les rues qui peuvent y conduire. Quand je vis qu’il ne s’agissait que d’une fausse rumeur, je fus me coucher.
Je ne dirai rien de plus des combats de Juin. Les souvenirs des deux derniers jours rentrent dans ceux des premiers et s’y perdent. On sait que le faubourg Saint-Antoine, dernière citadelle de la guerre civile, mit bas les armes le lundi seulement, c’est-à-dire le quatrième jour après le commencement de la lutte ; ce n’est que le matin de ce même jour que les volontaires de la Manche purent atteindre Paris. Ils avaient fait grande hâte, mais ils venaient de plus de quatre-vingts lieues à travers des pays qui n’ont point de chemins de fer. Ils étaient au nombre de quinze cents. Je reconnus avec émotion, parmi eux, des propriétaires, des avocats, des médecins, des cultivateurs, mes amis et mes voisins. Presque toute l’ancienne noblesse du pays avait pris les armes à cette occasion et faisait partie de la colonne. Il en fut ainsi dans presque toute la France. Depuis le hobereau le plus encrassé au fond de sa province jusqu’aux héritiers élégants et inutiles des grandes maisons, tous se ressouvinrent à cet instant qu’ils avaient fait partie d’une caste guerrière et régnante, et partout ils donnèrent l’exemple de la résolution et de la vigueur, tant est grande la vitalité de ces vieux corps aristocratiques.