tassent de notre victoire pour pousser Louis Napoléon à quelque usurpation violente, et qu’un beau matin, comme je le disais à Barrot, l’empire ne vînt à lui passer entre les jambes. J’ai su, depuis, que nos craintes étaient plus fondées encore que je ne le croyais. Depuis ma sortie du ministère, j’ai appris de source certaine que, vers le mois de juillet 1849, le complot fut fait pour changer de vive force la constitution par l’entreprise combinée du président et de l’Assemblée. Les chefs de la majorité et Louis Napoléon étaient d’accord, et le coup ne manqua que parce que Berryer, qui, sans doute, craignit de faire un marché de dupe, refusa son concours et celui de son parti. On ne renonça pas à la chose, pourtant, mais on ajourna, et quand je songe qu’au moment où j’écris ces lignes, c’est-à-dire deux ans seulement, après l’époque dont je parle, la plupart de ces mêmes hommes s’indignent de voir le peuple violer la constitution en faisant pour Louis Napoléon précisément ce qu’ils lui proposaient de faire alors eux-mêmes, je trouve qu’il est difficile de rencontrer un plus notable exemple de la versatilité des hommes et de la vanité des grands mots de patriotisme et de droit, dont les petites passions se couvrent.
Nous n’étions pas plus sûrs, comme on le voit, du président que de la majorité. Louis Napoléon était