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follement s’arroger le titre de philosophe détrompés ; ils provoquent par là la pitié dédaigneuse des vrais sages, qui, connaissant ce que doit être un vrai philosophe, savent qu’il ne peut être ou avoir jamais été un vice-tyran.

Mais je perdrais mes paroles et mon temps, j’avilirais la grandeur importante de mon sujet, si je voulais démontrer qu’un être aussi vil et aussi criminel, ne peut jamais avoir été ou devenir philosophe.

Ce que je veux prouver comme une chose beaucoup plus nécessaire à savoir, c’est que le premier ministre d’un tyran n’est, et ne peut jamais être un homme bon et honnête. J’entends par honnêteté politique, et véritable essence de l’homme, celle par la quelle la personne publique préfère le bonheur de tous à celui d’un seul, et la vérité à toutes choses ; et en définissant simplement ce que c’est que l’honnêteté politique, je croirai avoir amplement prouvé ma proposition. Si le tyran lui-même ne veut pas et ne peut vouloir le véritable bien public tout entier, (ce qui exigerait immédiatement la destruction de tout son pouvoir) est-il croyable que puisse le vouloir et l’opérer celui qui le représente précairement, celui qu’un mot et