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l’Afrique et de l’Amérique ; mais on peut manifestement conclure du fanatisme féroce avec lequel elle était reçue et embrassée à la Chine, et encore plus au Japon, combien elle eût germé et prospéré sous les tyrannies de ces deux pays. Le trop grand nombre d’abus qu’elle renferme, forcèrent, avec le temps quelques peuples, beaucoup plus sages qu’enthousiastes, à la modérer, en la dépouillant de beaucoup de superstitions funestes ; et ces peuples distingués ensuite par le titre d’Hérétiques, s’ouvrirent par un tel moyen une route à la liberté. Elle revint parmi eux après avoir été long-tems bannie de l’Europe, pour y apporter le bonheur. Les Suisses, la Hollande, quelques villes d’Allemagne, l’Angleterre et l’Amérique, nous prouvent cette vérité. Mais les peuples qui, n’osant pas mettre un frein à cette religion, voulurent la conserver entière, se privèrent pour toujours des moyens de reconquérir leur liberté ; lorsque je dis entière, ce n’est pas cependant comme elle avait été prêchée par Jésus, mais telle que l’art, le mensonge et la violence l’avaient défigurée dans la bouche de ses successeurs. Je ne produirai pas maintenant toutes les raisons, mais les principales pour lesquelles