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posés et incompatibles avec le véritable bien de tous. Une noblesse donc, aussi adroitement tempérée que celle d’Angleterre, est beaucoup moins nuisible que toute autre ; mais pour la rendre vraiment utile à la société, il faudrait qu’elle ne soit pas héréditaire. Une classe d’hommes choisis parmi les plus vertueux, et par les suffrages libres de tous, pour être membres inammovibles du gouvernement, deviendrait honorable et justement honorée ; une généreuse émulation de vertu s’allumerait parmi les concurrens qui se présenteraient pour en faire partie. Mais si malheureusement une telle classe, quoique établie par des suffrages libres et bien dirigés, finissait par devenir héréditaire, il arriverait toujours que tout individu anglais qui serait créé noble héréditaire, entraînerait avec lui, par ce moyen, une race toute entière détachée de l’intérêt commun, ennemie du bien de tous, et privée de toute émulation pour les grandes choses. Il arrive de là que les nobles en Angleterre, quoique un peu moins nuisibles que sous la tyrannie, pouvant être multipliés par le roi, à sa volonté et sans bornes, venant à se croire supérieurs au peuple, étant plus riches, plus