Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cause de la grandeur et de la vie de Rome. Mais la vérité sacrée commandait aussi à ces deux grands hommes, de dire, que ses dissentions mêmes avaient été la cause de sa ruine. Ils devaient rechercher avec soin comment et pourquoi cette ruine avait été amenée. Je suis persuadé que si ces deux grands penseurs avaient voulu ou osé pousser un peu plus loin leurs raisonnemens profonds, ils auraient assigné indubitablement à la noblesse héréditaire les premières causes de la ruine entière de la république, parce que si les dissentions, ou pour mieux dire, la disparité des opinions, sont nécessaires dans une république pour y maintenir la vie et la liberté ; il faut convenir que la disparité d’intérêts devient très-funeste, et, par nécessité, mortelle toutes les fois que l’un des deux intérêts parvient à l’emporter sur l’autre.

Or, il me paraît incontestable que toute suprématie héréditaire d’un petit nombre doit faire naître par force, dans ce petit nombre, un intérêt de conservation et d’envahissement tout-à-fait différent et opposé à l’intérêt de tous. Et voici le vice radical par lequel toutes les fois que dans un état il y aura une classe de nobles et de prêtres