ces deux gouvernemens, sont encore de même aussi, comme chacun le voit, ambitionnés par des motifs tout-à-fait différens. Sous la tyrannie, chacun veut représenter aux yeux du peuple une parcelle quelconque du tyran ; c’est pour cela qu’un titre, un ruban, ou quelque autre méprisable bagatelle, suffit pour satisfaire la mince ambition d’un misérable esclave ; parce que ces vils honneurs prouvent, non pas qu’il soit véritablement estimable, mais qu’il est digne de l’estime du tyran, et parce qu’il espère, non pas que le peuple l’honore, mais qu’il le respecte et le craigne. Dans la république, la raison pour laquelle on recherche les honneurs est claire et indubitable ; c’est parce qu’ils honorent véritablement celui qui les reçoit.
L’ambition de s’enrichir, que l’on appelle plus justement cupidité, ne peut avoir lieu dans les républiques tant qu’elles ne sont pas corrompues ; et lorsqu’elles le deviennent, les moyens de s’enrichir étant principalement dans le commerce et dans la guerre, et non jamais dans les vols impunis du trésor public, quoique l’amour du gain soit par lui-même très-vil, néanmoins, par ces deux moyens, l’or devient la récompense de deux