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APOLOGÉTIQUE NOTION ET BUT — [OBJET

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réprouvée par Tertullien : il condamne sévèrement ceux (pu admettent une doctrine sans éprouver son origine, et préconise comme une disposition essentielle la résolution de ne rien admettre sans preuve : Nihil intérim credam niêi nihil tanière credendtun. Temere porro credi quodcumque tine originû agnitione ereditur. Adv, Marcion., v, I, /’. L., t. n. col. 168. A la raison, et a elle seule, l’objet de fui est proposé : Credere non poisemus, wisi animai ralionales haberemus. S. Augustin, Episl., cxx. i</ Consentium, P. P., t. xxxiii, col. 153. I.a croyance n’est donc pas une tendance fatale, un instinct aveugle, mais un acte rationnel. A certains égards, elle est une vision, en tant que la lumière de la crédibilité enveloppe tous les dogmes. [Dogmata] in gênerait, tub communi ratiune credibilis, sic sunt visa ab eo qui en-dit. S. Thomas, Sum. theol., II » IIe, q. i, a. i, ad 2um..Mais cette vision ne les transforme pas en vérités scientifiques : on les croit parce qu’ils sont vrais, mais ils n’apparaissent vrais que parce que la croyance en est justifiée. Creditur aliquid sub ratione veri, videtur autem sub ratione credibilis. Suarez, De fuie, disp. IV, sect. il, n. i. Un commentateur de saint Thomas a très heureusement précisé la question qui nous occupe : Miraculorum operalio, non sir confirmât fidem cltristianam, qtiasi particularité ! ’videre faciant ea quse sunt fidei vera esse… sed movent voluntatem eo fine, ut videns ea velit credere. Ex illis enim judicatur convenions credere fidem prædicanti quia ostendunt in universali, vera essequae prsedicantur. François de Ferrare, In Contra gentes, i, 6. C’est l’opinion de Cajetan : Est differentia inter videre aliquid esse scibile et videre aliquid esse credibile… non habetur certo evidentia quod ita sit, habetur tametsi evidentia quod ita esse est credibile et judicabile absquealterius partis formidine. Comment, in II* II*™, q. i, a. 4. On comprend comment, d’une part, il est incontestable, ainsi que l’affirme l’Église, que les motifs rationnels ne sauraient imposer l’assentiment dogmatique, et, d’autre part, que la crédibilité de la révélation est évidente. Est assertio certa, dit Suarez, ibul., sect. iii, n. 1, de qua nullus catholicus dubitare potest. Tels nous semblent être les rapports de l’apologétique et de la croyance : ils justifient et éclairent cette formule contestée parce qu’elle fut incomprise : « La raison conduit l’homme à la foi. »

Prhrader, De theologia generatim commentarius, Poitiers. lhT’i ; HettiDger, Lelirbuch der Fundatnental-Theologie oder Apologelik, Fribourg-en Bris^au, 1888, traduit en français par l’abbé Belet, Paris, 1888 ; J. Ottiger, De revelulione supernaturuli ; Isagoge dans Theologia (tmdatnentalis, t. i, Fribourg-i n-Brisgau, 18H7, p. 1-34 ; Drey, Apologétique (article du Dictionnaire de théologie de Wetzer ctWelte, traduit | ar Goschler, Paris, 1858) ; F. Lichtenberger, Apologétique, dans V Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1877 ; Didiot, Logique surnaturelle subjective, 2° c’dit., Lille, 189’» ; Vacant. Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, 2 vol., Paris, 1805 ; R. P. Uainvel, La foi et l’acle de foi, in-12. Paris, 1898 ; Dictionnaire apologétique, Paris, 1909, t. i. cd. 189-191.

L. Maisonnevve.



II. APOLOGÉTIQUE. Objet.
I. Démonstration chrétienne.
II. Démonstration catholique
III. Lieux théologiques.
IV. apologétique négative.

Les questions que traite l’apologétique positive sont abordées en trois traités : la révélation, l’Église, les lieux théologiques, qui constituent ce qu’on a désigné sous le nom de théologie fondamentale ou d’introduction à la théologie. Elle comprend la démonstration chrétienne, la démonstration catholique, les sources du dogme ; elle développe ces trois propositions : Un homme raisonnable doit être chrétien ; — un chic lien logique doit être catholique ; — un catholique doit recevoir par le ministère de l’Église les règles de sa croyance et de sa conduite.

I. Démonstration chrétienne.

C’est le traité de la

vraie p ligion. an sujet duqm l

questions préliminaii

I. DÉMONSTRATION PRÉLIMINAIRE DE VÉRITÉS RATIONNELLES.

Faut-il supposer ou démontrer les rationnelles, conditions essentielles de la foi ? La naissance humaine, l’Ame spirituelle et libre, l’existence et les attributs de Dieu font-ils partie intégrante de l’apologétique ? —Au point de vue scientifique et rigoureux, nous devrions répondre négativement ; au point de vue pratique et pour que la démonstration soit pleineroi nt persuasive, nous n’hésitons pa^ a approuver ! > qui font précéder la théologie fondamentale de notions métaphysiques et psychologiques, sans lesquelli traité de la religion nous semble dépourvu de 1 Caries théologiens et les philosophes n :.t et proclament qu’en ce siècle, plus encore qu’an tempe Fénelon : « Ce qui manque à beaucoup de personne n’est pas tant la religion que la raison ; or celle-ci perdue, il est impossible de retrouver celle-là. En ce désarroi des doctrines, en cette multiplicité témes, il faut distinguer les manières de penser incompatibles avec les croyances chrétiennes, et démontrer qu’elles sont illégitimes, parce qu’elles recèlent une contradiction fondamentale. Une justification des vérités élémentaires est donc l’œuvre préalable de l’apologiste. File portera sur divers points :

1. Théorie de la connaissance. —

On sait que plusieurs réduisent la philosophie tout entière a l’épistémoli la vérité n’est plus adxqualio rci et intellectus, mais seulement l’accord de nos concepts entre eux, et la cohérence du contenu de notre pen Appliquer les catégories de l’esprit aux données de l’expérience reçues et élaborées dans les formes subjectives de l’espace et du temps, c’est la seule ambition proposée, la seule biche possible à la raison. Ne faut-il pas revendiquer et rétablir l’objectivité de nos connaissances et, sans méconnaître ce qu’il y a en elles de forcément relatif, ce que l’activité de l’esprit produit d’original, de personnel dans la sensation et la pensée, n’est-il pas indispensable de soutenir et de démontrer qu’il existe des êtres hors de nous, qu’ils sont ace blés à nos facultés de connaître, que de notre esprit ne dépend pas la nature des choses, que c’est vraiment l’évidence, l’éclat de la vérité perçue qui engendre nécessairement la certitude’.'

Sans doute nous sommes en présence de vérités indémontrables, pour lesquelles les arguments sont inefficaces et heureusement inutiles, puisque aucune démarche intellectuelle, depuis celle qu’exigent les actes ordinaires et vulgaires jusqu’à l’essor hardi des plus hautes spéculations métaphysiques n’est possible, si elles ne sont pas admises et assurées, Mais qui oserait dire que des explications, des rapprochements, des analyses ne projettent pas leur lumière sur ces vérités, et ne dissipent pas h s sophismes qui les altèrent, ou les préjugés qui les obscurcissent ?

D’autant plus que les moyens d’arriver au vrai étant très différents, suivant qu’il s’agit d’un objet d’intuition ou de raisonnement, d’expérience ou de témoi règles de la logique et de la critique devront étr* rappelées, expliquées au théologien ou au croyant, qu querait de s’abuser en cherchant une évidence mathématique là où une évidence morale est seule de mise, ou, tout au rebours, de se contenter d’arguments probables là OÙ sont requises des preuves apoclietiquc-. <t de 1 confondre les opinions fugitives et variables l’inébranlable certitude. M. le chanoine Didiot a cru cette entreprise nécessaire, et dans son volume intitulé Logique surnaturelle objective, Lille, 1 s* » l. il a com plusieurs théorèmes à cette objectivité de OOS connaisanecs., , pleinement intelligible, entièrement lumineuse. totalement évidente. Thé-or. II et 111. Ainsi peuvent et doivent être écartes 1 ilidllk IclKV dC8 sceptiques, pour