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possible qu’alors on nous trouve très résolus ; sinon, non. Il est bien important aussi que vous vous assuriez des dispositions dans lesquelles ces événements trouveraient les tories de différentes nuances ; car, dans un gouvernement parlementaire, par conséquent mobile, l’appui du parti dominant n’est pas toujours une suffisante garantie. »

Malgré la gravité des circonstances, les ministres anglais, alors dispersés à cause des vacances du parlement, furent assez longs à se réunir, car, en ce pays, le seul dans le monde où l’aristocratie gouverne encore, la plupart des ministres sont en même temps de grands propriétaires et, d’ordinaire, de grands seigneurs. Ils se délassaient, en ce moment, dans leurs terres des fatigues et des ennuis des affaires ; ils ne se pressèrent pas de les quitter. Pendant cet intervalle, toute la presse anglaise, sans distinction de parti, prit feu. Elle s’emporta contre les deux empereurs et enflamma l’opinion publique en faveur de la Turquie. Le gouvernement anglais, ainsi chauffé, prit aussitôt son parti. Cette fois il n’hésitait point, car il s’agissait, comme il le disait lui-même, non seulement du sultan, mais de l’influence de l’Angleterre dans le monde[1]. Il décida donc :

  1. Lettre particulière de M. Drouyn de Lhuys, du 2 octobre 1849.