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dans l’esclavage, se proposait le but hardi de s’élever au-dessus même du tyran, à l’ombre de son imbécillité et de sa nonchalance. Que chacun réponde à cette objection, en se disant à soi-même : « Une autorité injuste, illimitée, ravie, et précairement exercée sous le nom d’un autre, peut-elle jamais s’obtenir sans infamie ? Peut-elle s’exercer sans nuire à plusieurs, ou au moins aux aspirans à cette même autorité ? Peut-elle enfin se conserver sans astuce, sans cruauté et sans despotisme ? »

On ambitionne donc l’autorité dans les républiques, parce que cette autorité atteste que ceux qui l’ont acquise, sont doués de grandes vertus, et parce qu’elle ouvre un vaste champ au développement de leur gloire personnelle, toujours concordante avec le bien général. On ambitionne l’autorité dans les tyrannies, parce qu’elle fournit les moyens d’assouvir toutes les passions privées, d’acquérir des richesses démesurées, de venger ses injures, et d’en faire sans crainte de vengeance, de récompenser les plus infâmes services, de faire trembler enfin tous ceux qui naquirent égaux ou supérieurs à celui qui l’exerce. On ne peut pas révoquer en doute que dans les républiques