciplina arcani, léna, 1833. Itothe, par un retour judicieux vers les idées de Daillé, ramène l’attention sur le rapport qui rattache l’arcane au catéchuménat, à l’organisation de la catéchèse et à la participation seulement partielle ils catéchumènes au service divin. De disciplina arcani origine, Heidelberg, 181l. Les vues de Rothe suiit acceptées par Zezschwitz, System derKatechetik, Leipzig, 1863. Ensemble ils insistent sur le caractère pédagogique de la discipline de l’arcane. S’il y a des rencontres sur plusieurs points entre certaines formes du catéchuménat et certaines formes des mystères païens, si même il y a parfois des emprunts au moins verbaux, l’essence du catéchuménat et de ses formes est cho^e chrétienne, purement chrétienne, et la discipline de l’arcane est une de ces formes. Iluyskens, p. 28. M. Bonwetsch, après avoir eu 1873 abondé-dans le sens de Th. Harnack, s’est rallié depuis au sentiment de Kattenbusch, pour qui la discipline de l’arcane est un effort fait pour entourer le culte de plus de respect aux yeux des masses et pour leur donner l’impression de la possession du mvsière. Re.alencyklopàdie, 3<- édit., Leipzig, 1897, t. ii, p. 50.

Nous allons à notre tour reprendre historiquement celle enquête, et essayer de mettre toutes choses au point.

II. L’arcane des mystères païens. — Il ne faut chercher dans la religion romaine rien qui ressemble à des mystères. De théologie, elle n’en avait point. Ses prêtres étaient des fonctionnaires publics ; les divers cultes étaient des services publics ; la religion tout entière aurait pu être tenue pour une administration

publique, si le culte do stique n’avait pas maintenu

des sa ra pri Ua a côté des sacra publica. Mais, officielle ou domestique, la religion romaine était moins une mythologie qu’un rituel, et ce rituel n’avait rien de plus sei i- ! que les loi-..1. Marquardt, Le culte chet les Romains, lr.nl. Brissaud, Paris, ISSU, t. i. p. 2, 146. Cette religion Formaliste et vide, lorsque l’empire eut unifié le vieux monde, n’eut pas raison des cultes qu’elle trouva vivants. On supprima, sans réussir complètement, ceux qui étaient féroces", tel le culte du Saturne d’Ali ique auquel on immolait des petits enfants : Sed et occullo persévérât hoc sacrum facinus, assure

Ml. ii, Apol, 9, /'. /.., t. I, Col. 315. BlaiS le-.mires

perei locaux, et quel |

loin.i.- disparaître, trouvèrent 'luile vide m do la religion officielle meoccasion favorable a leur expansion. Elle lui prodigieuse. Et en raison menu déficit mvsiiqiie et moral « le la religion romaine, expansion profita surtout aux cultes non romain'-. ; des titres divers, offrir* al a l oiedes élément il mystiques. Tels furent, entre tous, le culte isiaqu le culte mithriaque, dont il ne faut point séparer i Eleusinies.

I.e CUlte (l’I-is et de ses pan-di.

Harpocrate) s'était répandu d Egypte a Antioet Smyrne, en Macédoini, en rhessalie, a Athènes, en Sicile, quand il pénétra à Rome sur la tin du second siècle avant l'ère chrétienne. Il eut de longues i persécutions

surmonter. A mainterepu-.- sous la république, Auguste, leautels d’Isis furent prohibés. En fan 10 de notre ère. 'libère interdit par sé-nalu- -consulte le culte d’Isis aux citoyens de Home, et les prêtres isiaques furent déportés. Il demeura toujours un culte privé, desservi par des confrérieprivée- ; mais la plus haute société de Rome et la cour impériale rnéme lui fournit ses initiés. L'épigraphie, qui fait foi de la ferveur de la société de Rome pour le culte isiaque, témoigne aussi de la diffusion qu’il eut, dans toute l’Italie, en Gaule, on Germanie, en Espagne, en Afrique. G. Lafaye. art du Dictionnaire des antiquité » de Darernberg et S Marquardt, ouvr. cit., p. 95. Les caltores sacm Isidis, formés en collèges, eurent des temples (Isia*. un sacerdoce, une liturgie ; ils eurent surtout des mystères.

Apulée, à la fin du iie siècle de notre ère, dans le roman de la Métamorphose, met en scène l’initi. n de son héros, Lucius, aux mystères isiaques. à Cent près de Corinthe. Lucius est décidé à entrer dans l’association (dare nomen huic sondas militim) : il loue un logement dans l’enceinte du temple, il ne manque à la célébration d’aucun deriteintérieurs, il ne quitte pas la société des prêtres, il presse le prêtre (primarium sacerdotetn) de l’admettre à l’initiation des arcanes de la nuit sainte (ut noclis sacrales tandem arca)iis initiaret). Le prêtre lui démontre l’auguste vile de ce qu’il demande ; la déesse tenait dans sa main les clefde l’enfer et du salut : l’initiation était une sorte de mort volontaire et une libération : la déesse avait Coutume de choisir les hommesarriv seuil mêmede latin deleurviepour leur confier avec pi us de sûreté- les grands secrets de sa religion (magna ne/ialors, par sa providence, ils renaissent

el s'élancent dans la carrière du salut nouveau (rénal* s ml nova salulis curricula). Que Lucius se préparât par l’abstinence à recevoir mieux i - de la reli§

la plus pure [arcana purùsimae relig la déesse manifeste la vocation de Lucius. et le grandprêtre lui déclare que le grand jour est venu où d< mains il l’initiera aux mysti. er itftu >

manus piissimis sacroTum arcanis insinueris). Au point du jour, après le sacrifice matinal (matutino peraclo sacrificio), le grand-prêtre tire de la cachette la plus mystérieuse du sanctuaire des livres écrits en si^nehiéroglyphiques, le rituel isiaque. En procession,

Lucius e-l conduit aux bainles pluvoisins, il se pli danla piscine, el le prêtre, implorant le pardon divin, lave Lucius complètement et très soigneusement la tradition, prmfatus deum reniam, pxirii um rorans abluit). On ramène Lucius au temple, on le fait se prosterner aux pieds de la dé-esse, le piètre lui. mimique à voix basse quelques préceptes ineffables to mandatii quibusdam qum voce melù

puis a liante voix et devant 1 a — i-l.nice il lui in.

-i jours d’abstinence. Les six jours passés, lacé-ré-m de l’initiation a lien an coucher du soleil, dans le temple rempli d’une foule émue. I.eprofanes -