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doit jamais créer dans son sein un si fatal instrument de servitude ; il ne doit jamais détacher de la cause commune aucun individu, et encore moins en séparer à perpétuité aucune classe de citoyens d’un autre côté. Cependant, un certain nombre d’hommes, supérieurs aux autres par leurs connaissances et par leurs vertus, pouvant être très-utile pour exciter l’émulation et pour discuter les affaires publiques, un peuple libre pourrait l’établir et le nommer lui-même pour un temps ou à vie, mais jamais héréditaire ; ce corps pourrait alors opérer dans la république le bien que la noblesse, en supposant qu’elle en fasse, ne peut y faire sans y ajouter les maux qu’elle y produit tous les jours.

Plus l’homme possède et plus il désire lorsqu’il est à même d’obtenir ; c’est une des propriétés de sa nature. Les nobles héréditaires ayant la suprématie et les richesses, il ne leur manque autre chose qu’une plus grande autorité, et dès-lors ils ne pensent qu’à l’usurper. Ils ne le peuvent pas par la force, parce qu’ils se trouvent en trop petit nombre relativement au peuple ; c’est donc par la ruse, par la corruption et par la fraude, qu’ils tâchent de l’enva-