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I

Mon jugement sur les causes du 24 février et mes pensées sur ce qui allait en sortir.

Voilà donc la monarchie de Juillet tombée, tombée sans lutte, en présence plutôt que sous le coup des vainqueurs, aussi étonnés de leur victoire que les vaincus de leurs revers. J’ai entendu plusieurs fois, depuis la révolution de Février, M. Guizot et même M. Molé et M. Thiers dire qu’il ne fallait attribuer cet événement qu’à une surprise et ne le considérer que comme un pur accident, un coup de main heureux et rien de plus. J’étais toujours tenté de leur répondre, ainsi que le misanthrope de Molière à Oronte :

Pour en juger ainsi, vous avez vos raisons ;