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mina CCXXX, quem Cæsar ut erat de se meritus, et de republicâ, donation millibus ducentis, etc.[1]

César : de la guerre civile, livre III.

On voit par ces paroles de se meritus, de quelle manière le bon César qui s’était fait une loi dans ses Commentaires de ne parler de lui qu’à la troisième personne, en parle ici, par inadvertance, à la première ; et tellement à la première, que le mot de république ne se trouve qu’après les deux mots de se, presque par forme de correction. C’est de cette manière que pensait et qu’écrivait le plus magnanime des tyrans, lors même qu’il ne s’était pas encore déclaré tel, lors même qu’il était encore dans le doute s’il pourrait réussir dans son entreprise ; et cependant ce César était né et avait vécu comme citoyen jusqu’à l’âge de quarante ans. Or, que pensera, et que dira sur un tel point un tyran vulgaire, un tyran né dans le berceau royal, élevé à la cour, certain de mourir

  1. Le bouclier du centurion Scæva lui ayant été porté (à César), on trouva qu’il avait été percé par 230 flèches. César lui fit présent de deux cents Milles, comme ayant bien mérité de lui (César) et de la république.