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CHAPITRE DIX-HUITIÈME.

Des grands gouvernemens tyranniques comparés avec les petits.


Je conçois que les tyrans qui étendent leur domination sur des pays plus vastes, deviennent plus orgueilleux et plus fiers en raison de leur puissance ; mais que les esclaves soumis à un tel tyran se croient supérieurs à ceux d’une tyrannie moins étendue, il me paraît que c’est le délire le plus évident qui puisse entrer dans l’esprit de l’homme. Il prouve clairement que les esclaves ne pensent ni ne raisonnent. Si la raison pouvait mettre quelque différence entre un esclave et un autre esclave, elle serait certainement en faveur de celui qui appartiendrait au plus petit troupeau ; car plus le nombre de ceux qui obéissent aveuglément à un seul, est grand, plus ils sont vils, infâmes et stupides, en raison de la différence qui se trouve entre les oppresseurs et les opprimés. Lorsque j’entends les