Page:Alexis de Tocqueville - L'Ancien Régime et la Révolution, Lévy, 1866.djvu/342

Cette page a été validée par deux contributeurs.

central fournissait une portion des fonds et dont il dirigeait en grande partie l’exécution ; mais le plus grand nombre étaient exécutés aux seuls frais de la province. Une fois que le roi avait approuvé le dessein et autorisé la dépense de ceux-là, ils étaient exécutés par des fonctionnaires que les États avaient choisis, et sous l’inspection de commissaires pris dans leur sein.

3o Enfin la province avait le droit de lever elle-même, et suivant la méthode qu’elle préférerait, une partie des impôts royaux et tous ceux qu’on lui permettait d’établir pour subvenir à ses propres besoins.

Nous allons voir le parti que le Languedoc a su tirer de ces privilèges. Cela mérite la peine d’être regardé de près.

Ce qui frappe le plus dans les pays d’élection, c’est l’absence presque absolue de charges locales  ; les impôts généraux sont souvent oppressifs, mais la province ne dépense presque rien pour elle-même. Dans le Languedoc, au contraire, la somme que coûtent annuellement à la province les travaux publics est énorme : en 1780, elle dépassait 2 millions de livres chaque année.

Le gouvernement central s’émeut parfois à la vue d’une si grande dépense ; il craint que la province, épuisée par un tel effort, ne puisse acquitter la part d’impôts qui lui revenait à lui-même ; il reproche aux États de ne point se modérer. J’ai lu un Mémoire dans lequel l’assemblée répondait à ces critiques. Ce que je vais en extraire textuellement peindra mieux que tout