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aussi grand, la plupart des hommes le traiterait de sot, d’insensé et de traître. On ne saurait quel nom donner à cette étrange manie, de ne vouloir pas supporter avec des avantages si manifestes de la part du tyran, ce que l’on supporte, chaque jour, sans aucun profit, de la part de tel ou tel individu. Je frémis d’horreur en écrivant ces aimables lâchetés, qui sont l’assaisonnement le plus recherché du nouveau système de penser, et que les Français appellent fort agréablement de l’esprit ; mais je me confie tellement à la force de la vérité, que j’ose espérer qu’un jour bientôt on frémira en lisant de pareilles mœurs, comme je souffre en les écrivant.

Si donc le premier but du mariage est d’avoir une femme, à moins qu’on ne veuille confondre, comme on fait de tant d’autres choses, la véritable possession avec l’obligation de la maintenir, il est impossible de la conserver ; car si le tyran ou quelqu’un de ses nombreux soutiens, auxquels on résisterait en vain, ne l’arrache pas des bras du mari, l’horrible corruption générale des mœurs, suite inévitable de l’esclavage, la lui font perdre sans retour.

Que dirai-je maintenant des enfans ? Plus