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empire et sa force ; d’assurer ouvertement son pouvoir illimité, s’il est un tyran ordinaire ; de lui assurer tous les avantages sous l’apparence du bien public, s’il est un tyran adroit, qui ait besoin de tromper pour assurer de plus en plus sa domination ; enfin, il faut taire toujours devant lui, sur toutes choses, cette vérité très-importante : Que sous le gouvernement absolu d’un seul, tout doit être indispensablement vicieux et renversé. Ceux qui veulent se conserver la faveur du tyran doivent bien se garder d’énoncer une pareille vérité, et il est presqu’impossible que ceux qui ont recherché et obtenu cette faveur, puissent la penser, ou même la sentir. Mais cette vérité palpable et divine ne pourra jamais se taire par ceux qui veulent vraiment le bonheur du genre humain ; et jamais le tyran qui veut et doit vouloir avant toutes choses son bien être particulier, ne pourra l’entendre ou la souffrir.

Toutes les cours donc, par nécessité, fourmillent d’une troupe de brigands ; et si le hasard vient à y introduire un homme probe, et qui ose vouloir s’y conserver tel, et y rester, il doit, tôt ou tard, ce malheureux, être la victime de tant de scélérats qui lui