de son pénible labeur, il songera à tout ce qu’il pourrait exécuter lui-même avec ce même salaire que vous jugez insuffisant, il se trouvera surpris et comme effrayé à la vue de tant de richesses.
Ajoutez à cela que le fonctionnaire secondaire est presque au niveau du peuple, tandis que l’autre le domine. Le premier peut donc encore exciter son intérêt, mais l’autre commence à faire naître son envie.
Ceci se voit bien clairement aux États-Unis, où les salaires semblent en quelque sorte décroître à mesure que le pouvoir des fonctionnaires est plus grand[1].
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Pour rendre cette vérité sensible aux yeux, il suffit d’examiner les
traitements de quelques-uns des agents du gouvernement fédéral. J’ai
cru devoir placer en regard le salaire attaché en France aux fonctions
analogues, afin que la comparaison achève d’éclairer le lecteur.
ÉTATS-UNIS MINISTÈRE DES FINANCES (treasury department) fr. L’huissier (messager) 3,734 Le commis le moins payé 5,420 Le commis le plus payé 8,672 Le secrétaire général (chief clerk) 10,840 Le ministre (secretary of State) 32,520 Le chef du gouvernement (le président) 135,000 FRANCE MINISTÈRE DES FINANCES Huissier du ministre 1,500 Le commis le moins payé 1,000 à 1,800 Le commis le plus payé 3,200 à 3,600 Le secrétaire général 20,000 Le ministre 80,000 Le chef du gouvernement (le roi) 12,000,000 J’ai peut-être eu tort de prendre la France pour point de comparaison. En France, où les instincts démocratiques pénètrent tous les jours davantage dans le gouvernement, on aperçoit déjà une forte tendance qui porte les Chambres à élever les petits traitements et surtout à abaisser les grands. Ainsi le ministre des finances qui, en 1834, reçoit 80,000 fr.,