de 1848 ne s’avisèrent point de ce moyen ; ils se montrèrent beaucoup plus malhabiles que leurs devanciers sans être pour cela plus honnêtes, car ils furent aussi violents et aussi iniques dans leurs désirs que les autres l’avaient été dans leurs actes ; mais pour faire des actes d’iniquité violente, il ne suffit pas à un gouvernement de le vouloir, ni même de le pouvoir, il faut encore que les mœurs, les idées et les passions du temps s’y prêtent.
À mesure cependant que le parti qui tenait le gouvernement voyait ses candidats rejetés, il entrait dans une grande tristesse et dans une grande colère, il se plaignait tantôt tendrement, tantôt rudement des électeurs qu’il traitait d’ignorants, d’ingrats, d’insensés, ennemis de leur propre bien ; il s’irritait contre la nation elle-même et, poussé à bout par sa froideur, il me semblait toujours prêt à lui dire comme Arnolfe de Molière à Agnès :
Ce qui n’était point ridicule, mais réellement sinistre et terrible, c’était l’aspect de Paris quand j’y rentrai. Je trouvai dans cette ville cent mille ouvriers armés, enrégimentés, sans ouvrage, mourant de faim, mais l’esprit repu de théories vaines et d’espérances chimériques. J’y vis la société coupée en deux : ceux qui ne