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SUR LES MOEURS PROPREMENT DITES.

rait être sanglante ; mais elle ne serait pas longue ; car, ou l’armée révoltée attirerait à elle le gouvernement par la seule démonstration de ses forces, ou par sa première victoire, et la guerre serait finie ; ou bien la lutte s’engagerait, et la portion de l’armée qui ne s’appuierait pas sur la puissance organisée de l’état, ne tarderait pas à se disperser d’elle-même ou à être détruite.

On peut donc admettre comme vérité générale que dans les siècles d’égalité, les guerres civiles deviendront beaucoup plus rares et plus courtes[1].

  1. Il est bien entendu que je parle ici des nations démocratiques uniques, et non point des nations démocratiques confédérées. Dans les confédérations, le pouvoir prépondérant résidant toujours, malgré les fictions, dans les gouvernements d’état et non dans le gouvernement fédéral, les guerres civiles ne sont que des guerres étrangères déguisées.