Page:Alexis de Tocqueville - Souvenirs, Calmann Levy 1893.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les folies des révolutionnaires qu’il poursuivait, mais encore les vices et les fautes des partis et des princes auxquels il venait en aide ; il s’exprimait à ce sujet simplement, suivant l’occasion, sans s’empresser de produire sa pensée ni se soucier de la cacher.

« Le tsar m’a dit ce matin, m’écrivait le 11 août 1849 Lamoricière dans une dépêche secrète : « Vous croyez, général, que vos partis dynastiques seraient capables de s’unir aux radicaux pour renverser une dynastie qui leur déplairait, dans l’espoir de faire arriver la leur à la place ; et moi j’en suis sûr. Votre parti légitimiste surtout n’y manquerait pas. Il y a longtemps que je pense que ce sont les légitimistes qui rendent la branche aînée de Bourbon impossible. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai reconnu la république, et aussi parce que je trouve qu’il y a dans votre nation un certain bon sens qui manque aux Allemands. » Plus loin, l’empereur m’a dit aussi : « Le roi de Prusse, mon beau-frère, avec lequel j’étais étroitement lié d’amitié, n’a tenu aucun compte de mes conseils. Nos relations politiques s’en sont singulièrement refroidies, à ce point qu’elles ont réagi même sur mes relations de famille. Voyez quelle a été sa conduite : ne s’est-il pas mis à la tête de ces fous qui rêvent l’unité de l’Allemagne ! à présent qu’il a rompu avec le parlement de Francfort,