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visibles. Plus de jalousies ou d’orgueil entre le paysan et le riche, entre le gentilhomme et le bourgeois ; mais une confiance mutuelle, des égards et une bienveillance réciproques. La propriété, chez tous ceux qui en jouissaient, était devenue une sorte de fraternité. Les plus riches étaient les aînés, les moins aisés les cadets ; mais tous se considéraient comme des frères, ayant un même intérêt à défendre l’héritage commun. Comme la Révolution française avait répandu la possession du sol à l’infini, la population tout entière semblait faire partie de cette vaste famille. Je n’avais rien vu de pareil, et personne n’avait rien vu de tel en France de mémoire d’homme. L’expérience a prouvé que cette union n’était pas aussi intime qu’elle en avait l’air, et que les anciens partis et les différentes classes s’étaient plutôt rapprochés que confondus ; la peur avait agi sur eux comme aurait pu le faire une pression mécanique sur des corps fort durs, qui sont forcés d’adhérer entre eux tant que celle-ci continue, mais qui se séparent dès qu’elle se relâche.

Du reste, dans ce premier moment, je ne vis point la moindre trace de ce qu’on doit appeler, à proprement parler, des opinions politiques. On eût dit que le gouvernement républicain était devenu tout à coup, non pas seulement le meilleur, mais le seul qu’on pût imaginer pour la France ; les espérances et les regrets