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ilintervient une cause partielle de B, qui se résout en une premiére cause immobile, cause et du passage de A à Bet de B; si l'on suppose l'existence de Dieu démontrée, rien n’est plus facile que de comprendre comment l'ordre statique et l'ordre dynamique sont re- Jiés par la-finalité.

En effet, la formule statique, A esten puissance à B, par exemple au concret l'œil est fait pour voir, signilie que À est ordonné à B, en d'autres termes, que l'œil est adapté à un but. L'existence de Dieu admise, on conçoit facilement quelle est la cause de cette relation ou adaptation; l'intelligence divine a conçu l'objet à voir, la vision, et a constitué l'œil en vue de cette opé- ration. Cf. S. Thomas, In IV Sent., 1. 1, diet. XXXV, G- 1, a. 2. De même, dans l'ordre dynamique, si À passe ä l'acte B, si l'œil produit la vision et non l'audition, c'est que, Dieu admis, le terme B, bien que tempo- rellemenl postérieur à l'opération de la cause À, en est pourtant la cause finale, actus prior potentia. Car s'il est la cause finale de la puissance À, il l'est éga- lement de son opération : causa causæ est causali. C'est ce qu'a entrevu M. Richet : « L'œil est fait pour voir. Je ne crois pas qu'on puisse se soustraire à cette nécesssité. L'adaptation de l'œil à un but, qui est la vision, s'impose à nous avee une telle force que les sophismes les plus subtils ne pourront ébranler Yopinion de personne, voire celle des sophistes eux- mêmes. » Sully-Prudhomme et Richet, Le prablème des causes finales, Paris, 1908, p. 6. Quelques pages plus loin le même écrivain, tout en admettant que l'adaptation des organes peut s'expliquer par l'évolu- tion et que « la luite pour la vie produit tout ce qu'un très sage créateur aurait pu produire, » ajoute entre parenthèses : « (Qui sait même si ce n'est pas par ce mécanisme qu'un créateur aurait agi?) » p. 21. Cf. les aveux de Darwin sur ce sujet, dans F. Darwin, Life and letters of Charles Darwin, t. 1, Autobiography, p. 311. Cette hypothèse ne nous intéresse pas ici; il reste que, l'existence de Dieu supposée, rien n'est plus facile ä entendre que la thèse classique, res naturales in fnem tendunt non per directioriem aliquam mere ab extrin- seco acceplam sed per appetitum quenidam ipsi na- turæ inditum. Cf. Hahn, Philosophia naturalis, Fri- bourg, 1894, th. xir.

Beaucoup de thomistes, surtout parmi lesbannéziens, pensent que prouver Dieu par la finalité estune pétition de principe. Ils retiennent comme preuve populaire l'ar- gument de l'ordre du monde, mais rejettent toute preuve par la finalité interne; car, dit le P. de Munnynck, eam non cognoscimus nisi ex eo quod Deus creaverit mundum, aique proinde ad eam præsupponitur co- gnita existentia Dei. Op. cit. p. 61, 86.Cf. dans le mème sens Buonpensiere, 1n [2», Rome, 1902, p. 131, et aussi de Régnon, La métaphysique des causes. Le reste des théologiens, même parmi ceux qui défendent la prédétermination physique, cf. Revue thomiste, jan- vier 1909, p. 92, suit saint Thomas, De veritate, q. 11, a. 3, et Scot, et pense que les axiomes qui concernent la finalité interne, la priorité de l'acte sur la puissance, etc., sont connus avec certitude indépendamment de l'existence de Dieu. Les historiens modernes de la philosophie sont généralement d'accord que, si Aristote a prouvé l'existence de Dieu, il l'a fait précisément par le moyen de la finalité interne, du désir. Quant à saint Thomas, il n’est pas douteux que tout le système physique qu'il admet repose sur celte finalité, et cela est vrai spécialement de la théorie du mouvement local qu'il a faite sienne, et à l'aide de laquelle il a conçu l'argument physique du premier moteur. Voudrait-on nous persuader qu'il faut croire en Dieu pour étre sûr des principes métaphysiques qui commandent toute la philosophie naturelle de l'École? On peut donc négli- ger l'opposition des bannéziens, puisqu'elle n'a pasjesusmarie.com