le droit d’être vraiment honoré des hommes bons et honnêtes, comme utile à la société, et si la vertu seule peut être la base d’un tel droit, comment le tyran ose-t-il proférer un tel nom ? Ses sujets le répètent d’après lui ; mais si leurs désirs et leurs droits à l’honneur se fondaient sur la pratique de la véritable vertu, pourraient-ils servir un tyran, lui obéir et le défendre lorsque son essence est de nuire à tous ? Et nous-mêmes, esclaves modernes, lorsque nous voulons rappeller à la mémoire les noms justement honorés depuis plusieurs siècles par des peuples divers, et qui connaissent le véritable honneur, faisons-nous mention d’un Miltiade, d’un Themistocle, d’un Régulus, ou bien d’un Spitridate, d’un Séjan, ou quelque autre fier esclave d’un tyran ? Nous-mêmes donc, et sans nous en apercevoir, en honorant au suprême degré ces hommes libres, grands, justement honorables et honorés, nous prouvons manifestement que le véritable honneur était celui qu’ils connaissaient, et que le nôtre, qui lui est en tout opposé, est le faux, puisque nous oublions la mémoire de ces prétendus grands par la tyrannie.
Mais si l’honneur, sous les tyrannies, est