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sa pureté, que dans quelques cœurs choisis, en sort pour aller échauffer les cœurs glacés de la multitude ; et ensuite, par quelque circonstance heureuse, parvient à prendre quelque consistance : et pour ne pas perdre l’occasion de lui faire jeter de profondes racines, on se trouve dans la nécessité d’abattre l’orgueil de tant de fauteurs de la tyrannie, qui, ne pouvant plus redevenir citoyens, s’efforcent d’empêcher les autres de chérir et de respecter la liberté ; déplorable nécessité à laquelle Rome, cette maîtresse heureuse de tant d’exemples sublimes, eut le bonheur de n’être presque point sujette ; peut-être par l’impulsion généreuse vers la liberté qu’elle reçut du spectacle terrible des fils de Brutus, condamnés à la mort par leur père, pour cette liberté qui la rendit pendant plus de trois siècles, si grande et si heureuse.

Retournant maintenant à mon sujet, je conclus et ce chapitre et mon ouvrage, en disant que n’y ayant point d’autre remède définitif que la volonté et l’opinion universelle ; et cette opinion ne pouvant se changer que lentement et incertainement, par le seul moyen de ceux qui pensent, sentent, raisonnent et écrivent ; le plus vertueux, ci-