se figurer quel effet produisait cette pression des idées révolutionnaires sur les esprits les moins disposés à les adopter ; et comme elle poussait sans cesse ceux-là même presque à leur insu plus loin qu’ils ne voulaient aller, quand elle ne les écartait pas entièrement de la direction qu’ils voulaient suivre. Assurément, si la commission se fût réunie le 27 juin au lieu du 16 mai, son travail eût été tout autre.
La discussion s’ouvrit le 22 mai ; il s’agissait d’abord de savoir par quel côté on entreprendrait cette œuvre immense. Lamennais proposa de commencer par régler l’état des communes. Il avait procédé ainsi lui-même dans un projet de constitution qu’il venait de publier pour s’assurer la primeur de ses découvertes. Puis il passa de la question de priorité à celle du fond : il se mit à parler de la centralisation administrative, car sa pensée ne se divisait guère ; son esprit était toujours occupé en entier par un seul système et toutes les idées qui s’y trouvaient y adhéraient si bien entre elles que, quand l’une en sortait, il était comme nécessaire que les autres suivissent ; il fit donc voir avec une grande force qu’une république, dont les citoyens n’auraient pas l’esprit et l’habitude journalière de se conduire eux-mêmes, était un monstre qui ne pouvait vivre.
Là-dessus, la commission prit feu ; Barrot, qui, au