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de soi-même n’est pas l’amour de ses droits, de sa gloire, et de son honneur, mais c’est simplement l’amour de la vie animale ; et nous voyons que cette vie, par une fatalité que je ne conçois pas, ressemble à celle des vieillards, qui en font beaucoup plus de cas lorsqu’ils l’ont presqu’entièrement perdue, tandis que les jeunes gens à qui elle reste toute entière à parcourir, ne craignent pas de la prodiguer : ainsi elle est d’autant plus chère à l’esclave, qu’elle est moins sûre et qu’elle vaut moins.




CHAPITRE SEIZIÈME.

Si le tyran peut être aimé, et par qui.


Celui qui peut impunément exercer son despotisme sur tous, et qui ne peut être impunément arrêté par qui que ce soit dans l’exercice de ce pouvoir, doit, par nécessité, inspirer à tous la plus grande crainte, et par conséquent, la haine la plus violente. Mais ce tyran pouvant aussi combler de bienfaits, de richesses et d’honneurs celui