mère maternelle. Je revins donc chez moi, en prenant par la rue du Bac, afin de savoir ce qu’était devenu Lamoricière qui demeurait alors dans cette rue ; ce ne fut qu’après m’avoir reconnu que les domestiques m’avouèrent que leur maître était au logis et consentirent à m’introduire près de lui.
Je trouvai cet homme singulier, dont j’aurai plus d’une fois à parler dans la suite, étendu sur son lit et réduit à une immobilité bien contraire à sa nature et à son goût. Sa tête était à moitié rompue ; ses bras, percés de coups de baïonnettes ; tous ses membres meurtris et perclus ; du reste, toujours le même, l’esprit allumé et le cœur indomptable. Il me raconta ce qui lui était arrivé la veille et les mille périls auxquels il n’avait échappé que par miracle. Je lui conseillai fort de se tenir en repos jusqu’à ce qu’il fût guéri et longtemps encore après afin de ne pas compromettre inutilement sa personne et sa réputation au milieu du chaos qui allait suivre ; conseils bons à donner sans doute à un homme si amoureux de l’action et si habitué à agir, qu’après avoir fait les choses nécessaires et utiles, il est toujours prêt à entreprendre les nuisibles et les dangereuses plutôt que de ne rien faire du tout, mais conseils bien peu efficaces comme la plupart de ceux qui prennent à rebours le naturel.
Je passai tout l’après-midi à me promener dans