chie, les écarts de la presse ; une troisième, enfin, qui régularisait l’état de siège. « C’est une loi de dictature militaire que vous faites ! nous cria-t-on. — Oui, répondit Dufaure, c’est une dictature, mais une dictature parlementaire. Contre le droit imprescriptible qu’a une société de se sauvegarder, il n’y a point de droits individuels qui puissent prévaloir. Il est des nécessités impérieuses qui sont les mêmes pour tous les gouvernements, monarchies ou républiques ; ces nécessités, qui les a fait naître ? De qui nous vient cette cruelle expérience que nous ont donnée dix-huit mois d’agitations violentes, de complots incessants, de formidables insurrections ? Oui, sans doute, vous dites vrai, il est déplorable qu’après tant de révolutions faites au nom de la liberté, il nous faille encore voiler sa statue et mettre à la main des pouvoirs publics des armes terribles ! Mais, à qui la faute, si ce n’est à vous, et qui sert le mieux le gouvernement républicain, de ceux qui favorisent les insurrections, ou de ceux qui, comme nous, s’appliquent à les réprimer ? »
Ces mesures, ces lois, ce langage plaisaient aux conservateurs, mais sans les satisfaire ; à vrai dire, pour les contenter il n’eût rien moins fallu que la destruction de la république. Leur instinct les poussait sans cesse jusque-là, bien que leur prudence et leur raison les retinssent sur la route.